La Chine va chercher en Afrique le tiers de son pétrole : en Angola, au Soudan et au Nigeria. Elle s'approvisionne en minéraux en Afrique du Sud, en Zambie et au Libéria. Et plus récemment, elle a investi massivement dans des terres agricoles africaines, notamment au Mozambique, où elle dépensera 800 millions de dollars américains pour moderniser l'agriculture locale. Mais la façon dont elle brasse des affaires inquiète ses critiques africains, qui parlent de néocolonialisme.

Les ententes qu'elle conclut créent peu d'emplois pour la population locale, peu de transferts technologiques et peu de bénéfices ou de redevances.

"Les Chinois ont tendance à arriver dans un pays avec leur équipement, leurs gestionnaires et leurs employés" explique Loïc Tassé, chargé de cours au Département de science politique de l'Université de Montréal.

"Ils n'ont pas intégré le principe de gagnant-gagnant", note Louis Duhamel, spécialiste de la Chine à la firme Secor. Mais ils commencent.

Une réputation qui n'est pas méritée

Selon Carl Rubenstein, responsable des études asiatiques au Center for Strategic and International Studies, leur mauvaise réputation n'est pas tout à fait méritée.

"Ils ont effacé des milliards de dette, construit des routes, des écoles, des hôpitaux" et "sans les investissements chinois en agriculture, beaucoup de terres ne seraient pas utilisées", fait-il valoir. Les Chinois font beaucoup de recherche en agriculture biotechnologique et sont en train de développer la culture du riz en Afrique.

Importer des céréales d'Afrique ?

Pour l'instant, il n'est pas question - ni rentable - d'importer en Chine les céréales cultivées en Afrique, souligne M. Rubenstein, tout en ajoutant qu'il est peut-être naïf de penser que cette stratégie serait exclue en cas de famine. La Chine compte 1,3 milliards d'habitants, mais seulement 7 % des terres arables de la planète.

suzanne.dansereau@transcontinental.ca