Douze titres qui ont (encore) du potentiel

Publié le 04/05/2010 à 13:53

Douze titres qui ont (encore) du potentiel

Publié le 04/05/2010 à 13:53

Stephen Gauthier, François Rochon, Valérie Cecchini et Constantine Kostarakis. Photo : les affaires

Les marchés boursiers ont rebondi de façon époustouflante depuis un an. Depuis le creux du 9 mars 2009 - moment où il était chic de prédire une autre Grande Dépression et où les économistes pessimistes tenaient la dragée haute aux optimistes les plus prudents -, l'indice torontois S&P/TSX a progressé de 59 %, l'indice new-yorkais S&P 500, de 76 %, et le Nasdaq, de 95 %.

De tels rendements pourraient faire douter les investisseurs que la Bourse offre encore un bon potentiel, surtout dans la mesure où la reprise de l'économie demeure précaire. Et pourtant, à condition de sélectionner les titres de façon rigoureuse, il reste des occasions de placement exceptionnelles, affirment les quatre gestionnaires de portefeuilles conviés à proposer leurs titres favoris à l'occasion d'une table ronde organisée par Les Affaires.

À l'exception de Carl Simard, président de Medici Gestion de portefeuille stratégique, nos experts sont les mêmes que ceux qui s'étaient mouillés en mars 2009 (nous présentons en page 38 le rendement que vous auraient procuré les titres qu'ils avaient choisis l'an dernier). Stephen Gauthier, de Demers Valeurs mobilières, se joint cette année à notre équipe de portefeuillistes.

 

STEPHEN GAUTHIER Demers Valeurs mobilières

Ne choisir que les meilleurs

Le gestionnaire de portefeuilles de Demers Valeurs mobilières prévoit une croissance plus modérée au cours des prochaines années. Nous nous trouvons dans le sweet spot où l'effet des plans de sauvetage se fait sentir, sans que nous en subissions encore les contrecoups : endettement massif, inflation en hausse.

La prudence est donc de mise en Bourse. Les entreprises plus faibles qui ont profité de la croissance généralisée pourraient bientôt se trouver en difficulté. Toutefois, " les meilleures entreprises continueront d'afficher de bons rendements ", prévoit Stephen Gauthier.

Tim Hortons

La chaîne de restauration rapide connaît une croissance accélérée qui rappelle à Stephen Gauthier celle que connaissait McDonald's il y a 30 ans. À cette époque, on craignait à tort que l'entreprise aux arches d'or n'ait atteint un point de saturation dans ses principaux marchés. Le gestionnaire de portefeuilles croit donc qu'il reste encore énormément de potentiel pour Tim Hortons au Canada; il prévoit une croissance annuelle de 10 % pour l'entreprise pendant de nombreuses années. De plus, les marges tendent à s'apprécier. Aux États-Unis, la patience de Tim Hortons finira par payer, affirme-t-il.

Rogers Communications

Stephen Gauthier est emballé par les perspectives du téléphone intelligent. Il juge que la meilleure façon d'en profiter est d'acheter le titre d'un fournisseur de services sans fil plutôt que celui d'un fabricant d'appareils comme Research In Motion, qu'il juge plus risqué. Depuis plus de 20 ans, Rogers est à l'avant-garde des technologies novatrices, mentionne-t-il. L'entreprise torontoise est également une des rares de son secteur à dégager à l'interne les liquidités nécessaires à son développement. À un ratio cours-bénéfice de 13, le titre ne coûte pas trop cher, d'autant plus qu'il procure un rendement de dividende de 3,7 %.

Banque Scotia

La plus internationale des grandes banques canadiennes se démarque par sa discipline. M. Gauthier n'en dirait pas autant de la Banque CIBC, qui génère une part importante de ses bénéfices dans la négociation de titres à la Bourse. Dans l'hypothèse d'une chute du marché immobilier canadien, M. Gauthier estime que les banques Scotia et Royale résisteront mieux que leurs rivales. La Scotia pourrait réaliser bientôt des acquisitions à l'étranger. Seul bémol : Stephen Gauthier reconnaît qu'à son cours actuel (13,7 fois le bénéfice prévu), " le titre est plutôt cher ".

