L'impact insoupçonné des parcs industriels

Publié le 27/10/2017 à 05:08

L'impact insoupçonné des parcs industriels

Publié le 27/10/2017 à 05:08

Par Matthieu Charest

ÉCONOMIE CIRCULAIRE - Difficile de faire plus triste qu’un parc industriel. Des usines et des entrepôts situés dans un même endroit, c’est loin de l’ambiance de Las Vegas. Pourtant, ces lieux regorgent d’intérêt. Car outre leur importance dans l’économie, ces concentrations industrielles permettent désormais d’allonger la durée de vie des ressources.

En permettant de valoriser chaque ressource, la symbiose intéresse de plus en plus « les industries tributaires des matières premières », explique Luce Beaulieu, coordonnatrice de l’Institut de l’environnement, du développement durable et de l’économie circulaire (EDDEC), situé à Montréal. Et les industries concentrées dans des parcs peuvent jouer un grand rôle, en mutualisant des ressources, des équipements comme des flottes de camions ou de la machinerie lourde. Mais elle peuvent également aller plus loin, en mettant en place un système de synergie industrielle : réunir des entreprises qui s’échangent des matières, des ressources humaines ou qui s’imbriquent dans une même chaîne d’approvisionnement. Bref, qui recréent un écosystème.

Échange de résidus

Une fois situées à proximité, les industries peuvent penser à s’échanger des résidus de production. « Ce peut être du plastique, du carton, des courroies, vraiment, tout ce qui touche à l’activité commerciale ou industrielle », affirme Claude Maheu-Picard, directrice technique du Centre de transfert technologique en écologie industrielle, qui ajoute que « la première motivation des entreprises, c’est que ce système améliore leurs finances. L’argument économique, il est central. »

Selon elle, ces synergies allongent le cycle de vie des produits. « Ça réduit l’utilisation des ressources, ça augmente le recyclage, ça met moins de pression sur l’environnement et ça allonge la durée de vie des sites d’enfouissements. »

Et parce que le Québec est immense, sa superficie équivaut à peu près à cinq fois celle de l’Allemagne, la concentration d’industrie dans des parcs permet de réduire les coûts de transport et par le fait même, les émissions de GES.

L’exemple de Bécancour

À mi-chemin entre la Ville de Québec et Montréal se trouve la Société du parc industriel et portuaire de Bécancour (SPIPB). Le parc, qui appartient à l’État, « est l’un des premiers projets que nous avons chapeautés », signale Claude Maheu-Picard. « Des entreprises s’y sont installées afin de profiter des échanges, de ressources rendues disponibles par d’autres ».

Un phénomène confirmé par Maxime Veillette, directeur environnement, opération portuaire et sécurité au SPIPB. « L’arrivée de plusieurs entreprises s’explique par leur souhait de faire des économies ».

À titre d’exemple, l’entreprise Olin fabrique des produits chlorés, ce qui rejette de l’hydrogène. Un excellent combustible. Ainsi, une autre entreprise Arkema, « est venue ici à cause d’Olin car ils fabriquent du peroxyde et ils ont besoin d’hydrogène. Avant, Olin brûlait tout simplement l’hydrogène, raconte M. Veillette. Puis, une autre entreprise, Air Liquide, est arrivée afin de stabiliser les flux d’hydrogène ».

Une autre société, poursuit le directeur environnement, opération portuaire et sécurité fabrique des briques métalliques. Ils ont récupéré des rejets d’huile végétale d’une autre entreprise afin de créer un nouveau liant pour leurs produits.

Cette synergie industrielle permet ainsi l’innovation, des économies et l’allongement du cycle de vie des ressources.

Un obstacle demeure toutefois. Le secret industriel. « Beaucoup ne veulent pas ouvrir leurs livres, lance Maxime Veillette. Il faut les convaincre de se parler. C’est une crainte normale, ce n’est pas naturel ». Mais une fois que la confiance est installée, le jeu en vaut la chandelle, et tout le monde en ressort gagnant.

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