Comment Dell trompait les investisseurs

Publié le 23/07/2010 à 10:13

Comment Dell trompait les investisseurs

Publié le 23/07/2010 à 10:13

Blogue. Dell paiera 100 M$ US à la Securities and Exchange Commission (SEC), la commission des valeurs mobilières américaine, pour régler des accusations de fraude comptable.

En lisant le communiqué de la SEC décrivant l’entente hors-cour et ce qu’on reproche à Dell, on comprend un peu mieux comment ça se passe vraiment dans le monde des affaires.

Dell recevait des paiements secrets d’Intel que cette dernière versait uniquement pour ne pas que Dell utilise les puces d’Advanced Micro Devices (AMD).

Et Dell utilisait ces versements pour atteindre ses objectifs de profits, vous savez ces cibles fixées par les analystes qui servent à mousser les titres en Bourse à court terme.

Ces versements ne sont pas illégaux. Ce qui est illégal, c’est que Dell ne les a pas divulgués.

Cela s’est passé pour les exercices 2002 à 2006. « Sans les paiements d’Intel, Dell n’aurait pas atteint les prévisions de profits par action des analystes pour chaque trimestre pendant cette période », explique la SEC.

Ces « versements d’exclusivité » sont passés de 10 % de ses profits d’exploitation en 2003 à 38 % en 2006 et ont atteint un sommet à 76 % dans le premier trimestre de l’exercice 2007. Ils étaient donc très significatifs.

Or, au deuxième trimestre de 2007, après que Dell ait annoncé son intention d’utiliser les puces d’AMD, Intel a cessé ses versements. Ses profits d’exploitation ont donc fortement baissé pendant ce trimestre. Et la SEC reproche à Dell de n’avoir pas divulgué la véritable raison de sa baisse de rentabilité.

Lors de son appel conférence suivant la publication des résultats, la direction de Dell a expliqué la baisse des profits d’exploitation par sa politique de prix agressive dans un marché où la demande fléchissait.

De plus, selon la SEC, Dell aurait utilisé des réserves comptables pour encore une fois couvrir les manques à gagner opérationnels pour les exercices 2002 à 2005.

Dell a réglé les accusations sans admettre sa culpabilité. Michael Dell, président du conseil, paiera une amende de 4 M$ US et deux autres dirigeants paieront 4 M$ US et 3 M$ US.

Il y a peut-être là le début d’une solution. En effet, lorsqu’une entreprise est ainsi accusée, le plus souvent la pénalité est payée à même ses coffres. Cela double la punition du point de vue des actionnaires qui paient pour les stupidités de leurs dirigeants.

Par contre, lorsque c’est le président qui paie avec son propre argent, il me semble que ça doit faire plus mal (la société a confirmé que les dirigeants paieraient avec leur propre argent).

Toutefois, si on considère que Michael Dell est milliardaire, il faudrait une pénalité de 200-300M$ US pour vraiment le faire réfléchir….

Bernard Mooney

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