Research In Motion part à la conquête des pays émergents

Publié le 18/06/2010 à 18:00

Research In Motion part à la conquête des pays émergents

Publié le 18/06/2010 à 18:00

Par Alain McKenna

Photo : Bloomberg

Research In Motion (RIM) est attaquée sur tous les fronts. Son château fort, le marché nord-américain des téléphones intelligents destinés aux gens d'affaires, est pris d'assaut par les géants Apple, avec l'iPhone, et Google, avec Android.

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Résultat : l'action de RIM s'est repliée de 35 % depuis un an à la Bourse de Toronto, tandis que l'indice S&P/TSX a progressé de 15 %.

Plutôt que de se livrer à une surenchère technologique, l'entreprise ontarienne préfère lancer une contre-offensive dans les marchés émergents, où ses rivales sont moins présentes, une stratégie saluée par les analystes financiers. " RIM semble prendre la bonne voie. La croissance des ventes à l'étranger en témoigne ", souligne Tim Long, analyste chez BMO Marchés des Capitaux.

Au quatrième trimestre de l'exercice 2010 clos à la fin de février, les abonnements nets à l'international ont pour la première fois progressé plus rapidement que les abonnement nets en Amérique du Nord. Au dernier trimestre, RIM tirait 37 % de ses revenus à l'extérieur de l'Amérique du Nord.

Une offre mieux adaptée aux besoins des fournisseurs

La croissance dans les pays émergents sera particulièrement surveillée le 24 juin prochain, lorsque RIM publiera les résultats financiers de son premier trimestre terminé le 29 mai.

M. Long est optimiste : " Nos sources indiquent que le marché de l'Amérique du Sud est celui où RIM connaîtra la croissance la plus rapide, avant l'Europe et l'Amérique du Nord. " L'analyste prévoit un bénéfice par action de 5,50 $ US au premier trimestre, 0,08 $ US de plus que le consensus des analystes, qui l'établit à 5,42 $ US, selon Bloomberg.

D'après Gus Papageorgiou, analyste principal de Scotia Capitaux, l'offensive internationale de RIM pourrait s'avérer plus payante à long terme qu'une surenchère technologique avec Apple et Google. Selon lui, RIM offre des appareils plus abordables qui répondent mieux aux besoins des grands fournisseurs de services sans fil d'Amérique du Sud et d'Asie. " Les produits de RIM leur permettent d'offrir des forfaits prépayés, et de détailler ces forfaits en fonction d'applications spécifiques (courriel, Web, etc.) ", écrit-il. Les fournisseurs peuvent bâtir des plans sur mesure afin de maximiser leurs revenus. À l'opposé, Apple et Google offrent des appareils sophistiqués plus coûteux et imposent leur modèle au marché.

Talonnée par Apple et Google

Cette croissance à l'international est cruciale pour l'ontarienne. RIM domine encore le marché des téléphones intelligents, mais est talonnée par l'iPhone et les téléphones Android. Cette année, leurs parts de marché combinées en Amérique du Nord devraient passer de 33 à 40 %, selon les prévisions de la firme Canalys. Pendant ce temps, celle du BlackBerry reculerait de 49 à 43 %.

La rivalité a monté d'un cran le 7 juin dernier. Apple a lancé la dernière version de son téléphone intelligent : l'iPhone 4, dont les nouvelles caractéristiques viennent directement concurrencer le BlackBerry. Apple a notamment amélioré la sécurité des données sur son dernier-né.

Phillip Huang, analyste chez UBS, craint que ces améliorations ne nuisent à la popularité du BlackBerry auprès des gens d'affaires. " Nous nous attendons à ce qu'Apple attire beaucoup l'attention dans le marché des entreprises, grâce au nouveau modèle d'iPhone qu'elle vient de dévoiler ", commente-t-il. Cette intensification de la concurrence rend l'analyste soucieux, et l'a mené à réduire de 75 à 70 $ son cours cible d'un an sur RIM.

Le marché des gens d'affaires constitue le coeur des affaires de RIM : 175 000 entreprises dans le monde utilisent le logiciel BlackBerry Enterprise Server (BES), qui leur permet de gérer à distance les téléphones intelligents de leurs employés. Le géant de Waterloo offre aussi à ses clients un soutien technique qui le rend populaire auprès des gestionnaires des grandes entreprises.

" Cependant, pour la première fois avec la version 4, l'iPhone comprend des outils de sécurité qui semblent satisfaire les gestionnaires ", note Benoît Descary, président de DCE Solutions, un intégrateur de solutions mobiles de Montréal.

Un BlackBerry amélioré lancé cet été

Sur le plan de l'innovation, RIM lancera cet été la version 6 de son système BlackBerry, qui apportera quelques améliorations à certaines applications, comme le fureteur Web. Deux nouveaux appareils devraient en profiter dès cet été : le Bold 9650 et le Pearl 3G.

Au cours des dernières semaines, Apple a continué d'occuper l'avant-scène avec le lancement de sa tablette iPad, qui connaît un vif succès. Keith Bachman, analyste chez BMO Marchés des capitaux, vient de relever ses prévisions de vente de l'iPad de 9,5 à 17 millions d'appareils d'ici la fin de septembre 2011, date de clôture du prochain exercice d'Apple.

Conclusion, la lutte sur le territoire nord-américain s'annonce encore chaude.

 

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