Faire preuve de prudence sur les réseaux sociaux après un licenciement

Publié le 23/04/2024 à 12:03

Faire preuve de prudence sur les réseaux sociaux après un licenciement

Publié le 23/04/2024 à 12:03

Par La Presse Canadienne

Les travailleurs licenciés qui jettent en ligne un éclairage négatif sur leurs anciens employeurs pourraient mettre en danger leurs indemnités de départ. (Photo: La Presse Canadienne)

Vous avez été invité à une réunion avec votre patron et un représentant des ressources humaines. Cela arrive à un moment d’incertitude sur votre lieu de travail.

L’heure s’annonce grave: vous êtes sur le point d’être licencié. 

Alors que certains travailleurs peuvent publier un message sur LinkedIn ou rester complètement silencieux sur les réseaux sociaux, une tendance est en train d’émerger: les employés de la génération Z et de la génération Y filment l’expérience émotionnelle et la diffusent sur des plateformes de réseaux sociaux telles que TikTok pour qu’un grand nombre de personnes puissent voir la scène.

Il est indéniablement difficile de penser clairement lorsque l’on est sous le choc de la perte de son emploi. Cependant, les experts disent qu’il est préférable de prendre du recul et de réfléchir attentivement au message que vous souhaitez faire passer avant de publier un licenciement en ligne, car cela pourrait potentiellement vous affecter d’un point de vue juridique, financier et professionnel pour les années à venir.

«Vous pouvez publier quelque chose sur les réseaux sociaux et cela reste pour toujours», fait savoir Neena Gupta, associée chez Gowling WLG, spécialisée dans le droit du travail et les droits de la personne.

«Et même lorsque vous supprimez votre message, il peut avoir des échos. Alors demandez-vous si c’est ou non l’impression dont vous voulez que les gens se souviennent dans cinq ans», ajoute-t-elle. 

Vivre un licenciement est un processus douloureux, et en tant qu’êtres humains, notre jugement s’amenuise lorsque nous nous sentons à vif et en colère, mentionne Neena Gupta.

Immédiatement après un licenciement, vous ne pensez peut-être pas nécessairement aux obligations de confidentialité envers votre ancien employeur, à la manière dont vous vous présentez auprès d’un employeur potentiel ou aux dispositions sur la diffamation. 

 

Faire preuve de professionnalisme

Toutefois, cela ne signifie pas que vous devez garder le silence en ligne après un licenciement. Pour éviter toute répercussion, Neena Gupta suggère d’utiliser un ton neutre lorsqu’on partage l’expérience en ligne.

«Le monde a changé. Nous savons que les emplois ne sont pas éternels. Avec la plupart des licenciements, il n’y a pas de quoi avoir honte, même si vous réalisez: ‘‘Vous savez quoi, je n’étais pas tout à fait ce qu’ils recherchaient’’.

«Et si vous pouvez faire preuve d’un peu de classe et de professionnalisme, cela fera beaucoup de chemin», mentionne-t-elle.

Selon Kadine Cooper, coach en transition de carrière et de vie, la première chose que vous devriez faire après avoir été informé d’un licenciement est de prendre le temps de vous ancrer et d’accepter la perte. 

Une fois que vous avez traité ces émotions difficiles, demandez-vous ce que vous voulez faire pour la suite, où vous pourrez rechercher du mentorat et vous entourer de personnes qui veulent que vous réussissiez.

Lorsque vous êtes prêt à partager votre mise à jour de carrière en ligne, assurez-vous d’adopter un ton positif et professionnel, car cela peut vous préparer à de futures opportunités, recommande Kadine Cooper.

«Commencez à créer un récit positif à ce sujet, explique-t-elle. Rédigez vos publications de manière à mettre en valeur votre résilience et votre adaptabilité et commencez peut-être même à mettre l’accent sur certaines des expériences que vous avez acquises au cours de cette période au sein de l’entreprise.»

 

Des conséquences

D’un autre côté, si certaines personnes choisissent d’être franches au sujet de leur expérience de licenciement afin d’accroître la transparence autour de certains employeurs ou secteurs d’activité, Kadine Cooper estime que «se déchaîner» sur les médias sociaux peut nuire à ses perspectives d’emploi et décourager d’anciens collègues de travail de nous fournir des références pour un autre emploi «Je pense qu’il est essentiel d’être honnête sur la situation sans divulguer trop d’informations sensibles. Donc, vous ne voulez blâmer personne pour les licenciements», affirme-t-elle.

Les travailleurs licenciés qui jettent en ligne un éclairage négatif sur leurs anciens employeurs pourraient également mettre en danger leurs indemnités de départ, souligne Neena Gupta.

Elle raconte avoir déjà représenté un employeur qui ne voulait pas céder aux négociations de départ avec un employé parce que ce dernier avait choisi d’enregistrer secrètement sa réunion de licenciement et de la partager sur les réseaux sociaux.

«C’était malheureux parce que je pense que cela s’est retourné contre l’employé, note Neena Gupta. Au lieu de nous concentrer essentiellement sur ce sur quoi nous aurions dû nous concentrer, à savoir ce qui constitue une offre équitable pour quelqu’un qui occupe ce poste depuis tant d’années, notamment. Toute la négociation a essentiellement consisté à échanger des pointes sur la réunion secrètement enregistrée.»

Il y a également des répercussions juridiques à prendre en compte.

La plupart des contrats de travail et des lettres de licenciement contiennent une clause stipulant que l’employé ne doit pas dénigrer son employeur. Neena Gupta conseille de lire ces documents et la politique en matière de médias sociaux de votre lieu de travail, ainsi que d’être attentif à ce que vous partagez en ligne.

Sinon, vous risquez de vous retrouver mêlé à des poursuites en diffamation, prévient-elle. 

Neena Gupta et Kadine Cooper invitent à considérer un licenciement comme une expérience d’apprentissage et une chance de réseauter avec des gens et de déterminer ce que vous voulez vraiment faire ensuite.

«Utilisez ce temps pour rechercher les ressources dont vous avez besoin pour vous aider (...) à avancer», suggère Kadine Cooper.

 

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