Pourquoi Warren Buffett appuie-t-il Goldman Sachs?

Publié le 19/05/2010 à 09:05

Pourquoi Warren Buffett appuie-t-il Goldman Sachs?

Publié le 19/05/2010 à 09:05

Par Léonie Laflamme Savoie

Warren Buffett. Photo: Bloomberg.

Aux États-Unis, les médias commencent à se questionner sur le support inébranlable qu'offre Warren Buffett à Goldman Sachs et à son président, Lloyd Blankfein.

Les plus virulents détracteurs de Warren Buffett, on le devinera, proviennent de la Securities and Exchanges Commission (SEC).

Rappelons que l'organisme tente actuellement de prouver devant les tribunaux que Goldman Sachs a fraudé des investisseurs en leur vendant des produits adossés à des crédits hypothécaires.

« Pourquoi est-ce que Buffett prend place auprès des méchants (Goldman Sachs) et se braque contre les gentils (la SEC) », se demande le blogueur américain Dan Dorfman dans son texte "Not Everyone loves Warren Buffett", anciennement chroniqueur du Wall Street Journal, du USA Today et du magazine Esquire.

Lors de la dernière assemblée annuelle de Berkshire Hathaway, Warren Buffett a critiqué les mesures légales prises par la SEC à l'encontre de Goldman Sachs.

Il a alors soutenu que Goldman Sachs n'avait pas commis de faute et que la grande banque ne devait pas être blâmée pour les pertes enregistrées par les investisseurs.

Il a aussi profité de l'occasion pour donner tout son soutien au président et chef de la direction de la banque, Lloyd Blankfein.

Rappelons que la société de Warren Buffet, Berkshire Hathaway, détient près de 5 milliards de dollars (G$) en actions préférentielles de Goldman Sachs.

Ces titres ont été achetés au plus fort de la crise, en septembre 2008, et constituaient alors un audacieux pari qui rapporte maintenant près de 10% en dividendes par an.

Le blogueur Dan Dorfman soutient que la grogne de la SEC n'est pas seulement provoquée par la prise de position de Warren Buffett.

En effet, Warren Buffett dirait simplement tout haut ce que bien d'autres acteurs de Wall Street pensent tout bas : la SEC n'a pas de réelle chance de battre Goldman Sachs en justice.

« Je crois que la SEC regarde trop de séries policières à la télévision », ironise l'une des sources anonymes de Dan Dorfman.

D'ailleurs, Warren Buffett n'est maintenant plus seul à parler. Jacob Frenkel, un ancien procureur fédéral ayant aussi travaillé pour la SEC, a déclaré que la poursuite en question n'était qu'« un paquet d'ordures » en prédisant qu'elle n'amènerait personne en prison.

Selon lui, la réputation de Goldman Sachs est sans taches et quiconque détient une action de la banque « a le droit de défendre publiquement son investissement ».

L'ancien président des États-Unis, Bill Clinton a aussi pris position en faveur de Goldman Sachs dans cette affaire.

Il a déclaré qu'il était « temps de laisser tomber la rhétorique et de se concentrer sur les faits » en faisant référence à la poursuite engagée par la SEC. Selon lui, ni Goldman ni son président n'ont commis de crimes.

La SEC repousse du revers de la main ces prises de position contre sa poursuite en soutenant qu'il est très difficile d'obtenir l'approbation des autorités fédérales pour prendre de telles mesures judiciaires.

Un des avocats de la SEC, Tom Von Stein, soutient d'ailleurs que non seulement la poursuite est justifiée et solide, mais qu'elle risque également de se terminer en faveur de la SEC.

Selon lui, Warren Buffett n'est pas un parti neutre dans cette affaire et qu'avec 5 G$ en jeu, il est sûrement difficile pour l'Oracle d'Omaha de rester complètement objectif dans son jugement.

 

 

À suivre dans cette section

À la une

Il faut concentrer les investissements en R-D, dit le Conseil de l’innovation du Québec

24/04/2024 | Emmanuel Martinez

L’État devrait davantage concentrer les investissements en R-D dans certains secteurs, selon le Conseil de l’innovation.

Repreneuriat: des employés au rendez-vous

23/04/2024 | Emmanuel Martinez

REPRENEURIAT. Le taux de survie des coopératives est bien meilleur que celui des entreprises privées.

De nouvelles règles fiscales favorisent le repreneuriat familial

Édition du 10 Avril 2024 | Emmanuel Martinez

REPRENEURIAT. Elles devraient stimuler le transfert d'entreprise à des proches.