Propulsées par de bons résultats financiers des entreprises, la création de nouveaux emplois aux États-Unis cet automne et l'injection de milliards de dollars américains de nouvelles liquidités par la Réserve fédérale, les Bourses américaines ont entièrement récupéré les pertes encaissées après la faillite du courtier Lehman Brothers en septembre 2008.
C'est dans cet environnement que quatre gestionnaires de portefeuille ont proposé en novembre dernier des titres prometteurs pour 2011. C'est la deuxième fois cette année que nos invités se mouillent. En mai, ils avaient choisi 12 titres, dont huit ont engrangé des gains variant de 0,5 à 23 %. Pendant cette période, le S&P 500 a reculé de 2 % et l'indice torontois S&P/TSX a gagné 3,6 %.
En tête, l'action du franchiseur de restaurants Groupe d'alimentation MTY s'est apprécié de 23 %. À l'autre extrémité du spectre, l'action de Research In Motion a chuté de 20 % en six mois.
Aujourd'hui, les gestionnaires font tous preuve d'un optimisme encore prudent. Mais ils jugent tout de même que le retour à la parité du huard par rapport au dollar américain offre une nouvelle occasion de se servir d'une monnaie forte pour acheter les actions de sociétés étrangères de qualité.
Voici les coups de coeur des gestionnaires Constantine Kostarakis chez Gestion Pfiffner, François Rochon chez Giverny Capital, Valérie Cecchini chez Investissements Standard Life et Stephen Gauthier chez FIN-XO.
CONSTANTINE KOSTARAKIS | GESTION PFIFFNER
Des dividendes comme source de rendement
Les titres qui versent des dividendes fiables performent historiquement bien lorsque l'économie croît lentement et que l'inflation est faible.
Avec raison, le dividende procure un revenu régulier année après année et sert de point d'appui à la valeur marchande des actions. Cette sécurité vaut son pesant d'or dans un marché boursier encore volatil, explique le chef des investissements de Gestion Pfiffner.
Power Corporation
Le holding propriétaire de l'assureur-vie Great-West Lifeco et du fournisseur de fonds communs Société financière IGM est un peu tombé dans l'oubli. Pourtant, il procure un solide rendement de dividende de 4,1 %.
En outre, Great-West Lifeco n'a pas autant souffert que ses rivaux Manuvie et Sun Life de la crise et de la faiblesse des taux d'intérêt, ce qui témoigne de la qualité de son actif.
La société de portefeuille de la famille Desmarais dispose de liquidités de 474 millions de dollars et pourrait augmenter son dividende de nouveau, aprés l'avoir laissé inchangé depuis 2007, estime M. Kostarakis.
De plus, ses bénéfices devraient rebondir de 15 % en 2010 et de 21 % en 2011, selon le consensus des analystes.
Son évaluation est aussi attrayante, puisque le cours de son action est de 12 % inférieur à la valeur marchande des éléments corporels et incorporels de son actif, moins les dettes.
Pour lire la suite, cliquez sur la page suivante
FRANÇOIS ROCHON | GIVERNY CAPITAL
Des aubaines parmi les mal-aimés
Les aubaines sont encore nombreuses aux États-Unis, malgré le rebond de 75 % de l'indice américain S&P 500 depuis son creux de mars 2009, en particulier dans les industries mal-aimées de la finance, de la santé et de la technologie. " Presque toutes les actions que je suis sont sous-évaluées ", dit François Rochon, président de Giverny Capital.
En prime, la force du huard par rapport au dollar américain fournit de nouveau à l'investisseur canadien une belle occasion d'acheter à bon prix des entreprises de qualité, ajoute-t-il.
" Si une entreprise augmente ses bénéfices de 9 % par année, et verse un dividende de 2 %, le placement dans son action gagne 1 % en valeur tous les mois. On double ainsi notre mise tous les six ans. C'est comme ça qu'on s'enrichit avec les entreprises ", dit-il.
Dollarama
Admirateur de longue date de Larry Rossy, le fondateur de Dollarama, M. Rochon croit que l'arrivée en Bourse du détaillant montréalais l'an dernier a considérablement amélioré son bilan, ce qui lui donne aujourd'hui les moyens de financer son expansion rapide.
Avec 623 magasins, Dollarama est la plus importante chaîne de magasins de marchandises à petits prix au Canada. Même si Dollarama a triplé le nombre de ses magasins depuis huit ans, le détaillant affiche encore un bon potentiel de croissance. Le Canada compte en effet un magasin à un dollar par tranche de 32 000 habitants, par rapport à un commerce pour 15 000 personnes aux États-Unis.
