Honda: un projet de 15G$ en Ontario

Publié le 25/04/2024 à 10:56, mis à jour le 25/04/2024 à 19:46

Honda: un projet de 15G$ en Ontario

Publié le 25/04/2024 à 10:56, mis à jour le 25/04/2024 à 19:46

Par La Presse Canadienne

Le gouvernement fédéral devrait accorder au constructeur automobile japonais environ 2,5G$ sous forme de crédits d’impôt. (Photo: La Presse Canadienne)

Honda s’apprête à construire une usine de batteries pour véhicules électriques à côté de son usine d’assemblage d’Alliston, en Ontario, qu’elle rééquipera pour produire des véhicules entièrement électriques, le tout dans le cadre d’un projet de 15 milliards de dollars (G$) qui devrait inclure jusqu’à 5G$ en investissements publics.

Les deux usines devraient créer un millier d’emplois, en plus de conserver les 4200 emplois existants à l’usine d’assemblage. Une fois que l’usine automobile sera pleinement opérationnelle en 2028, elle devrait produire jusqu’à 240 000 véhicules par année.

L’annonce a été effectuée jeudi matin, à Alliston, en présence du premier ministre du Canada, Justin Trudeau, et de son homologue de l’Ontario, Doug Ford.

M. Trudeau a soutenu que le Canada était en mesure d’attirer des investissements majeurs parce qu’il possédait d’importantes ressources naturelles, une énergie propre et des travailleurs qualifiés.

«L’annonce d’aujourd’hui changera le visage du secteur canadien de la fabrication, a-t-il indiqué. L’investissement de Honda est un vote de confiance envers le Canada, les travailleurs canadiens de l’automobile et tout le secteur de l’automobile du Canada. Ensemble, nous créons des emplois bien rémunérés, nous faisons croître notre économie et nous gardons notre air pur.»

Le chef du Nouveau Parti Démocrate, Jagmeet Singh, a profité d’une visite dans la circonscription montréalaise de M. Trudeau pour signaler au premier ministre que cette construction devait s’accompagner de plusieurs conditions.

«Si on utilise de l’argent public, il faut la garantie d’emplois bien rémunérés, syndiqués, et que les investissements restent au Canada. Sans ces garanties, je ne suis pas d’accord avec ces investissements», a prévenu M. Singh.

L’accord n’implique pas de subventions à la production, qui avaient été utilisées pour convaincre deux autres constructeurs automobiles d’implanter des usines de batteries en Ontario plutôt qu’aux États-Unis, en raison des incitatifs prévus par la Loi sur la réduction de l’inflation de l’administration américaine.

Mais le gouvernement fédéral devrait accorder au constructeur automobile japonais environ 2,5G$ sous forme de crédits d’impôt.

Le récent budget de la ministre fédérale des Finances, Chrystia Freeland, prévoyait un crédit d’impôt de 10% pour l’investissement dans la chaîne d’approvisionnement des véhicules électriques sur le coût des bâtiments liés à la production de véhicules électriques, à condition que l’entreprise investisse dans l’assemblage, la production de batteries et la production de matériaux actifs cathodiques au Canada.

Cela s’ajoute à un crédit d’impôt existant de 30% pour l’investissement dans la fabrication de technologies propres sur le coût des investissements dans de nouvelles machines et équipements.

Le gouvernement de l’Ontario s’est engagé de son côté à fournir jusqu’à 2,5G$ directement — notamment pour les coûts d’investissement — et indirectement, notamment pour couvrir les coûts de viabilisation des sites.

Le projet de 15G$ comprend l’usine rééquipée, une usine de batteries pour véhicules électriques à proximité, ainsi que deux installations clés de pièces de batteries — pour cathodes et séparateurs — situées ailleurs en Ontario.

Honda et POSCO Future M construiront une usine de traitement de matières actives cathodiques et de précurseurs, et le constructeur automobile construira également une usine de séparateurs, dans une coentreprise avec Asahi Kasei.

