L'économie va (trop) bien

Publié le 25/04/2023 à 11:00

L'économie va (trop) bien

Publié le 25/04/2023 à 11:00

Le taux de chômage, qui est de 5% au Canada et de 4,2% au Québec, demeure encore aujourd’hui près de son creux historique. (Photo: 123RF)

EXPERT INVITÉ. L’économie canadienne va bien, trop bien même! À preuve: la Banque du Canada a dû revoir à la hausse sa prévision de croissance de l’activité économique pour le premier trimestre de 2023, qui était de 0,5%. Elle estime maintenant que le rythme d’augmentation du PIB pour les trois premiers mois de l’année atteindra 2,3%. Même si elle s’attend à ce que l’activité économique ralentisse d’ici la fin de l’année, elle prévoit néanmoins une croissance du PIB de 1,4% pour 2023, comparativement à 3,4% l’an dernier. 

Pourtant, il y a six mois à peine, rappelons-nous, les inquiétudes étaient telles que la banque et de nombreux experts brandissaient le spectre d’une récession, bien que légère, pour l’année en cours. Il faut bien sûr se réjouir de la bonne tenue de l’économie. Mais cela signifie aussi qu’il est ainsi plus difficile de ramener le taux d’inflation dans sa fourchette cible de 1 à 3%. 

Le marché du travail reste en effet tendu. Le taux de chômage, qui est de 5% au Canada et de 4,2% au Québec, demeure encore aujourd’hui près de son creux historique. La croissance de l’emploi a même été plus forte que prévu au premier trimestre avec la création de plus de 200 000 emplois au pays. De plus, la progression des salaires reste encore trop élevée avec des augmentations qui se situent dans une fourchette variant de 4 à 5%.

 

Nouvelle hausse de taux?

Résultat? La banque n’écarte pas la possibilité si nécessaire de relever à nouveau son taux directeur, après l’avoir maintenu à 4,5% à la mi-avril, afin de pouvoir atteindre ses objectifs de restaurer une plus grande stabilité des prix et ainsi amener de nouveau l’inflation à la cible de 2%. Et ce, même si elle s’attend à ce que l’inflation continue sa descente jusqu’à environ 3% au cours des mois d’été. 

La Banque du Canada ne devrait toutefois pas en arriver là. D’abord, parce que même si l’économie canadienne maintient sa vigueur en continuant d’afficher une demande excédentaire, l’inflation poursuit rapidement sa descente. L’indice des prix à la consommation a en effet atteint en mars dernier son plus bas niveau en 19 mois, à 4,3%, après avoir culminé à

8,1% en juin 2022. Mieux encore: l’inflation a bondi de seulement 2,09% ces trois derniers mois, et de 1,3% depuis six mois. Voilà bien un signe que la stratégie adoptée il y a un an par la banque centrale, avec de fortes hausses successives des taux d’intérêt, porte ses fruits.

De plus, il faut s’attendre à ce que le marché du travail perde de sa vigueur. L’afflux massif de plus de 800 000 nouveaux arrivants et travailleurs étrangers temporaires au pays au cours des deux dernières années vient en effet atténuer grandement les pressions sur le marché du travail et les salaires. Autre constat: les exportations faiblissent, de même que les investissements des entreprises, ce qui devrait donc ralentir l’activité économique et diminuer les risques d’une nouvelle hausse des taux d’intérêt.

La lutte contre l’inflation n’est certes pas terminée, mais on continue assurément d’aller dans la bonne direction.

À propos de ce blogue

Pierre Cléroux est vice-président à la recherche et économiste en chef de la Banque de développement du Canada.

Pierre Cléroux

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