Bourse : les investisseurs ne sont pas sortis du bois

Publié le 10/05/2010 à 16:37

Bourse : les investisseurs ne sont pas sortis du bois

Publié le 10/05/2010 à 16:37

Photo: Bloomberg.

La baisse rapide et vertigineuse des indices boursiers jeudi dernier et leur hausse presque aussi subite aujourd'hui annonce une nouvelle période de turbulence sur les marchés, disent des experts. Les investisseurs feraient bien d’en prendre note s’ils veulent éviter de voir la valeur de leur portefeuille redescendre au niveau du début 2009, en paniquant injustement.

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Pour Vital Proulx, président de Hexavest Gestion d’actifs, il faut s’attendre à une période de turbulence nouvelle qui va tester la discipline des épargnants. Ce qui s’est passé jeudi, où le Dow Jones a cédé presque 1000 points en une heure, est important, même si on en vient à conclure qu’il s’agissait d’un problème informatique. «Ce que ça dit aux investisseurs, c’est qu’ils peuvent perdre une partie importante de leur portefeuille en très peu de temps, à n’importe quel moment ou presque», souligne-t-il.

Il en résulte une nervosité beaucoup plus grande de la part des investisseurs qui pourraient être tentés de liquider leurs positions sur le coup de l’émotion. Inversement, ils pourraient être tentés d’acheter sans réfléchir, au lendemain d’une journée positive.

M. Proulx explique la volatilité nouvelle par l’existence conjointe de deux phénomènes contradictoires dans l’économie. D’une part, l’économie cyclique témoigne d’une reprise robuste depuis le début de l’année. Les profits trimestriels des entreprises dépassent de loin les attentes des analystes et la croissance du PIB au Canada, aux Etats-Unis et ailleurs est également en forte progression.

D’autre part, sur le plan structurel, la situation continue de se dégrader à vive allure, comme en témoigne la crise de l’endettement en Grèce. À court terme, le pire a été évité grâce au plan de sauvetage annoncé aujourd’hui, mais à long terme rien n’a réellement été réglé. «On a résolu la crise de l’endettement en Grèce par encore plus d’endettement», explique M. Proulx, en référence aux 1000 milliards que viennent d’engager le FMI et l’Union européenne pour sauver le système financier européen.

Sans être dans le clan des grands pessimistes qui anticipent un nouvel effondrement de la Bourse, M. Proulx prévoit que les marchés boursiers pourraient connaître des difficultés en raison du processus de désendettement des États qui est inévitable dans un horizon à moyen terme. La croissance sera freinée par les plans d’austérité adoptés un peu partout.

«Nous prévoyons que 2011 sera une année difficile», dit M. Proulx. Quand il investit en ce moment, il préfère investir sur le marché américain où la reprise est visible et où les problèmes les plus graves semblent s’être résorbés.

Le son de cloche est similaire chez Patrick Proulx, gestionnaire de portefeuille chez Globevest Capital. M. Proulx trouve qu’il y a des parallèles à faire entre la situation actuelle et ce qui s’était passé aux Etats-Unis à l’automne 2008. C’est alors que les difficultés de Lehman Brothers et d’autres institutions financières avaient amené les autorités à intervenir pour sauver le système financier.

Dans un premier temps, cette réaction avait rassuré les marchés, qui avaient cependant replongé quelques mois plus tard.

Pour M. Proulx, il n’est pas à exclure que ce scénario se reproduise. La Bourse pourrait-elle perdre à nouveau 25 ou 30%? «C’est un risque significatif même si ce n’est pas probable», répond M. Proulx, qui table sur un scénario où la Bourse fait du sur-place sur un an, tout en étant très volatile entre-temps.

Le gestionnaire rappelle que la crise ne sera pas résolue magiquement et qu’on a tout simplement mis un «pansement sur une grosse plaie».

Pour réduire le risque d’investissement, M. Proulx recommande l’achat d’options de vente où on s’engage à possiblement acheter un titre pour un certain montant en retour d’une prime versée immédiatement. Dans le cas d’Intel, par exemple, la prime atteint environ 15% si on s’engage à accepter d’acheter le titre en janvier 2012 à un cours de 15 à 20% inférieur au cours actuel.

De telles options limitent le potentiel haussier dans un portefeuille mais aussi le potentiel baissier, explique M. Proulx. En effet, si Intel ne fléchit pas et que le vendeur de l’option de vente ne l’exerce pas, on fait 15%. Par contre, si le titre fléchit beaucoup, la prime versée procure un coussin qui réduit les pertes pour l’acheteur de l’option d’achat.

«Dans le contexte actuel, le rapport risque-rendement de certaines options de vente est bien supérieur à celui d’actions traditionnelles», mentionne-t-il. De façon générale, M. Proulx prédit cinq à dix années de vache maigre pour la Bourse en raison de l’endettement massif des pays qui prendra du temps à se résorber.

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