Moins de chantiers en 2009

Publié le 28/02/2009 à 00:00

Moins de chantiers en 2009

Publié le 28/02/2009 à 00:00

Alors que l'Ouest canadien est aux prises avec une baisse de 17 % dans le secteur de la construction, il semble bien que le Québec n'échappera pas à la tourmente.

Selon les plus récentes données mensuelles publiées par la Société canadienne d'hypothèques et de logement (SCHL), le nombre de mises en chantier a baissé de 18 % au Québec au cours du mois de janvier, la région de Québec enregistrant le plus fort recul.

Mais cette situation n'inquiète pas outre mesure la Commission de la construction du Québec (CCQ), qui prévoit cette année la construction de 42 000 unités d'habitation, comparativement à 47 901 en 2008, soit une baisse de 12 %. Cette prévision est identique à celle de l'Association professionnelle des constructeurs d'habitations du Québec pour 2009.

"Depuis quelques années, on a trop construit au Québec. Il y a trop d'habitations pour la demande et on s'attend à un réajustement", dit Louis Delagrave, économiste à la CCQ. La conjoncture sera également moins favorable en termes d'emplois, les mises à pied se multipliant en période de récession. "Mais on n'appréhende pas de catastrophe non plus", nuance M. Delagrave.

En effet, les prévisions démographiques sur lesquelles s'appuie l'industrie de la construction pour évaluer la demande sont positives. Alors que 35 000 nouveaux ménages se forment dans une année typique, l'augmentation des naissances et de l'immigration permet d'envisager l'apparition de 42 000 ménages en 2009, d'après M. Delagrave. "Il y a encore beaucoup de pain sur la planche pour les constructeurs, lance-t-il. Du côté locatif, les taux d'occupation sont relativement bas, soit 2,2 % en 2008, ce qui fait que le marché résidentiel reste sain."

"La construction s'est bien portée en 2008, avec une baisse d'à peine 1 % des mises en chantier par rapport à 2007", dit Hélène Bégin, économiste principale au Mouvement Desjardins. Mais la crise économique provoquera forcément un ralentissement en 2009.

Jusqu'ici, cependant, la construction domiciliaire a très bien résisté au Québec. L'année 2009 devrait être relativement bonne comparée aux années de récession du début des années 1990, où il ne s'était construit que de 25 000 à 30 000 logements en plein coeur de la déprime.

Des lunettes roses ?

Cet optimisme est cependant loin d'être partagé par tous. Constatant que la demande s'estompe, Sébastien Lavoie, économiste chez Valeurs mobilières Banque Laurentienne, croit plutôt que le nombre de mises en chantier baissera de 20 % en 2009, à 38 000, du jamais vu depuis 2001. "La confiance des ménages est au plus bas et l'emploi n'est plus ce qu'il était. La hausse du taux de chômage et l'augmentation du prix des maisons en comparaison du coût d'un loyer feront en sorte qu'on entendra beaucoup moins de coups de marteau", soutient-il. D'après lui, aucune région n'échappera à la baisse.

Inévitablement, les propriétés les plus chères et les maisons unifamiliales écoperont, un mouvement déjà amorcé en 2008. En effet, la vente de maisons individuelles a chuté de 5,6 % en 2008, alors que la construction de maisons jumelées et de copropriétés, notamment, a grimpé de plus de 21 % l'an passé.

Quant au marché des immeubles de logements locatifs pour personnes âgées, dont la construction a connu un boom, il est saturé dans plusieurs zones. "La baisse a été de 17 % en 2008 et on s'attend à ce qu'elle s'accélère cette année, vu que les baby-boomers achètent encore des copropriétés et des chalets."

À la Financière Banque Nationale, l'économiste principal Marc Pinsonneault croit que la propension des constructeurs à bâtir plus de condos et d'appartements que de maisons individuelles s'estompera. La proportion de mises en chantier de copropriétés et d'appartements continuera tout de même d'augmenter, assure-t-il, mais moins rapidement.

dossiers@transcontinental.ca

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