Ceux qui espèrent un redressement durable du dollar canadien devront être patients. Ce n'est pas avant la fin de 2011 ou même en 2012 que le huard sera à nouveau à parité avec le dollar américain, selon les experts.
Tout au plus, le huard pourrait rebondir de façon temporaire si le géant canadien de l'engrais Potash était vendu. Le dollar canadien s'échange actuellement autour de 0,95 $ US, après avoir atteint la parité en avril dernier.
La vente de Potash à BHP Billiton ou à d'autres entreprises pourrait faire rapidement grimper le huard de 2 ou 3 %, dit François Barrière, vice-président, développement des affaires, marché des devises et services internationaux, de la Banque Laurentienne.
" Le huard serait alors à parité avec le billet vert. Mais l'effet ne sera que temporaire, prévient-il, étant donné la mollesse de l'économie américaine, qui augure mal pour les exportations canadiennes. "
Pour leur part, les économistes Pascal Gauthier, de la Banque TD, et Krishen Rangasamy, de Marchés mondiaux CIBC, doutent que la vente éventuelle de Potash ait un effet sur le marché des devises. " Cet achat est déjà anticipé par le marché ", pense M. Gauthier.
Selon eux, d'autres facteurs comme l'incertitude économique, qui laisse présager que la Banque du Canada n'augmentera pas son taux directeur à court terme, ont une influence plus importante sur la valeur du dollar.
Selon M. Gauthier, ce n'est qu'à la fin de 2011 que les perspectives économiques pourraient être assez encourageantes pour ramener le dollar canadien à égalité avec le dollar américain de façon durable. " Le Canada est avantagé par rapport aux États-Unis sur plusieurs aspects : vigueur de la reprise, finances publiques saines, solidité du marché de l'emploi et écarts de taux d'intérêt favorables, explique M. Gauthier. Dès qu'il y aura une embellie, ces éléments pèseront dans la balance. "
Moins optimiste, François Barrière ne prévoit pas de parité avant 2012. " Il y a trop d'incertitude économique, et les déficits budgétaire et commercial du Canada ne soutiennent pas une telle valeur ", explique-t-il.