Les ventes de ses magasins ouverts depuis plus d'un an augmentent à un rythme de 7 %, par rapport à une cadence de 3 %, de 2003 à 2009. Cela indique que l'ajout de plus de marchandises à 2 $ porte ses fruits, estime M. Rochon.
Pour lire la suite, cliquez sur la page suivante
VALÉRIE CECCHINI | INVESTISSEMENTS STANDARD LIFE
La reprise économique passe par les technos
Le moment est propice pour miser sur le rebond des dépenses des entreprises. Celles-ci se rééquipent afin d'améliorer leur productivité et de soutenir leurs marges, explique Valérie Cecchini, vice-présidente et gestionnaire de portefeuille chez Investissements Standard Life.
Même si le secteur industriel a mieux profité en Bourse de la reprise économique, Mme Cecchini estime que les titres de technologie sont les plus attrayants pour profiter de cette phase de la reprise. C'est le cas, entre autres, en raison de leur bilan sain et de l'évaluation encore raisonnable de leurs cours.
La gestionnaire préfère les entreprises qui bénéficient de tendances porteuses, moins tributaires de la conjoncture. " Les fournisseurs dont les produits aident les entreprises à répondre à leurs besoins en matière de gestion de données, de mobilité et de sécurité offrent le meilleur potentiel ", dit-elle.
Research In Motion
Le fabricant des appareils BlackBerry a regagné la confiance de Mme Cecchini en acquérant en avril le concepteur de solutions de connectivité mobile QNX Software Systems, entre autres utilisées dans les automobiles.
Il sera en outre plus facile pour les concepteurs d'applications Android de les adapter à celles du BlackBerry, explique-t-elle. " Cette acquisition m'indique surtout que les dirigeants de RIM sont prêts à corriger les lacunes de leur plateforme ", dit-elle.
De plus, la nouvelle tablette PlayBook ouvre le marché des ordinateurs portables à la société ontarienne. Mme Cecchini a bon espoir que la société confirmera les prévisions de bénéfices les plus optimistes pour 2012, soit de 5 à 5,50 $ US par action. " Il vaut la peine d'être patient avec RIM ", dit-elle.
Pour lire la suite, cliquez sur la page suivante
STEPHEN GAUTHIER | FIN-XO VALEURS MOBILIÈRES
Des chefs de file encore bon marché
Parce que les entreprises versant des dividendes sécuritaires ont devancé les indices depuis le printemps, M. Gauthier trouve ses occasions de placement dans d'autres segments du marché. Le stratège évite les industries tributaires du marché immobilier canadien et de la croissance élevée de la Chine. " Les investisseurs sous-estiment le risque que les secteurs de la consommation discrétionnaire, des institutions financières et des producteurs de resssources perdent leur élan au Canada ", indique le portefeuilliste.
Jugeant la conjoncture incertaine, M. Gauthier préfère miser sur des chefs de file rentables, dont l'évaluation du titre est attrayante et qui ont de solides perspectives de croissance.
Valeant Pharmaceuticals
Née en septembre de la fusion de la californienne Valeant et de l'ontarienne Biovail, l'entreprise biopharmaceutique est bien placée pour profiter des occasions que susciteront l'expiration de brevets de médicaments et la croissance des médicaments génériques.
Ensemble, les deux entreprises bénéficieront d'économies d'échelle à la suite d'une restructuration de 180 millions de dollars américains, qui a éliminé 500 emplois. M. Gauthier s'attend à ce que la croissance des bénéfices de la société s'accélère.
Un bon bilan et les flux de trésorerie de l'ancienne Biovail lui donneront aussi les fonds nécessaires pour financer la mise au point et l'achat de médicaments de spécialité pour le système nerveux et la dermatologie.
Groupe TMX
Le propriétaire de la Bourse de Toronto, de la Bourse de croissance TSX et de la Bourse de Montréal des produits dérivés défend bien ses parts de marché, malgré la concurrence que lui livre la plateforme d'échanges d'actions Alpha Trading Systems, depuis deux ans.
Un contrôle rigoureux de ses dépenses et des gains d'efficacité lui permettent de préserver ses bénéfices, en dépit du recul depuis deux ans, de 97 à 75 % de sa part du volume canadien de négociation des actions.
À long terme, l'utilisation accrue de produits dérivés par les investisseurs professionnels sera une importante source de croissance, indique M. Gauthier. Le titre du Groupe TMX est bon marché : il se négocie à un multiple de 11,5 fois le bénéfice prévu en 2011.