La production de pétrole non conventionnel devrait bondir de 450% d'ici 2030. Photo: Bloomberg
Impossible de se libérer de notre dépendance au pétrole? Non, répond Equiterre qui propose aux Québécois de le faire d'ici 2030.
Dans un document d'une soixantaine de pages qu'il a dévoilé ce matin, le groupe écologiste s'adresse directement au gouvernement du Québec.
Voici un résumé vidéo de l'entrevue avec Hugo Séguin d'Équiterre:
Hugo Séguin, a indiqué que le comportement du gouvernement québécois détenait certains «aspects schizophréniques», expliquant que ce dernier se dote d’ambitieux objectifs environnementaux tout en continuant de développer des projets d’envergure allant à l’encontre de ces mêmes objectifs. «L’échangeur Turcot en est un exemple», a-t-il dit à LesAffaires.com.
Les citoyens devront eux aussi mettre la main à la pâte et accepter, par exemple, le péage sur les autoroutes et des taxes sur le stationnement.
Pour parvenir à réduire cette dépendance au pétrole, Equiterre propose, entre autres choses, d'abandonner le chauffage au mazout dans les nouvelles constructions, d'assurer une meilleure protection des terres agricoles et d'oeuvrer à la densification des milieux déjà construits.
L’organisation demande une révision de l'aménagement urbain afin de permettre aux Québécois de combler leurs besoins en produits et services essentiels à une distance de moins de 500 mètres de leur résidence.
Sombre portrait
À l’heure actuelle, le pétrole reste la première source d’énergie au plan mondial, selon les chiffres de l’Agence internationale de l’énergie. Environ 30 milliards de barils sont consommés annuellement, ce qui représente 85 millions de barils de pétrole par jour (mbl/j). D’ci 2030, il devrait s’en consommer 106 mbl/j.
Et voilà que depuis les années 70, rappelle l’étude, une soixantaine de pays producteurs – soit trois pays producteurs sur quatre – connaissent une production décroissante.
D’ailleurs, l’Agence internationale de l’énergie estime que 73% des champs pétrolifères européens et 81% de ceux en Amérique du Nord ont déjà été extraits. Ce serait aussi le cas de 50% des réserves des champs d’exploitation en Afrique et de 32% au Moyen-Orient.
Au déclin de la production actuelle des champs pétrolifères s’ajoute une hausse de la demande mondiale. Résultat : d’ici 2030, la demande du pétrole non conventionnel, comme les sables bitumineux, devrait augmenter considérablement.
Selon l’AIE, la production mondiale de ce type de pétrole devrait bondir de 450%. Elle passerait de 1,2 mbl/j en 2007 à 5,9 mbl/j en 2030.
Et le Québec n’est pas en reste. Sa dépendance à la précieuse ressource inquiète Equiterre qui rappelle que les combustibles fossiles constituent 50% de l’énergie consommée dans la province.
À eux seuls, les produits pétroliers comptent pour 37,7% de la consommation énergétique québécoise. Principalement en provenance de l’Algérie (39%), du Royaume-Uni (20%) et de la Norvège (10%), le pétrole importé sert à alimenter le transport, secteur représentant 70% de la consommation.
