Placement : les leçons de Warren Buffett

Publié le 07/05/2010 à 18:00

Placement : les leçons de Warren Buffett

Publié le 07/05/2010 à 18:00

Par Les Affaires

L'assemblée annuelle de Berkshire Hathaway, dirigée par Warren Buffett, donne souvent lieu à de drôles d'images... Photo : Bloomberg

Trois gestionnaires de portefeuilles et un entrepreneur québécois racontent ce qu'ils ont appris à l'assemblée annuelle de Berkshire Hathaway, le conglomérat du célèbre investisseur Warren Buffett, qui s’est déroulée la semaine dernière à Omaha.

Pour la plupart des 40 000 participants, ce voyage est un véritable pèlerinage. " C'est un moment d'arrêt essentiel qui me permet de revenir aux bases du monde des affaires ", confie Martin Bouchard, le fondateur de Copernic, qui se rendait à la grand-messe d'Omaha pour une troisième fois.

Cette année, l'assemblée a été occultée par l'affaire Goldman Sachs. En 2008, Berkshire Hathaway a investi 5 milliards de dollars dans cette banque d'affaires qui fait l'objet d'une enquête du gendarme de la Bourse américaine : la Securities and Exchange Commission (SEC). Si Warren Buffett et son bras droit de toujours, Charlie Munger, ont passé une bonne partie de la fin de semaine à défendre leur placement dans Goldman Sachs, l'essence du discours des deux sages d'Omaha ne se trouve pas là, affirment les experts qui étaient sur place.

Les Québécois Martin Bouchard et François Rochon, président de la firme montréalaise de gestion de portefeuilles Giverny Capital, ainsi que Michael Shearn, président la firme de gestion texane Time Value of Money, et Guy Spier, gestionnaire en Suisse d'Aquamarine Fund, nous rapportent ce qu'ils ont appris.

Repartir à zéro, souvent une sage décision

Selon Warren Buffett, repartir à zéro est la plupart du temps préférable à une tentative de changement de la culture d'une entreprise. Changer une culture peut prendre plusieurs décennies. M.B.

Traiter ses employés avec justesse

À propos des systèmes de rémunération des dirigeants, M. Buffett a invoqué qu'il n'avait jamais fait appel à des consultants en rémunération pour les entreprises de son conglomérat. Selon lui, la recette est la suivante : avoir une discussion franche sur la contribution potentielle de l'employé, le traiter avec justesse et y mettre un soupçon de " gros bon sens ". Grâce à cette approche, aucun dirigeant clé n'a jamais quitté une entreprise de Berkshire Hathaway en raison de sa rémunération. M.B.

Être intègre, un bon début pour s'enrichir

Au sujet de l'intégrité : " Ne jamais troquer sa réputation pour de l'argent. L'intégrité est la meilleure façon de faire de l'argent. " La nature humaine étant ce qu'elle est, il est important, dans les entreprises, de créer des systèmes qui amenuisent l'effet des faiblesses humaines. M.B.

Mettre la main à la pâte

Malgré le fait que 40 000 personnes assistent à l'assemblée annuelle de Berkshire Hathaway, aucun service n'a jamais été créé pour s'occuper de cet événement. L'ensemble de la vingtaine d'employés du siège social d'Omaha mettent la main à la pâte, et surtout, ils sont heureux de le faire et en sont fiers ! M.B.

Il y a toujours une solution à un problème

Lorsque des questions sur la problématique de l'approvisionnement énergétique ont été soulevées, Warren Buffett et Charlie Munger se sont dit optimistes.

Ils pensent que les problèmes liés au pétrole peuvent être résolus et qu'il n'y a pas de raison de croire que l'ingéniosité humaine ne trouvera pas de solution. Ils ont pris l'exemple des panneaux solaires comme solution fort viable. Pour eux, il n'y a aucun doute que les générations à venir vivront mieux que nous ! F.R.

