Les ressources humaines, d'huile à engrenage à vecteur de croissance


Édition du 21 Février 2024

Les ressources humaines, d'huile à engrenage à vecteur de croissance


Édition du 21 Février 2024

Par Catherine Charron

Le patron avait alors deux rôles: commander et contrôler. Le travailleur «était un rouage dans la mécanique qu’était l’entreprise», résume Olivier Schmouker, chroniqueur à Les Affaires depuis 2004. (Photo: Martin Flamand)

SPÉCIAL 95 ANS D'INNOVATION. Fondé au même moment où la Loi concernant la Commission des accidents du travail et la Loi relative aux accidents du travail étaient adoptées, en 1928, le journal Les Affaires s’est toujours intéressé à ce qu’on appelle aujourd’hui la gestion des ressources humaines. Si la fonction s’est transformée selon les luttes sociales contemporaines, elle repose sur des assises qui ont peu bougé.

Sans être linéaire et identique dans chaque secteur d’activité, sa métamorphose est «intrinsèquement liée à l’évolution de la société et du monde des affaires», précise Alain Gosselin, professeur émérite à HEC Montréal.

Ainsi, à l’époque des premières parutions de l’hebdomadaire, «il n’existait pas de [Division] des ressources humaines à proprement parler. C’était plutôt l’apanage des contremaîtres, indique-t-il. Les employés étaient associés à un coût qu’il fallait minimiser.»

Le patron avait alors deux rôles: commander et contrôler. Le travailleur «était un rouage dans la mécanique qu’était l’entreprise», résume Olivier Schmouker, chroniqueur à Les Affaires depuis 2004.

L’arrivée de grandes sociétés — surtout des fabricants et des commerçants américains — dans la province a servi de bougie d’allumage à une certaine «standardisation» des pratiques de gestion des ressources humaines. Ces fonctions étaient alors surtout administratives, indique Alain Gosselin, aussi professeur à l’École des dirigeants.

À leur façon, les deux guerres mondiales ont nourri l’émergence de la profession, ajoute-t-il. En créant des pénuries de main-d’œuvre, elles ont par exemple permis aux femmes de s’imposer sur le marché du travail. Elles ont aussi augmenté dans les entreprises le souci de former et de faire gagner en productivité leurs employés.

Dans les années 1950 et 1960, le développement des talents figurait même au tableau des priorités des grandes organisations. Il a toutefois tranquillement perdu du galon à mesure que le bassin de travailleurs s’est garni de candidats plus instruits, précise Alain Gosselin.

«À Kodak et à IBM, notamment, vous saviez quel serait le cheminement de votre carrière pour les 40 années à venir. Vous aviez des mouvements tous les deux ans, rapporte-t-il. Tout ça a été “flushé”.»

L’expansion des multinationales nord-américaines à partir des années 1960 a donné un autre coup de barre vers une professionnalisation de la gestion des ressources humaines, tandis que les entreprises devaient apprendre à s’occuper d’équipes basées ailleurs sur le globe, ajoute Tania Saba, professeure titulaire à l’École de relations industrielles de l’Université de Montréal.

Les luttes syndicales de l’époque ont aussi grandement fait évoluer cette fonction. Des années d’abus et de travail peu valorisant ont nourri le mouvement et les revendications.

C’est notamment pourquoi «des écoles de relations industrielles ont d’abord été fondées pour professionnaliser ce rôle, s’intéressant au droit et à la sociologie, rapporte Alain Gosselin. Les entreprises avaient alors besoin de gens pour négocier, administrer la convention collective, plus que de gestionnaires des ressources humaines.»

Plus interventionniste qu’il ne l’était au début du siècle, l’État s’est inspiré des victoires syndicales en adoptant des lois qui allaient dans le sens des droits des travailleurs.

C’est entre autres «pour tenter d’éloigner les syndicats [que] des employeurs se sont mis à implanter de bonnes pratiques», ajoute Tania Saba.

 

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