Réponse à Kingcal : Actions et obligations VS Commodités et énergie.

Publié le 09/01/2011 à 12:31

Réponse à Kingcal : Actions et obligations VS Commodités et énergie.

Publié le 09/01/2011 à 12:31

Par Paul Dontigny Jr

Blogue.  Cet article est une réponse à la question de kingcal4 sur ma chronique vidéo au sujet des rendements des actions vs obligations.  Il demande une comparaison avec les commodités et l'énergie.  Je vous donne une réponse qualitative et au sujet de ce qui se passe aujourd'hui dans ces secteurs à mon avis.  

Cher Kingkal4, d'après certaines études sérieuses sur les rendements passés à long terme, études notamment faites par les gestionnaires des caisses de retraite de l'université Laval (si ma mémoire est bonne), l'ajout de commodités au portefeuille réduit la volatilité annuelle ainsi que la volatilité sur quelques années, mais ne réduit pas le rendement potentiel à long terme. 

Le problème ici en est un du choix du véhicule d'investissement (car on ne parle pas ici des actions de compagnies de commodités).  Comment acheter du pétrole ou du bois, ou des matières périssables comme le blé ?  Il y a maintenant certains fonds transigés en bourse mais le manque e véhicules d’investissement en commodités  demeure un problème à l’institutionnel et encore plus pour l’investisseur individuel.  Attention aux frais aussi et aux produits qui ont une échéance dans quelques années.  Les avantages de cette diversification sont meilleurs plus la période est longue. Il y a aussi des hypothèses de rebalancement qui font toute la différence. 

L’ajout de commodités dans ce cadre de référence est que question de politique de placement (horizon de 20 ans+) et non une question de stratégie.

D'autre part, la volatilité cyclique des commodités peut être énorme et la volatilité à court terme encore plus.  Je suggère aussi (sans preuves exactes mais d'après plusieurs analyses ou commentaires récents), qu'il y a aujourd’hui le même genre de bulle spéculative dans l'ensemble des commodités qu'il y a eu dans le pétrole à 150$ : une bulle créée par les spéculateurs (incluant firmes de courtage et banques + hegdge funds et fonds souverains) dans les commodités (incluant tout ce qui est "food"). 

Ce genre de bulles se termine lorsque les investisseurs traditionnels comme les caisses de retraite et individus, se sentent obligés d’ajouter l’actif en état de bulle à leur portefeuille.  Les spéculateurs se font un plaisir de le leur permettre en créant toutes sortes de véhicules d’investissement qui incorporent les dits actif.  En milieu ou en fin de bulle, on voit typiquement les caisses de retraite ajouter des actifs à leur politique d’investissement et on voit les individus se faire offrir des fonds mutuels, notes, produits assurés, fonds privés, etc. qui permettent de participer dans les actifs en bulle.  Ceci permet aux spéculateurs de trouver des acheteurs à qui vendre les actifs surévalués qu’ils ont accumulés, sans faire baisser les prix.  C’est la gestion active de demande.  Cette gestion inclut aussi une vague d’études, analyses et preuves diverses que l’actif en question ne peut faire autrement que monter en prix.  Lorsque le pétrole était à 150$, o aurait pu croire qu’il n’y avait presque plus de pétrole sur la terre (comme en 1981 ou 82).  Portant le pétrole est retombé de plus de 50% (plus de 75% après 1982 environ 15 ans plus tard). 

Les bulles sont toujours possibles lorsqu’il y a une justification difficile à réfuter. 

Bulle des technos-Internet : croissance illimitée et impossible à calculer qui changera le monde entier.  Bulle boursière : nouvelle économie. 

Bulle de commodités : Chine, Inde et Brésil, etc vont tout acheter à des prix toujours plus cher pendant des décennies..

Bulle des commodités reliées à la nourriture : Il y a des pénuries et quelques milliards de plus d’humains qui vont manger de plus en plus, aussi pendant des décennies.

Les facteurs mentionnés à titre de justification des hausses de prix sont VRAIS et ils existent vraiment.  C’est le lien entre l’existence de ces facteurs et la hausse de prix immédiate et exagérée qui est FAUX.  Par exemple, peut-être que le prix du pétrole devrait être à 45$ au lieu 18$ comme il était il n’y a pas si longtemps.  Mais il ne devrait peut-être pas être entre 80$ et 150$ parce qu’il y aura peut-être une pénurie réelle dans 15 an.  Surtout que historiquement, à cause de la technologie et des nouveaux gisements découverts, la quantité de pétrole disponible n’a cessé d’augmenter depuis plus de 100 ans.  Les « peak oil » ont été remplacés par des estimés d réserves qui ont toujours augmenté.  Un peu comme la dette …

Notez finalement, que la plupart des bulles qui durent longtemps sont caractérisés par une marché d’oligopole, de monopole ou de cartel (incluant Wall Street et les bulles financières).  Les grandes entreprises ou associations diverses supportent souvent les bulles avec leurs rapports et analyses démontrant que les hausses de prix sont justifiés.  Il est difficile de séparer manipulation de croyance réelle, car comme je l’ai dit, il y a habituellement une histoire sous-jacente qui semble très logique et crédible et qui n’est pas facilement réfutable.  L’important n’est pas de savoir s’il y a manipulation ou simplement ignorance à cause de la nouveauté ou de la complexité du sujet.  L’important est d’évaluer s’il y a excès spéculatif.  Une des caractéristiques décisives à cet effet peut être identifiée assez facilement :  est-ce que les acheteurs des titres ou actifs en état de bulle devraient normalement acheter ce type de titres et le font-ils avec de la dette (ou marge, ou divers produits procurant un effet de levier).  Si la réponse est qu’ils achètent des actifs qui ne devraient pas leur convenir OU qu’ils achètent avec du levier ou de la dette, alors il y a bulle.

La fin de cette bulle de commodités est proche à mon avis, probablement en 2011 ou peut-être en 2012.  En effet, les républicains réclament déjà une règlementation contre ce genre de spéculation à l'aide de limites dans les marges et un contrôle plus serré dans l’utilisation de produits dérivés et de dette.  Des limites dans la quantité de produits dérivés pourraient aussi être introduites : par exemple, peut-on autoriser plus de contrats à terme sur le blé, ou sur les obligations, qu’il n’y a de blé ou d’obligations existantes en circulation ? Présentement, certains spéculateurs n'ont à toutes fins pratiques presqu'aucune marge requise dans certains types de transactions à l'intérieur de swaps…

C’est ce qui a mis fin à la bulle de pétrole créée essentiellement par les spéculateurs qui utilisaient les contrats à terme et autres produits dérivés.  En ce moment, la quantité de contrats à terme dans les commodités se toutes sortes atteignent de nouveaux records.  J’ai beaucoup de difficulté à m’expliquer qu’une caisse de retraite ou un individu voudrait acheter du pétrole, des « pork bellies » ou du blé.  De toute évidence, il s’agit là d’une spéculation sur le prix car ils n’ont certainement pas l’intention de se les faire livrer … right ???

Paul Dontigny Jr, M.Sc., CFA

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