Un coup de marteau dans l'eau

Publié le 28/02/2009 à 00:00

Un coup de marteau dans l'eau

Publié le 28/02/2009 à 00:00

Les programmes de rénovation domiciliaire annoncés par Québec et Ottawa sont réjouissants, mais ils ne suffiront pas à inciter un grand nombre de propriétaires à rénover, selon les experts.

Ces mesures pourraient cependant contribuer à réduire le travail clandestin dans le secteur de la construction.

"Ils ont un double objectif : celui de stimuler l'économie et de récupérer les recettes fiscales perdues en raison du travail au noir. C'est en effet dans la construction et la rénovation qu'on trouve le plus important bassin de travailleurs au noir au Québec", soutient Hélène Bégin, économiste principale au Mouvement Desjardins.

Jacques Delorme, porte-parole du ministère des Finances du Québec, a nié que cet aspect ait été considéré dans la mise en place du programme. Reste que le travail au noir dans le secteur de la construction représente encore aujourd'hui de 13 à 14 % de l'activité économique et prive le gouvernement de recettes fiscales de 872 millions de dollars, selon les données officielles. Même si ces allégements fiscaux constituent de bonnes nouvelles en soi, Sébastien Lavoie, économiste principal chez Valeurs mobilières Banque Laurentienne, doute fort que cela incitera les propriétaires à mettre en oeuvre de nouveaux projets.

"On s'attend à ce que seulement 10 % des 60 % de propriétaires se prévaudront du programme, soit un très petit nombre d'individus", dit-il.

Comme le montant total du crédit pourra s'élever à 2 627 $ pour une rénovation de 15 000 $, le programme donnera un coup de pouce aux gens qui avaient déjà l'intention de faire des travaux de rénovation, pense toutefois Normand Verville, spécialiste en fiscalité et en planification financière au Groupe Investors. "Cela représente 17,5 % du total des dépenses, ce qui n'est pas négligeable", précise-t-il.

Mais dans un contexte où la confiance des ménages est au plus bas face à l'emploi, les deux programmes gouvernementaux n'auront qu'un faible impact, d'après Marc Pinsonneault, économiste principal à la Banque Nationale. "Cela n'incitera pas ceux qui n'avaient pas l'intention de faire des rénovations", dit-il.

De la poudre aux yeux

Pour la Corporation des propriétaires immobiliers du Québec (CORPIQ), ce programme n'est que de la poudre aux yeux. "Ce n'est pas ça qui va relancer l'économie ! Ce n'est qu'un petit bonbon, alors que la restauration du parc immobilier québécois exigerait des investissements de 5 milliards de dollars. En plus, cela ne règle pas le problème de liquidité des propriétaires", lance Hans Brouillette, porte-parole de l'association.

dossiers@transcontinental.ca

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