Bernard Mooney : Quatre drapeaux rouges

Publié le 26/11/2010 à 10:04

Bernard Mooney : Quatre drapeaux rouges

Publié le 26/11/2010 à 10:04

Blogue. Dans ma chronique de cette semaine dans le journal, je décris des indicateurs fournis par les états financiers pour identifier à l’avance les titre dangereux.

Or, il n’y a pas que les états financiers qui peuvent vous envoyer des signaux d’alarme. En effet, les investisseurs devraient être sur leurs gardes au moins dans ces quatre situations :

1- Méfiez-vous des acquéreurs en série

Les entreprises qui multiplient les acquisitions sont dangereuses à plus d’un point de vue. D’abord, intégrer des entreprises est compliqué et risqué. De plus, une seule mauvaise acquisition peut pousser une société à la banqueroute, annulant l’enrichissement des nombreuses transactions précédentes. Enfin, des acquisitions nombreuses ouvrent la porte aux malversations comptables chez les directions plus ou moins honnêtes.

 2- Méfiez-vous des sociétés qui battent toujours les prévisions des analystes

Howard Schilit, dans son excellent et incontournable livre Financial Shenanigans: How to Detect Accounting Gimmicks & Fraud in Financial Reports (un livre à lire absolument si vous êtes un investisseur sérieux; sinon, vous êtes sur le mauvais blogue) conseille ainsi de faire attention aux dirigeants qui veulent gagner à tout prix et qui veulent surpasser les prévisions des analystes à chaque trimestre. « Une telle culture peut mener à des pratiques comptables agressives et peu conservatrices », explique-t-il. Par exemple, Richard Scrushy, président et chef de la direction de HealthSouth, société médicale spécialisée dans la réhabilitation, disait à ses dirigeants de « réparer cela », lorsque les profits étaient inférieurs aux attentes. Autrement dit, tripoter les états financiers pour arriver à battre les prévisions des analystes.

3- Méfiez-vous de l’endettement en hausse

Ce qui commence petit et facile à gérer peut être fort problématique lorsque le contexte économique change. Ainsi, faites attention aux entreprises dont l’endettement augmente trimestre après trimestre, année après année. Avoir des dettes n’est pas un problème en soi. Par contre, si l’endettement croît plus vite que les revenus et les profits, inévitablement cela causera des problèmes.

4- Méfiez-vous des sociétés qui prennent des charges gigantesques

Les sociétés qui prennent des charges importantes pour dévaluer des actifs seront tentées de créer des réserves et d’utiliser ces dernières pour gonfler leurs profits dans les trimestres à venir. Par exemple, en avril 2001, le géant de la réseautique Cisco Systems a pris une radiation de 2,8 milliards de dollars américains (G$ US) liée à ses stocks.

La direction expliquait qu’elle n’avait pas l’intention de vendre les produits dévalués. Or, elle ne jetait pas pour autant ces produits et contrairement à ce qu’elle avait mentionné, à son premier trimestre de 2002, elle a admis avoir vendu de ces produits dévalués, ce qui a gonflé sa rentabilité artificiellement.

Des sociétés comme Lucent Technologies et Nortel Networks ont également pris des charges gigantesques avant de sombrer dans le déclin.

C'est encore pire lorsque les sociétés le font à répétition.

Bernard  Mooney

 

Blogues similaires

Canada Goose : le coup de froid

Édition du 26 Janvier 2019 | François Pouliot

CHRONIQUE. Le Canada a bon nom Ă  l'Ă©tranger. Utilisons-le pour tenter de donner du levier Ă  nos produits. Bonne ...

Shopify: prochaine victime de la malédiction boursière canadienne?

BLOGUE INVITE. Shopify est-elle différente des Nortel, Research in Motion, Valeant, Barrick Gold et autres?

Encore trop tôt pour sauter dans l’arène

Édition du 14 Juin 2023 | Dominique Beauchamp

ANALYSE. Les banques canadiennes pourraient rester sur le banc des pénalités quelque temps encore.