Une surenchère à tout rompre pour Potash ? Pas si vite

Publié le 18/08/2010 à 16:20, mis à jour le 18/08/2010 à 17:28

Une surenchère à tout rompre pour Potash ? Pas si vite

Publié le 18/08/2010 à 16:20, mis à jour le 18/08/2010 à 17:28

Par Dominique Beauchamp

Photo: Bloomberg

La perspective d'une surenchère pour vos actions de Potash Corp. vous fait saliver ?

Un survol du prix potentiel que le géant minier anglo-australien BHP Billiton sera ultimement prêt à payer pour le "champion national" de la potasse suggère que l'investisseur doit bien soupeser le potentiel et le risque.

" L'offre actuelle de 135 $ CA forme en quelque sorte un cours-plancher pour le titre de Potash. En revanche, miser sur une offre nettement supérieure n'est pas sans risque ", écrit Edwin Chee, de BMO Nesbitt Burns.

Il rappelle que BHP a retiré son offre d'échange d'actions pour son rival Rio Tinto, en 2008.

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Le géant minier BHP a d'énormes ressources financières pour offrir davantage, ayant déjà obtenu un financement de 55 milliards de dollars américains en 2007 pour financer son offre avortée de 160 milliards de dollars pour sa rivale Rio Tinto Plc, notent plusieurs analystes.

BHP peut aussi offrir plus, car elle a la possibilité de revendre 20 milliards de dollars d'actifs de Potash dans le domaine de l'azote, de la phosphate ainsi que les placements de Potash dans Arab Potash et Iraeli Chemicals.

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BHP aime aussi trôner en tête de ses industries et est certainement disposée à offrir plus que l'actuel 135 $ CA par action pour mettre la main sur un joyau qui ajoutera un quatrième pilier à long terme à son portefeuille de ressources, disent aussi les analystes. 

Par contre, l'action de Potash a déjà explosé de 30 % depuis deux jours, ce qui réduit le gain potentiel que l'actionnaire peut encore espérer.

Surenchère de rivaux peu probable

Une surenchère de la part d'autres géants miniers semble peu probable, aux dires de plusieurs analystes.

La brésilienne Vale est au cœur d'un investissement de 11 milliards de dollars américains pour mettre en valeur des gisements de potasse au Brésil, dit Edwin Chee, de BMO Nesbitt Burns.

En outre, l'acrimonieux conflit de travail chez Vale Inco en 2009, à Sudbury, ne place pas le géant brésilien dans les bonnes grâces du gouvernement canadien.

"Vale ne bénéficie d'aucun avantage stratégique, opérationnel ou stratégique qui la motiverait à offrir plus que BHP ", indique Rene Kleyweg, de UBS.

La britannique Rio Tinto aurait pour sa part du mal à justifier une telle transaction, après la réussite mitigée de son acquisition d'Alcan, dit M. Chee.

Rio Tinto a notamment cédé ses gisements de potasse en Argentine et en Saskatchewan à Vale en 2009, rappelle Sam Kanes de Scotia Capitaux.

Quant au géant minier suisse Xstrata, il est embourbé dans un projet de fusion controversé avec son principal actionnaire, la firme d'investissement suisse Glencore International.

Une offre d'une société d'investissement chinoise est encore moins probable, aux yeux de M. Chee.

Soupeser un potentiel de gain de 8 à 23 % et un risque de recul de 34 %

Obtenir davantage que le cours actuel de 151,54 $ repose donc entièrement sur le véritable appétit de BHP pour Potash.

Le cours de Potash dépasse déjà le prix maximum de 143 $ par action que BHP serait prêt à payer, selon John Redstone, de Valeurs mobilières Desjardins.

Il faut imaginer que BHP soit prête à payer une généreuse plus-value de 60 % pour espérer recevoir l'offre de 187 $ CA par action que Hari Sambasivam, de la Financière Banque Nationale, croit possible.

" Les offres hostiles sont presque toujours bonifiées, mais les prix soufflés qui ont été payés par les acquéreurs dans le boum minier de 2007-08 ne sont pas de bons repères ", explique Sam Kanes, de Scotia Capitaux.

M. Kanes donne une probabilité de réussite de 80 % à l'offre actuelle de BHP et place son cours-cible à 168 $, soit une valeur fondamentale de 133 $ et une plus-value estimée à 35 $ pour l'offre. Il ajoute que seuls les fonds de couverture et spéculatifs ont l'agilité nécessaire pour profiter de telles spéculations.

Au cours actuel de Potash, le potentiel maximum de gain est de 37 % si BHP offrait le prix idéal de 208 $ avancé par deux analystes. Ce prix est le maximum que le bilan de BHP peut absorber.

Si BHP offrait 187 $ pour Potash, il faudrait attendre cinq ans avant que Potash contribue à ses profits, estiment Paul McTaggart, de Credit Suisse.

Les cours-cibles de quatre analystes laissent entrevoir un potentiel de gain de 8 à 23 %. Si BHP se retirait, le cours de Potash pourrait retourner au cours d"avant l'offre, soit une baisse de 34 %. 

 

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