Le PDG mondial de Honda, Toshihiro Mibe, a laissé entendre que l’entreprise pourrait bien ne pas s’arrêter là. «À l’avenir, Honda envisagera de construire une chaîne de batteries complète au-delà des quatre domaines: les véhicules électriques, les batteries de véhicules électriques, les matériaux cathodiques et les séparateurs», a-t-il déclaré, affirmant que le recyclage des batteries était également essentiel.

«Honda réalisera une création de valeur à faible émission de carbone tout au long du cycle de vie de la batterie. De cette manière, Honda établira une base commerciale très rentable et contribuera à la réalisation d’une société neutre en carbone.»

Incitatifs et négociations

L’installation de Honda sera la troisième usine de batteries pour véhicules électriques en Ontario, après celles de Volkswagen, à St. Thomas, et de Stellantis LG, à Windsor.

L’accord avec Honda survient après des années de réunions et de discussions entre les dirigeants et le gouvernement de l’Ontario, qui ont débuté après la dernière grande annonce gouvernementale faite à l’usine Honda d’Alliston.

MM. Trudeau et Ford, ainsi que les dirigeants de Honda, étaient présents en mars 2022 lorsque le constructeur a annoncé la production de véhicules hybrides à cette usine, avec une aide de 131,6 millions de dollars (M$) de chacun des deux ordres de gouvernement. Cette annonce a lancé des discussions sur un investissement potentiel plus important dans les véhicules électriques, et les négociations ont commencé cet été-là.

Au milieu de ces négociations, en mai 2023, Stellantis et LG ont arrêté la construction de leur usine de batteries pour véhicules électriques d’une valeur de 5G$, alors qu’ils faisaient pression sur le gouvernement fédéral pour qu’il s’aligne sur ce que les États-Unis offriraient dans le cadre de leur nouvelle Loi sur la réduction de l’inflation.

Ils ont finalement conclu un accord avec le Canada et l’Ontario selon lequel les entreprises recevront des incitatifs à la performance pouvant atteindre 15G$ sur environ 10 ans. L’offre a également été étendue à Volkswagen pour son usine de batteries et cet accord pourrait générer jusqu’à 13G$ d’incitatifs.

La ministre Freeland avait expliqué que d’importants incitatifs à la production étaient nécessaires pour Volkswagen et Stellantis afin de contribuer à établir l’économie verte du Canada et garantir que les entreprises ne soient pas attirées vers les États-Unis.

Le gouvernement fédéral a indiqué plus tard que le robinet avait été fermé, mais le ministre du Développement économique de l’Ontario, Vic Fedeli, a déclaré dans une entrevue que cela n’avait pas fait dérailler les négociations avec Honda.

«Je pense qu’ils étaient bons au départ, mais le reste de l’industrie commence maintenant à réaliser, partout en Amérique du Nord, qu’il faut être là où il faut vraiment être pour le talent, l’énergie propre et les minéraux essentiels», a indiqué le ministre ontarien.

Les deux autres usines de batteries en chantier en Ontario ont également commencé à attirer d’autres composantes dans la chaîne d’approvisionnement, a déclaré M. Fedeli, ce qui est devenu une autre partie de l’argumentaire pour Honda — et peut-être pour d’autres entreprises.

«Nous voulions des fabricants de véhicules électriques, nous voulions quelques fabricants de batteries, et maintenant nous devons remplir cette principale chaîne d’approvisionnement: cathodes, anodes, séparateurs, électrolytes, feuilles de cuivre, hydroxyde de lithium — les six composants majeurs», a-t-il déclaré.

«Nous avons encore un peu de place dans nos offres globales d’incitatifs pour cette grappe de six composants. Après cela, l’incitatif est le suivant: nous vous avons amené un client. Nous vous avons amené un fabricant de batteries […] Vous devez aller conclure votre accord avec eux. Vous avez suffisamment d’incitatifs pour venir ici.»

Allison Jones, La Presse Canadienne

 

 

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