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À surveiller: Air Canada, BlackBerry et Gildan

Catherine Charron|01 avril 2022

À surveiller: Air Canada, BlackBerry et Gildan

Tandis que la reprise des voyages pour le plaisir semble sur la bonne voie, Kevin Chiang ne peut en dire autant pour les voyages d’affaires. (Photo: 123RF)

Que faire avec les titres d’Air Canada, BlackBerry et Gildan? Voici quelques recommandations d’analystes susceptibles de faire bouger les cours prochainement. Note: l’auteur peut avoir une opinion totalement différente de celle exprimée.

Air Canada (AC, 24,33 $): un solide plan de vol

Kevin Chiang, de CIBC Marchés des capitaux, fonde de grands espoirs dans la reprise d’Air Canada, et pas juste parce que le trafic aérien devrait retrouver ses niveaux prépandémie à partir de 2024.

Après avoir assisté à sa dernière réunion des actionnaires, l’analyste estime que le transporteur aérien a en effet plusieurs tours dans son sac, dont il n’a pu réellement user au début de 2020. Parmi ses projets sur la glace qui devraient lui permettre de «générer plus de revenus», Kevin Chiang inclut un plus grand déploiement du programme Aeroplan et de son nouveau système de réservation, son service de cargo et la mise à jour de sa flotte.

L’entreprise pourrait actionner de ses leviers pour générer des opportunités de croissance, dont certaines sont apparues pendant la pandémie.

Elle a aussi fait état de ses objectifs d’ici l’exercice 2024. La marge de son bénéfice avant intérêts impôts et amortissement devrait atteindre 19%, avec un effet de levier de 1,1 x, rapporte Kevin Chiang, qui croit que la société se trouve sur la bonne voie pour y arriver.

En 2022, son bénéfice par action ajusté est passé de -1,87 dollar ($) à -1,70 $ pour 2022, mais de 1,76 $ à 1,74 $ en 2023. Son bénéfice avant intérêts, impôts et amortissement ajustés devrait atteindre 1,403 million de dollars (M$) en 2022, et 2 910 M$ en 2023, alors que CIBC Marchés des capitaux misait précédemment sur 1 339 M$ et 2 911 M$ respectivement.

Le transporteur aérien estime que ses charges d’exploitation par siège mille offert ajusté en 2024 devraient être en hausse de 2 à 4% par rapport à celles en 2019. L’analyste rappelle que les capacités d’Air Canada seront à 95% de son niveau prépandémie. Ainsi, plus sa reprise se rapprochera du 100%, plus ses charges devraient se ressembler de ce qu’elle observait en 2019, estime-t-il, s’en tirant mieux que ses concurrentes qui ont aussi émis leurs prévisions dans le contexte inflationniste.

Tandis que la reprise des voyages pour le plaisir semble sur la bonne voie, Kevin Chiang ne peut en dire autant pour les voyages d’affaires. Air Canada a d’ailleurs indiqué qu’ils devraient atteindre de 75 à 80% de leur niveau prépandémie en 2023. En actionnant les bons leviers, le transporteur aérien sera en mesure de réduire le vide que créera cette reprise plus lente, estime l’analyste.

Même s’il ajuste ses calculs pour tenir compte des nouvelles prévisions émises par la direction, celles-ci sont somme toute similaires à celles qu’avait anticipées CIBC Marchés des capitaux, ce pourquoi l’analyste maintien son cours cible à 35 $, et sa recommandation à «surperformance» de secteur.

 

BlackBerry (BB, 7,46 $ US): la société peine à atteindre les cibles

BlackBerry (BB, 7,46 $ US): la société peine à atteindre les cibles

Malgré la performance peu réjouissante de BlackBerry au dernier trimestre et une révision de ses attentes pour l’exercice 2023, Paul Treiber de RBC Marchés des capitaux réitère se recommandation de «performance» de secteur, estimant que la valorisation de l’entreprise sur le marché est juste.

En effet, au quatrième trimestre, les revenus tirés de ses logiciels se sont établis à 174 millions de dollars américains (M$ US), soit sous ce que l’analyste et le consensus visaient, à 184 M$ US et 183 M$ US respectivement. Pourtant, ils sont en hausse de 9% par rapport à l’exercice précédent.

