Le pdg d'Air Canada reste serein à la veille des négociations collectives

Publié le 27/11/2010 à 00:00, mis à jour le 03/12/2010 à 15:34

Le pdg d'Air Canada reste serein à la veille des négociations collectives

Publié le 27/11/2010 à 00:00, mis à jour le 03/12/2010 à 15:34

Photo: Bloomberg

Calin Rovinescu, président et chef de la direction d'Air Canada, était le conférencier du Rendez-vous financier Les Affaires qui a eu lieu le 17 novembre à Montréal. Il a répondu à nos questions.

Quinzième transporteur aérien du monde, Air Canada est sur une bonne lancée. Il y a deux semaines, la direction a annoncé un bénéfice d'exploitation de 327 millions de dollars (M $), un des meilleurs résultats trimestriels de son histoire. Il s'agit d'une augmentation de près de 400 % par rapport à l'année dernière. Et, depuis le début de l'année, le cours de ses actions a presque triplé, passant de 1,50 à 3,65 $ le 22 novembre.

C'est dans ce contexte que le président d'Air Canada entame le renouvellement des quatre conventions collectives de ses 26 000 employés. Une étape périlleuse qu'il aborde avec confiance.

Les Affaires - La situation financière d'Air Canada s'est beaucoup améliorée. À tel point que l'ensemble des analystes du secteur recommandent l'achat de votre titre. Cela ne vous place-t-il pas dans une position délicate, à l'aube de négociations collectives ?

Calin Rovinescu - Ces échéances simultanées créent un défi. Cependant, depuis 18 mois, les relations avec les syndicats se déroulent bien. Nos échanges sont bénéfiques pour tout le monde. L'été dernier, lors des négociations sur le régime de retraite, nous avons accordé aux employés des actions qui valent aujourd'hui 70 M$. Ils ont vu qu'un certain niveau de coopération est bon pour eux. Ils bénéficient de cette hausse de la valeur des actions.

Je m'attends donc à avoir de bonnes discussions, mais à ce qu'elles soient aussi responsables que l'été dernier. Je n'ai pas observé de gens qui veulent nuire à la réussite que nous avons eue depuis l'année dernière.

L.A. - Après Vancouver et Toronto, à quand une première liaison directe entre Montréal et la Chine ?

C.R. - En principe, on devrait commencer à recevoir nos avions de Boeing en 2013. Une fois que ce sera fait, nous pourrons commencer à regarder de nouvelles liaisons avec la Chine, chose que nous ne pouvons faire avec notre parc aérien actuel. Sans compter notre intention de conserver notre discipline financière encore quelques années.

L.A. - Vous avez inauguré une nouvelle liaison entre Calgary et Tokyo l'été dernier, rendue possible grâce à la contribution de la Ville de Calgary. Est-ce une méthode dont devrait s'inspirer Montréal pour s'attirer une liaison vers l'Asie ?

C.R. - Si nous lançons une liaison entre Montréal et la Chine, ce service sera déficitaire pendant au moins deux ans. Il ne s'agit pas de payer une liaison, mais de mettre en place des incitatifs pour encourager l'implantation d'un service. Il faut être un peu créatif pour limiter les coûts pendant la période initiale. Vancouver, Calgary et Toronto le font. Montréal pourrait aussi, mais cela prend un effort de toute la collectivité.

L.A. - La valeur du huard atteint des sommets depuis plusieurs mois. De quelle manière cela influence-t-il vos revenus ?

C.R. - C'est une bonne chose pour nous. Par exemple, on achète 2,5 milliards de dollars américains de carburant par année. Cela nous aide par rapport aux entreprises américaines. L'achat d'avions, les locations d'appareils et certaines dépenses d'entretien se font en dollar américain.

L.A. - Vous souhaitez limiter l'accès au marché canadien à Emirates Airlines. Cette position nuit à des tiers, comme Bombardier, à qui on menace maintenant de ne plus acheter d'appareils. Pourquoi une telle opposition ?

C.R. - Malgré ce que prétend Emirates Airline, le niveau de service actuel répond à la demande de transport entre le Canada et Dubaï ou Abou Dabi. Ce n'est pas tant le trafic de point à point qui l'intéresse que notre trafic de correspondance qu'Emirates désire détourner sur son territoire. Or, ce trafic nous est essentiel. Sur la liaison Ottawa-Francfort, 85 % des passagers sont des voyageurs de correspondance, c'est-à-dire qu'ils atterrissent à Francfort pour repartir aussitôt. Si nous offrons aujourd'hui cette liaison directe, nous le devons en grande partie à ces passagers. Nous ne pourrions nous permettre de perdre 10 % de ce trafic sans compromettre cette liaison. Voilà pourquoi nous tenons tête à Emirates et à quiconque menacerait notre position.

L.A. - Prévoyez-vous acquérir des avions CSeries de Bombardier ?

C.R. - Nous croyons que la gamme CSeries de Bombardier est un très bon avion. Nous sommes impressionnés par ce que nous avons vu. Le renouvellement de notre flotte d'A320 est un enjeu majeur. Nous étudions le sujet, tout en attendant de voir ce qu'Airbus et Boeing nous proposeront comme choix.

Mais, comme cette décision est importante pour nous, elle pourrait aussi être longue à prendre. J'ai indiqué que nous allons regarder cela au cours de l'année prochaine. Il ne devrait donc pas y avoir d'annonce à ce propos avant une autre année.

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