Les mentors ne sont pas nécessairement meilleurs avec le temps

Publié le 17/03/2012 à 00:00, mis à jour le 10/09/2012 à 13:49

Les mentors ne sont pas nécessairement meilleurs avec le temps

Publié le 17/03/2012 à 00:00, mis à jour le 10/09/2012 à 13:49

Par Les Affaires

Les entrepreneurs chevronnés font-ils de meilleurs mentors que ceux qui n'ont jamais été dans les affaires? L'expérience rend-elle les mentors plus efficaces? La formation peut-elle améliorer la qualité de leurs interventions? Pour répondre à ces questions, nous avons mené plusieurs recherches en collaboration avec le Réseau M de la Fondation de l'entrepreneurship.

Par Étienne St-Jean

Le Réseau M regroupe 1 200 mentors accrédités qui accompagnent chaque année 1 700 entrepreneurs novices sur l'ensemble du territoire québécois. D'où l'importance pour cet organisme de favoriser les meilleures pratiques afin de maximiser le service qu'il offre aux mentorés.

Dans un premier temps, l'étude révèle que la formation permet aux mentors de développer leurs compétences relationnelles, ce qui contribue à améliorer leur qualité de relation avec les entrepreneurs novices. Ils peuvent ainsi mieux transmettre leur expérience et, surtout, éviter les comportements nuisibles. En fait, la formation donne un cadre à la fois éthique et relationnel en informant les mentors sur leurs rôles, leurs responsabilités et les règles du jeu.

Demeurer attentif aux besoins

Autre constat : le nombre d'années en affaires n'influe en rien sur la qualité de relation que le mentor entretient avec le mentoré. Bien que non concluant, ce résultat nous a mené sur une piste intéressante : et si le temps jouait plutôt sur une autre facette ? Avec l'expérience, les mentors développeraient-ils une «recette» qu'ils serviraient à tous leurs protégés, rendant ainsi leur intervention moins efficace ?

En suivant cette piste, nous avons découvert que plus un mentor accompagne de jeunes entrepreneurs et moins son intervention est bénéfique. Il semble, en effet, qu'après plusieurs années d'accompagnement, le mentor devienne trop confiant et moins attentif aux besoins des mentorés.

Reste maintenant à savoir si la formation pourrait contrer cet effet pervers. À ce chapitre, nos résultats montrent que former les mentors expérimentés (cinq relations de mentorat et plus) neutralise l'impact négatif de l'expérience et permet notamment d'améliorer la qualité de leur relation et l'apprentissage du mentoré.

La formation contraindrait le mentor à toujours se remettre en question. Il est plus conscient que la clé de la réussite ne réside pas dans le fait d'avoir une bonne «formule» d'intervention, mais dans celui d'être toujours attentif aux besoins des jeunes entrepreneurs.

À la lumière de ces résultats, il nous semble essentiel que les organismes qui offrent des services de mentorat exigent un minimum de formation de leurs mentors.

Pour en savoir plus sur ces recherches : www.uqtr.ca/etienne.st-jean

Titulaire de la Chaire de recherche UQTR sur la carrière entrepreneuriale et professeure en management des PME à l’Université du Québec à Trois-Rivières, Étienne St-Jean est chercheur à l’Institut de recherche sur les PME. Créé en 1997, cet organisme a pour mission de faire évoluer les connaissances sur les PME, d’aider au développement des entreprises et d'éclairer les gouvernements en matière de politiques publiques. www.uqtr.ca/inrpme

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