Le "privé", c'est le nouveau Bonhomme Sept Heures

Publié le 28/08/2010 à 00:00

Le "privé", c'est le nouveau Bonhomme Sept Heures

Publié le 28/08/2010 à 00:00

Je le confesse : je travaille pour une entreprise privée. Ma crédibilité s'en trouve donc entachée, je présume, puisque je représente des intérêts occultes prêts à toutes les manipulations pour faire main basse sur le bien public.

D'accord, il s'agit d'une grossière caricature. Mais dans certains milieux, on continue à accoler des images sataniques au secteur privé afin de convaincre l'opinion publique. Regardez ce qui se passe avec le projet de transformation du ministère du Revenu du Québec, qui pousse le Syndicat de la fonction publique du Québec (SFPQ) à monter aux barricades. Québec veut convertir le ministère en une agence, comme Ottawa l'a fait il y a une dizaine d'années. Pourquoi ? Question d'efficacité dans la perception des sommes dues et autres technicalités, paraît-il. Je ne m'y connais pas vraiment, et je ne me prononcerai pas sur l'utilité de cette conversion.

Cette question vous laisserait sans doute indifférent, si ce n'était que le SFPQ vient de partir en guerre. Craint-on de perdre des membres ? En tout cas, il a été décidé de s'opposer à l'initiative gouvernementale. Mais comme ce n'est pas le sujet le plus brûlant de l'actualité, il serait difficile d'ameuter les citoyens en faisant valoir les risques liés à des changements administratifs. Par contre, si on évoque des mains diaboliques prêtes à fouiller dans leurs déclarations de revenus...

Voici donc la stratégie, soutenue par un battage publicitaire déclenché depuis quelques jours :

1. La création d'une agence vise à ouvrir la porte au privé.

2. Le secteur privé n'est pas fiable et ses émissaires vont s'emparer de nombreux renseignements confidentiels.

3. Il faut s'opposer aux visées malhonnêtes du secteur privé, donc aux intentions du gouvernement.

Vous suivez ? À défaut d'arguments solides, il suffit de faire peur au monde.

A-t-on eu vent d'un complot quelconque ? Des sociétés louches ont-elles conclu un pacte avec les politiciens ? Les dirigeants du SFPQ admettent qu'ils n'ont pas de preuve de conflits d'intérêts, "mais le risque existe".

À ce que je sache, Vincent Lacroix, de Norbourg, n'a pas eu besoin d'une agence pour avoir des entrées au ministère voisin, celui des Finances; et par le passé, il y a eu du coulage au ministère du Revenu. Des fonctionnaires ont été sanctionnés. Désolé, la nature humaine étant ce qu'elle est, aucune formule n'est parfaite.

Le débat actuel vole bien bas. C'est devenu le propre de cette chère "société distincte" : pour marquer un point, on agite des épouvantails. Le Bonhomme Sept Heures de notre époque, c'est le "privé"...

La brutalité d'une énergie douce

L'énergie éolienne, c'est pur et noble. C'est beau. Sauf si vous habitez à proximité de monstres d'une hauteur de 150 mètres, l'équivalent de la Place Ville-Marie.

La Kahnawake Sustainable Energies doit installer huit de ces tours gigantesques près de Saint-Cyprien de Napierville et de Saint-Bernard-de-Lacolle, au sud de Montréal. Le projet a été accepté dans le cadre du volet autochtone du dernier appel d'offres d'énergie éolienne d'Hydro-Québec. Qu'il soit ou non situé en territoire autochtone n'a aucune importance.

Le projet fait frissonner les citoyens, d'autant plus qu'ils ont été mis devant le fait accompli. Ils s'inquiètent de l'empiètement sur le territoire, de la construction d'une ligne de transmission, des risques possibles liés aux champs électromagnétiques... Ils sont dans le flou et les réponses arrivent au compte-gouttes.

Justement, le Globe and Mail faisait état le 23 août d'une étude commandée par le gouvernement ontarien sur l'impact du bruit engendré par les grandes éoliennes. Sont-elles si inoffensives qu'on le dit ?

C'est là l'envers de la médaille, un important enjeu environnemental dont il faut débattre. Mais ne comptez pas sur Greenpeace, Nature-Québec et autres groupes pour se porter à la défense des collectivités concernées. Pour ces organismes, les ennemis, ce sont les industries minière, forestière et hydroélectrique. Les éoliennes, c'est tout bon, et ses opposants n'ont rien compris. Aucun de ces ténors verts n'a fait signe aux gens des villages en question, qui ne sont pas les seuls à s'inquiéter : dans la région de Saint-Ferdinand-d'Halifax, près de Thetford Mines, le Parc éolien de L'Érable est lui aussi controversé.

À quand une intervention des champions de l'environnement ?

rene.vezina@transcontinental.ca

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