Judive Jean-Gilles: une passion de père en fille


Édition du 09 Mars 2022

Judive Jean-Gilles: une passion de père en fille


Édition du 09 Mars 2022

Par Ruby Irene Pratka

Depuis 2016, Judive Jean-Gilles est présidente et gestionnaire de Cygne Béton, une petite entreprise lavalloise spécialisée dans la construction de meubles et de revêtements sur mesure en béton. (Photo: courtoisie)

INDUSTRIE DE LA CONSTRUCTION. En 2015, Judive Jean-Gilles avait trois jeunes enfants, un emploi dans une banque et un rêve. Pendant ses rares moments libres, le soir et la fin de semaine, elle travaillait sur un plan d’affaires pour le réaliser. 

Sept années plus tard, ses enfants sont devenus ados, son mari et son père sont devenus ses partenaires d’affaires, et son rêve a pris son envol. Depuis 2016, elle est présidente et gestionnaire de Cygne Béton, une petite entreprise lavalloise spécialisée dans la construction de meubles et de revêtements sur mesure en béton. 

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Elle s’est inspirée du parcours de son père. Originaire d’Haïti, François Jean-Gilles s’est installé à Montréal il y a une quarantaine d’années. Il a étudié le génie civil avant de travailler comme entrepreneur général; selon sa fille, il demeure un artisan dans l’âme. 

Judive Jean-Gilles voulait allier ses propres compétences en design, en gestion et en service à la clientèle avec le talent et l’expérience de son père. Ce dernier n’avait pas envisagé de fonder une entreprise avec sa fille. «Il me dit qu’il pensait que j’allais rester à la banque, devenir une vice-présidente, qui sait? Il est content, mais il ne s’attendait pas à ça.» Pour celle qui a passé du temps sur des chantiers avec lui durant son enfance, c’était logique. 

 

«Madame Béton» 

La diplômée en gestion de commerce a obtenu du premier coup ses cartes d’entrepreneure générale de la Régie du bâtiment du Québec et a suivi un programme de perfectionnement du Concrete Countertop Institute à Raleigh, en Caroline du Nord. Depuis, elle continue d’apprendre de son père, responsable de l’atelier, qui « connaît le béton comme le fond de sa poche». 

Infatigable, elle a également obtenu une attestation en design intérieur, entrepris des études de maîtrise en formation à distance et mené une carrière de chanteuse gospel tout en gérant l’entreprise. Elle s’implique aussi auprès des Elles de la construction et de la section lavalloise du Réseau des femmes d’affaires du Québec.

Celle que l’on surnomme «Madame Béton» collabore avec des designers pour créer des comptoirs, des lavabos et des meubles sur mesure. Aujourd’hui, Cygne Béton dessert la région métropolitaine et celle des Laurentides. Quand la pandémie a ralenti le flot des commandes provenant des restaurants et des bureaux, la demande résidentielle est venue compenser. 

En tant que femme noire dans l’industrie de la construction, elle affirme parfois devoir « mettre [son] pied à terre » pour faire valoir ses compétences. «Quand tu es dans un domaine dominé par des hommes, tout en restant gentille et compréhensive, il faut [faire savoir] aux gens qu’on ne peut pas te marcher dessus.»

«La première fois qu’ils me voient, les gens sont surpris, poursuit-elle. Mais dès qu’ils commencent à parler avec moi et à travailler avec notre équipe, qui est multiethnique, je ne vois pas vraiment de différence [dans la façon dont on est traités].» 

Judive Jean-Gilles aimerait voir le monde de la construction devenir plus paritaire. Avec les années, elle a constaté que les hommes du secteur ont tendance à être plus manuels — «même s’il y a des femmes de métier qui sont manuelles aussi» — alors que les femmes ont tendance à porter plus d’attention aux fins détails. Chaque personne apporte sa pierre à l’édifice, finalement. 

«Ensemble, on peut construire quelque chose de beaucoup plus durable et riche, avance-t-elle. La construction est une superbe industrie où les femmes commencent à prendre leur place, et il faut continuer à le faire, parce qu’on a notre plus-value à apporter.» 

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