 

FRANÇOIS ROCHON Giverny Capital

Encore beaucoup d'aubaines

Le président de Giverny Capital affirmait l'an dernier que la Bourse offrait " l'occasion d'une génération ", car de nombreux titres d'excellente qualité se négociaient au tiers, voire au quart de leur valeur. Malgré la hausse des cours, il reste encore des titres attrayants. " Des entreprises qui se négociaient au tiers de leur valeur se négocient maintenant au deux tiers de leur valeur. Cela reste intéressant ", dit-il. Le moment est au choix d'entreprises de grande qualité qui ont leur siège social dans des pays industrialisés. " Je me méfierais de tout ce qui touche à la Chine, où il y a des signes de surchauffe dans le marché immobilier ", dit-il.

Groupe MTY

Le spécialiste québécois de la restauration rapide dans les foires alimentaires (Thaï Express, La Crémière, Tiki-Ming, etc.) jouit d'un quasi-monopole dans son créneau, affirme M. Rochon. Le pdg, Stanley Ma, lui rappelle Yves DesGroseillers, le pdg du Groupe BMTC, que M. Rochon considère comme un génie dans l'allocation du capital. MTY est une machine à générer des liquidités qu'il faut continuellement réinvestir à bon escient. En outre, le titre de MTY reste abordable, en raison du profil discret de son pdg et du fait qu'elle est encore peu connue du milieu financier.

Wells Fargo

La banque américaine était mieux préparée que la plupart de ses rivales pour traverser la crise et s'est renforcée en absorbant Wachovia à l'automne 2008. Son actif sous gestion a plus que doublé depuis la crise, pour atteindre 1 200 milliards de dollars américains. Autre avantage : grâce à la qualité de son service, elle est en mesure de dégager de meilleures marges d'intérêt que ses rivales. M. Rochon fait confiance aux dirigeants de Wells Fargo, contrairement à ceux de Bank of America et de Citigroup, qu'il connaît moins.

Medtronic

L'occasion est belle de mettre la main à bon prix sur un fournisseur de produits médicaux (stimulateurs cardiaques, défibrillateurs, prothèses utilisées lors des chirurgies) qui est dominant dans un secteur en croissance. La réforme de l'assurance maladie aux États-Unis fera croître les ventes de Medtronic, ce qui compensera la baisse des marges, explique M. Rochon. Du reste, l'entreprise de Minneapolis réalise la moitié de ses revenus à l'étranger. Pour profiter de la hausse de demande de soins de santé qu'engendre le vieillissement de la population, M. Rochon dit préférer les titres de fournisseurs de produits médicaux à ceux d'entreprises pharmaceutiques, car il les juge moins volatils.

 

VALÉRIE CECCHINI Investissements Standard Life

Profiter de la deuxième phase de la reprise

Valérie Cecchini admet être surprise par la rapidité de la reprise, mais pense que celle-ci est bien ancrée. De nombreux d'indicateurs avancés, comme la hausse de la demande industrielle de semiconducteurs et la progression du nombre d'heures travaillées aux États-Unis, indiquent une accélération de l'activité économique. Mme Cecchini fait valoir que si les titres de technologie et de ressources sont souvent les premiers bénéficiaires du redécollage de l'économie, ce sont les titres de production industrielle qui affichent les meilleurs rendements en milieu de cycle. C'est pourquoi elle ajoute cette année ATS Automation Tooling Systems, un fabricant ontarien de systèmes manufacturiers automatisés, à sa sélection de titres.

ATS Automation

Les systèmes automatisés d'ATS sont tellement bons que l'entreprise est capable de les vendre sans jamais avoir à solliciter les clients, dit Mme Cecchini. La nouvelle direction est parvenue à redresser les marges et est maintenant à la recherche de nouvelles voies de croissance, dans le domaine médical notamment. De plus, le titre devrait profiter de la vente d'une division spécialisée dans l'énergie solaire. " À un cours d'environ 7 $, le titre n'est pas si cher ", affirme-t-elle.

