Une entreprise géniale n'est pas nécessairement un bon placement

Publié le 18/06/2010 à 11:00

Une entreprise géniale n'est pas nécessairement un bon placement

Publié le 18/06/2010 à 11:00

Par Marie-Claude Morin

Vito Maida, associé de Patient Capital Management. Photo : DR

" Ce n'est pas parce que l'entreprise est géniale qu'elle est un bon investissement ", rappelle Vito Maida. Le portefeuilliste a d'ailleurs fait de la patience son mantra, comme le montre le nom de sa firme, Patient Capital Management, dont l'actif est composé à 35 % de liquidités.

Malgré les tumultes des marchés boursiers, M. Maida n'a affiché aucun rendement négatif depuis qu'il a fondé sa firme, il y a 10 ans, après qu'il a été congédié par Trimark, qui le jugeait trop prudent pendant la période qui a précédé la bulle technologique.

" Nous avons obtenu un rendement de beaucoup inférieur aux indices pendant cinq ou six ans, mais notre philosophie de placement a fait ses preuves en 2008 et 2009 ", explique le gestionnaire en entrevue dans ses bureaux de Toronto.

Très prudent, M. Maida cherche avant tout à éviter les pertes pour sa centaine de clients. " À long terme, c'est ce qui nuira le plus aux rendements, puisqu'il faut des gains de 100 % pour récupérer une perte de 50 % ", dit-il.

Des critères de sélection très restrictifs

Selon M. Maida, rien ne sert d'acheter le titre d'une bonne entreprise si on paie trop cher. Il recherche donc des titres qui s'échangent à des ratios inférieurs à 10 fois les bénéfices attendus, un objectif difficile à atteindre, reconnaît-il. " Les investisseurs qui désirent vraiment acheter peuvent payer jusqu'à 12 fois les bénéfices attendus pour des titres de très haute qualité qui versent des dividendes de 3 à 3,5 % ", dit-il.

Pour retenir son attention, surtout par les temps qui courent, une entreprise doit être très peu endettée. Comme il s'attend à ce que les sociétés allouent une part importante de leurs liquidités à la réduction de leur dette, il préfère détenir des titres de sociétés qui ont les moyens d'accroître leurs avantages concurrentiels, que ce soit en améliorant leur productivité, en investissant en recherche et développement ou en achetant des rivales en difficulté.

M. Maida peut consacrer plusieurs semaines à analyser une entreprise. Son partenaire, Domenic Rinaldi, et lui analysent alors les 10 derniers rapports annuels, consultent les présentations de l'entreprise et les transcriptions de conférences téléphoniques, et discutent, lorsque possible, avec les dirigeants. Une fois décidés, ils prennent toutefois des positions importantes, puisque leur actif sous gestion (105 millions de dollars) est concentré dans une vingtaine de titres.

Ses titres préférés

Compte tenu des évaluations actuelles des autres titres et de leur évaluation historique, les multinationales, particulièrement les américaines, peuvent être de bons achats actuellement, dit M. Maida.

Ses coups de coeur vont toutefois aux européennes Diageo (vins et spiritueux) et Nokia (équipements de télécommunications). Il apprécie leur forte présence sur les marchés internationaux, qui leur permettra de profiter de la croissance des marchés émergents, leurs flux de trésorerie élevés, leur dividende solide, leur bilan sain et la sous-évaluation de leur action. " Le cours de ces titres permet d'espérer d'excellents rendements ", dit-il.

Le gestionnaire juge aussi attrayant le secteur américain de la santé, tant dans le domaine pharmaceutique, que dans ceux de l'assurance et des fournitures médicales. " Habituellement, nous n'effectuons pas d'analyse par secteur, mais l'étude de plusieurs titres individuels a attiré notre attention sur le secteur de la santé aux États-Unis ", explique-t-il.

Peu d'aubaines au Canada

Par ailleurs, Vito Maida a fait le plein d'actions de banques canadiennes au printemps 2009, et il hésite à les recommander actuellement : " Ce sont d'excellentes entreprises, mais elles sont évaluées à leur juste valeur. "

D'ailleurs, selon lui, l'ensemble du marché boursier canadien est bien évalué, ce qu'il explique par le cours des matières premières et les rendements élevés des institutions financières.

Les marchés en général coûtent pour le moment trop cher au goût de M. Maida. " Les Bourses sont remontées beaucoup trop rapidement, et les évaluations, qui sont dans le haut des fourchettes historiques, anticipent une croissance trop optimiste. "


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