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737 Max: Boeing lance une offensive de charme

AFP|Publié le 27 mars 2019

Boeing veut restaurer la confiance après deux catastrophes aériennes qui ont fait 346 morts à cinq mois d'intervalle.

Le patron par intérim de l’agence fédérale américaine de l’aviation sera sur des charbons ardents mercredi pour justifier devant le Congrès ses relations étroites avec Boeing, au moment même où le géant aéronautique lancera une offensive de charme pour restaurer la confiance ébranlée par deux catastrophes aériennes qui ont fait 346 morts à quelques mois d’intervalle.

Dan Elwell, responsable par intérim de l’agence chargée de donner son feu vert à tout ce qui vole aux États-Unis et qui jusque-là servait de référence dans une bonne partie du monde, va devoir tenter d’expliquer pourquoi la FAA a tardé à prendre la décision de clouer au sol la flotte des MAX après la tragédie d’Ethiopian Airlines, dont un Boeing 737 MAX 8 s’est écrasé près d’Addis Abeba le 10 mars, faisant 157 victimes.

Ce délai a fait naître des soupçons de collusion entre l’agence américaine et l’avionneur américain, d’autant que les autorités chinoises et européennes avaient rapidement décidé de ne plus laisser voler ces avions, en raison des similitudes de cet accident avec le crash du 737 MAX 8 de la compagnie indonésienne Lion Air le 29 octobre. 

Boeing, dont aucun responsable ne sera présent au Congrès mercredi, a de son côté lancé une offensive de charme pour convaincre que la version corrigée du système anti-décrochage MCAS équipant la flotte des 737 MAX -mis en cause dans ces accidents- est désormais opérationnelle.

De nombreux journalistes ainsi des pilotes et des responsables de compagnies aériennes ont été convoqués mercredi à Renton, le fief du constructeur dans l’État de Washington (nord-ouest), pour leur présenter les modifications et les rassurer.

Directement impliquée

La FAA, qui avait délégué une partie du travail de certification du 737 MAX à Boeing, «a été directement impliquée» dans l’approbation du MCAS (Maneuvering Characteristics Augmentation System), va affirmer Dan Elwell selon ses propos liminaires dont l’AFP a obtenu copie.

«Des ingénieurs de la FAA et des pilotes d’essais ont été impliqués dans l’évaluation opérationnelle du MCAS», doit-il déclarer à partir de 15h00, tout en expliquant que «comme c’est toujours le cas dans la certification de nouveaux produits, ce sont les données dans le temps qui permettent d’analyser en continu (le système) et de l’améliorer».

Il va toutefois concéder que face à des systèmes toujours plus complexes, «l’approche de la FAA en matière de supervision doit évoluer».

Boeing est lancé dans une course contre la montre pour obtenir une nouvelle autorisation de faire voler les 737 MAX.

Des essais en vols pour tester une version corrigée de ce système se sont déroulés lundi après des tests sur simulateurs de vol effectués samedi. 

Le MCAS, qui met l’avion en piqué quand cela est nécessaire pour lui permettre de reprendre de la vitesse et empêcher qu’il ne s’écrase, a été développé spécialement pour le 737 MAX dont les moteurs sont plus lourds que ceux du traditionnel 737 NG. 

Boeing a indiqué que la version finale devrait être soumise à la FAA «à la fin de la semaine», selon un responsable du constructeur.

En attendant l’autorisation

Parmi les changements apportés par Boeing, le MCAS ne pourra plus effectuer d’opérations répétées quand le pilote s’efforcera de reprendre la main et il sera automatiquement déconnecté en cas de désaccords entre les deux sondes d’incidence («Angle of attack», AOA), ont expliqué à l’AFP deux autres sources proches du dossier.

Ceci est un changement majeur car jusqu’à l’accident d’Ethiopian Airlines, le MCAS était paramétré pour suivre les informations d’une seule sonde à la fois. 

D’après les premiers éléments de l’enquête concernant le vol Lion Air, l’une des sondes d’incidence était tombée en panne mais elle avait continué à transmettre des informations aux calculateurs, notamment au MCAS. 

Le pilote sera en outre capable de déduire que le MCAS ne fonctionne plus grâce à un système d’alerte lumineux, baptisé «AOA disagree», indiquant que les deux sondes émettent des données contradictoires.

Boeing a informé les compagnies clientes du 737 MAX qu’elles pouvaient commander le correctif, gratuitement. Celui-ci sera installé ultérieurement sous réserve qu’il obtienne sa certification.

Le patron de la FAA doit aussi assurer aux élus que son agence n’autorisera le 737 MAX à reprendre les airs que si tout les paramètres montrent qu’il est «approprié» de le faire.