Des titres solides mais pas sans danger

Publié le 07/08/2010 à 00:00

Des titres solides mais pas sans danger

Publié le 07/08/2010 à 00:00

Le temps semble être propice pour investir dans les banques canadiennes : leur qualité de crédit s'est améliorée, les provisions pour pertes se sont contractées, les revenus et les profits sont en hausse, les valorisations sont attrayantes... Mais attention, le secteur bancaire n'est peut-être pas l'oasis tranquille dont vous rêviez.

1. Le risque souverain

Les banques considèrent souvent les titres souverains qu'elles possèdent comme une source sûre de liquidité, mais lorsque le pays émetteur éprouve lui-même des difficultés, celle-ci peut vite se tarir. Ainsi, le risque de contrepartie s'est intensifié depuis mai. La situation budgétaire précaire de pays comme la Grèce, l'Espagne ou l'Irlande font craindre de plus en plus une réduction de la qualité des actifs de nombreuses institutions financières.

Selon Claude Boulos, associé chez Selexia, gestionnaire des fonds d'actions canadiennes de Natcan, les difficultés de l'Europe représentent un risque relativement mineur pour les banques canadiennes. "Le risque de faillite demeure très faible et la Banque du Canada a estimé récemment que l'exposition du secteur bancaire canadien représentait au plus 18 % des fonds propres", dit-il.

Le gestionnaire se dit par contre préoccupé par les conséquences que pourrait avoir la détérioration des finances publiques de municipalités ou d'États américains sur les résultats des banques. "La Banque Royale, la Banque de Montréal, la Banque Scotia et la Banque TD sont très actives dans ce marché", note-t-il.

2. Le ralentissement économique

L'intensification du risque souverain pourrait freiner la croissance mondiale en provoquant un resserrement des conditions de crédit ou en accélérant les processus d'assainissement des finances publiques. Cette crainte commence déjà à se matérialiser, les économies de plusieurs pays développés ayant commencé à ralentir la cadence.

"Pour les banques canadiennes, le principal danger est de voir l'économie américaine ralentir, étant donné leur grande exposition à ce marché, pense M. Boulos. C'est pourquoi je préfère les banques dont les activités sont davantage axées sur le marché canadien ou les marchés émergents.".

3. L'endettement des ménages canadiens

La croissance rapide de la dette des ménages canadiens tout au long de la crise constitue également une source de risque majeure. Au Canada, le ratio dette-revenu disponible des ménages est maintenant supérieur à 140 % par rapport à 120 % en 2006. "Étonnamment, les ménages continuent de s'endetter, dit Claude Boulos. Et dans 77 % des cas, il s'agit de prêts à taux variable, si bien qu'une détérioration du marché du travail ou une forte remontée des taux pourraient propulser les pertes sur prêts."

4. Bâle 3

Pour éviter une autre crise financière, le Comité de Bâle 3 a mis en place des règles qui devraient s'appliquer à compter du 1er janvier 2013. Le Comité veut s'assurer que les banques pourront absorber des pertes importantes. Pour ce faire, quatre mesures principales ont été adoptées : le renforcement des fonds propres, l'adaptation des liquidités pour permettre aux banques de résister à 30 jours de crise, la mise en place de coussins utilisés en cas de crise et devant être reconstitués durant les périodes fastes, et la modification du ratio d'effet de levier, qui permet d'évaluer les engagements des banques par rapport à leur bilan.

Évidemment, ces mesures visant à améliorer la solvabilité des banques ne plaît guère aux banquiers, qui entrevoient des entraves à leurs activités. "Les banques canadiennes, qui se conforment déjà à certains de ces critères, sont en meilleure posture que leurs homologues étrangères, note Lidia Parfeniuk, analyste bancaire chez Standard & Poor's. Mais elles devront néanmoins améliorer leur capitalisation."

Reste que tout cela demeure de la spéculation, car les institutions bancaires ont organisé un important lobby en vue d'assouplir les règles de Bâle 3.

lesaffaires.redaction@transontinental.ca

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