Research In Motion

Le fabricant du BlackBerry a bien su tirer son épingle du jeu pendant la crise. " On s'aperçoit que la concurrence n'est pas aussi forte que prévu dans le marché des téléphones intelligents. " De plus, ce marché est en croissance continue. " Il faut s'attendre à ce que les entreprises recommencent à investir dans leurs infrastructures technologiques ", ajoute Valérie Cecchini. La portefeuilliste souligne que Research In Motion devrait lancer plusieurs nouveaux produits au cours des prochains mois. À un cours sous les 70 $, ce titre représente encore un excellent placement, dit-elle.

Stantec

Bien que le titre de cette firme de génie-conseil se soit déjà apprécié de 36,3 % en un an, Mme Cecchini est convaincue que ce n'est qu'un début. En effet, c'est maintenant qu'on commence à ressentir le plein effet des dépenses en infrastructure annoncées pendant la crise. L'entreprise albertaine est bien gérée et devrait poursuivre sa croissance par acquisitions.

Pour sa part, François Rochon, de Giverny Capital a toujours été un partisan de Stantec. " L'entreprise est notamment bien positionnée pour profiter d'une amélioration du marché immobilier résidentiel américain ", dit-il.

 

CONSTANTINE KOSTARAKIS Gestion Pfiffner

Priorité à la stabilité et aux dividendes

Le gestionnaire de portefeuilles chez Gestion Pfiffner partage l'opinion de François Rochon : il reste encore un bon potentiel haussier en Bourse. Malgré le bond des indices depuis un an, le S&P/TSX est encore de 18 % inférieur à son sommet de 2008, et le S&P 500, de 20 % sous son sommet de 2007, souligne-t-il. Néanmoins, l'investisseur doit être prudent au moment où l'avidité ressurgit sur les marchés : privilégiez les titres qui versent un dividende pour vous protéger des prochains soubresauts boursiers, conseille-t-il.

En raison de l'appréciation du dollar canadien, les grandes sociétés (blue chips) étrangères sont particulièrement attrayantes cette année, dit Constantine Kostarakis.

TransCanada

L'entreprise albertaine domine le créneau du transport de pétrole par pipeline et d'entreposage du gaz, et continue de croître à un rythme modéré. Le rendement de son dividende atteint 4 %. Il y a de plus un avantage fiscal à recevoir les dividendes d'entreprises canadiennes plutôt qu'américaines si on investit à l'extérieur du REER, car ils donnent droit à un crédit d'impôt. " C'est le genre de titre défensif qui nous aide à bien dormir ", soutient M. Kostarakis.

Kimberly-Clark

Le fabricant américain de couches, de papier de toilette et de mouchoirs continue de croître en raison de son expansion dans les marchés émergents. Par exemple, sa marque Kleenex a rapidement réussi à occuper 10 % du marché des mouchoirs en Russie. L'entreprise résiste bien aux récessions et verse un dividende dont le rendement atteint en ce moment 4,6 %, ajoute M. Kostarakis. " Le rendement du dividende est supérieur à celui d'un bon du Trésor américain, et le titre est peu cher, souligne-t-il. Tout le monde utilise du papier de toilette, rappelle-t-il.

Ecolab

Aussi loin qu'il s'en souvienne, M. Kostarakis a été actionnaire de cette entreprise américaine peu connue qui se spécialise dans les services de nettoyage et de contrôle de la propreté dans les industries de la restauration, de l'hôtellerie et de la santé. Elle ne l'a jamais déçu. Ecolab profite en effet de conditions favorables : elle oeuvre dans un marché très fragmenté où la concurrence est limitée. " À 26,3 %, le rendement sur l'avoir des actionnaires est exceptionnel ", dit-il. Le dividende procure un rendement de seulement 1,4 %, note M. Kostarakis, mais il devrait croître, puisque le taux de distribution des bénéfices ne s'établit qu'à 29 %.

 

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