Les penseurs du numérique mettent de la pression sur le gouvernement

Publié le 03/11/2012 à 00:00, mis à jour le 01/11/2012 à 09:45

Les penseurs du numérique mettent de la pression sur le gouvernement

Publié le 03/11/2012 à 00:00, mis à jour le 01/11/2012 à 09:45

Fatigués du manque de vision face à l'économie numérique, une douzaine de penseurs du secteur se sont associés pour concevoir les fondements d'un Plan numérique pour le Québec, qu'ils rendront public au cours des prochains jours à Montréal, a appris Les Affaires.

Ce plan pourrait servir de moteur de croissance et de projet de société, tout en favorisant l'assainissement des dépenses publiques en TI.

«Je me demande comment le gouvernement pourrait justifier de ne pas embarquer dans ce qu'on va proposer», dit Jean-François Gauthier. Directeur exécutif et conseiller stratégique chez Loran technologies, et ancien conseiller politique sous Bernard Landry et Lucien Bouchard, c'est lui qui a eu l'initiative du comité bénévole, formé au début du mois de septembre. Le comité compte d'éminents spécialistes : entre autres, Hervé Fischer, professeur et cofondateur de la Cité des arts et des nouvelles technologies de Montréal ; Michelle Blanc, experte en commerce électronique et médias sociaux ; Sylvain Carle, cofondateur de Needium ; Claude Malaison, propriétaire d'Émergence Web ; et Michel Cartier, un des pionniers qui ont participé à l'implantation d'Internet.

Jean-François Gauthier, fondateur de Démocratie ouverte, écrira la partie du document portant sur le gouvernement ouvert ; la meilleure façon selon lui de s'assurer de la gestion honnête et efficace des projets informatiques ou autres. «J'ai trouvé aberrant qu'on parle de collusion dans la campagne électorale sans qu'on parle de publication de données pour régler le problème, s'étonne M. Gauthier. Le jour où tu publieras sur le Web les informations sur les contrats, il n'y en aura plus beaucoup de collusion. Quand tu allumes les lumières, les coquerelles s'en vont.»

La publication des données, rendue facile par les outils Web créés ces dernières années (infonuagique, services Web, logiciel libre), permettrait aussi à chacun de connaître les meilleures pratiques et de s'en inspirer.

«Une émulation se crée, parce que les gens se parlent pour voir comment se produisent les réussites des autres», soutient M. Gauthier.

L'opacité règne toujours

En mai, Québec s'était publiquement engagé à prendre la voie du gouvernement ouvert, promettant de rendre accessible en continu, à la manière du gouvernement de Barack Obama, toutes les informations sur la conclusion des contrats, les noms des responsables, ainsi que les données sur l'évolution et les coûts des projets.

La transparence est toutefois restée une promesse. L'opacité règne encore, comme l'a constaté Les Affaires. Le tableau de bord des ressources informationnelles est apparemment mis à jour deux fois par an, et ce qui est indiqué comme étant le coût initial d'un projet est souvent, selon le Syndicat de la fonction publique et parapublique du Québec, un coût révisé, après de multiples dépassements, dont on ne peut suivre l'évolution.

Les noms des entreprises responsables des projets, tout comme ceux des gestionnaires, restent secrets. Et même quand les dépassements de coûts sont énormes et que l'échéancier est retardé, le code vert s'applique presque toujours. Des voyants rouges étaient prévus, mais ils ne sont guère utilisés.

Maigre consolation, ce tableau de bord a été réalisé à faible coût grâce au logiciel libre. C'est une des rares initiatives du gouvernement québécois en ce sens. À l'inverse, le gouvernement Charest a discrètement autorisé le printemps dernier le renouvellement du contrat des logiciels de Microsoft pour 738 000 postes de travail, une dépense de plus d'un milliard de dollars.

Le logiciel libre aurait toutefois permis des économies substantielles. La France, qui s'est engagée dans cette voie, y a trouvé sa solution d'avenir. En septembre, le premier ministre Jean-Marc Ayrault indiquait dans une circulaire que l'usage des logiciels libres dans une direction ministérielle a permis de diviser par 10 les coûts de fonctionnement des applicatifs.

valerie.lesage@tc.tc

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