Se faire confiance et miser sur le bon sens

L'essentiel n'est pas la poursuite du gouvernement américain contre Goldman Sachs, la récession qui est plus ou moins terminée, la hausse des dettes publiques à l'échelle mondiale ou les problèmes financiers de la Grèce. Les deux sages d'Omaha vous diraient : " Cela aussi passera. "

L'essentiel, ce sont les principes de vie découlant des 150 années d'expérience que cumulent Warren Buffett et Charlie Munger. Des conseils comme : " Trouvez votre passion, soyez honnêtes avec vous-mêmes et les autres, et éventuellement vous réussirez. " Ou bien ce bijou de Charlie Munger : " Pour développer la confiance en soi, il n'y a rien comme des épreuves. Ainsi, vous devrez peut-être vous mouiller dans les eaux de l'échec avant de réussir. " Plus tard, M. Munger dira aussi : " Au fond, notre réussite repose sur le fait que nous évitons de faire des choses stupides... contrairement à bien des gens d'affaires. "

La sagesse du gros bon sens ! F.R.

Mesurer les dangers

Enfin, à mon avis, la perle est venue de Charlie Munger qui répondait à une question sur les dangers de l'inflation : " J'ai passé ma vie à être pessimiste et critique. Si je peux être optimiste alors que j'approche de la mort, vous pouvez surmonter un peu d'inflation. " F.R.

Se fier à son jugement

L'investissement de Warren Buffett dans Goldman Sachs a été traité de façon négative dans les médias et a préoccupé bon nombre d'actionnaires de Berkshire Hathaway. Selon M. Buffett, " les allégations [la SEC a accusé Goldman Sachs d'avoir trompé les investisseurs avec des valeurs mobilières qu'elle savait vouées à l'échec] ne prouvent en aucun cas qu'ils ont fait quelque chose de mal, mais si c'était le cas, nous nous engageons alors à examiner la question. "

M. Buffet souligne qu'il est important de se faire sa propre idée sur chaque placement, plutôt que de se fier à celles des autres. M.S.

Se poser les bonnes questions

Une autre leçon que j'ai apprise porte sur la manière dont Warren Buffett structure ses investissements, en fonction de leurs profils de risque.

Pendant la crise du crédit en 2008, il a investi dans une émission de dette de Harley-Davidson, le constructeur de motos. Lorsqu'on lui a demandé pourquoi il avait souscrit à une émission de dette plutôt que d'acheter des actions qui ont gagné beaucoup de valeur au cours des dernières années, il a répondu : " À vrai dire, je n'ai aucune idée de la valeur de l'action ordinaire de Harley-Davidson. Vaut-elle 20, 30 ou 40 $ US ? " Il s'est plutôt posé la question suivante : " La société fera-t-elle faillite ? " Selon le président de Berkshire, il est beaucoup plus facile de répondre à cette question que de spéculer sur la valeur de Harley-Davidson. M.S.

Il faut oser changer d'idée

Warren Buffett et Charlie Munger disent apprendre de leurs erreurs et n'hésitent pas à revoir certaines décisions. Pendant nombre d'années, tous deux affirmaient qu'ils n'investiraient jamais dans des sociétés dépendantes de technologies en constante évolution. Berkshire Hathaway a investi dans BYD, le fabricant chinois de prises et de piles rechargeables pour véhicules hybrides. Ce placement montre à quel point les deux sages d'Omaha ont une grande faculté de changer d'idée. M.S.

Rencontrer de grosses pointures du monde des affaires

À chacune des assemblées de Berkshire Hathaway, on constate une présence imposante des partisans et des disciples les plus proches de Warren Buffett. Et l'atmosphère unique qui y règne fait en sorte que les dirigeants de sociétés importantes qui viennent à Omaha sont facilement accessibles aux actionnaires ordinaires. Donc, avant que la fin de semaine ne soit terminée, j'ai eu la chance inouïe de discuter avec un groupe qui comprenait notamment : Tony Nicely de Geico, Ajit Jain de Berkshire Re, de même que Prem Watsa de Fairfax Financial [une entreprise canadienne], Tom Gayner de Markel Insurance, Tom Russo d'AIG, Steve Wallman, un ancien dirigeant de la SEC, et bien d'autres. G.S.

 

 

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