Elle doit cette cible ratée à sa division de cybersécurité, dont le taux de croissance par rapport à l’exercice 2021 est pratiquement nul.

Toutefois, sa meilleure performance que prévu du côté de ses licences et ses dépenses d’exploitation moindres qu’attendu lui ont permis de générer un bénéfice avant intérêt, impôts et amortissement ajusté de 20 M$ US, ce qui est mieux que ce sur quoi misaient l’analyste et Wall Street, à -16 M$ US et -15 M$ US respectivement.

La direction de BlackBerry s’attend encore une fois à ce que ses ratés du côté de la cybersécurité se poursuivent à l’exercice 2023 avec 477 M$ US en revenu, et non, 530 M$ US comme avait anticipé l’analyste.

Ceux tirés de sa solution de connectivité des objets devraient s’établir entre 200 et 210 M$ US, alors que Paul Trieber tablait sur 225 M$ US. Ce dernier ajuste d’ailleurs les revenus totaux de l’entreprise pour le prochain exercice, les faisant passer de 755 M$ US à 696 M$ US.

Son système d’exploitation QNX a gagné un nombre record d’appels d’offres, soit de 45, au cours du dernier trimestre. Paul Trieber rappelle qu’au dernier trimestre, elle en avait remporté 31. Sa division a aussi généré d’importants revenus alors que son système a été déployé dans de nombreux véhicules.

L’analyste souligne que même si la production d’automobiles ralentissait un peu, le nombre de contrats remportés laisse présager une belle croissance à long terme. BlackBerry planifie même embaucher 150 personnes pour soutenir la demande.

Malgré son «solide» carnet de commandes, sa croissance est ralentie par ses pertes du passé, et leur effet n’est pas près de s’estomper à court terme, prévient l’analyste.

N’empêche que sa valorisation sur les marchés lui semble juste. Son titre représente 4,5 x son ratio valeur d’entreprise par rapport à son cours cible pour les douze prochains mois, tandis que ses pairs dans le domaine de la cybersécurité s’échangent plutôt selon un ratio de 8,6 x.

 

Les vêtements de sport Gildan (GIL, 46,89 $, 37,48 $ US): un plan de match prometteur

Les vêtements de sport Gildan (GIL, 46,89 $, 37,48 $ US): un plan de match prometteur

Après avoir été conviée à la réunion des actionnaires de Gildan, Patricia A. Baker de la Banque Scotia est convaincue que l’entreprise devrait bien s’en tirer au cours des quatre prochaines années.

La direction a donné une meilleure idée de là où elle voit des opportunités de croissance sur le marché.

Gildan s’attend à ce que ses ventes croissent de 7-10% chaque année, et à des marges d’exploitation de 18 à 20%, estimant que d’ici les quatre prochaines années, elle devrait générer 2 milliards de dollars américains en ventes, rapporte l’analyste.

Patricia A. Baker souligne que l’entreprise déboursera au cours des trois prochaines années entre 0,6 et 0,9 milliard de dollars américains (6 à 8% de ses ventes) pour accaparer davantage de part de marché en tant qu’entreprise manufacturière peu coûteuse dont les activités sont verticalement intégrées.

Dans le contexte actuel, Gildan devient un fournisseur d’autant plus intéressant, estime-t-elle, car l’attrait pour le rapprochement des infrastructures de production est grandissant notamment.

De plus, son sérieux dans sa démarche de respect des critères ESG depuis de nombreuses années devrait jouer en sa faveur auprès de ses clients. Gildan n’a d’ailleurs pas terminé d’investir pour innover dans toutes les facettes de son organisation.

La société devrait aussi profiter de l’intérêt pour les vêtements pour faire de l’activité physique, de même que de la réouverture de l’économie et la reprise des voyages, puisque la vente de vêtements promotionnels liés au tourisme et au sport représente 27% de son marché.

Grâce aux solides bases de sa précédente stratégie «Back to basics», l’entreprise poursuivra sa croissance en mettant en place sa vision pour la rendre durable. Gildan est, selon la Banque Scotia, plus agile et rentable, et elle devrait être en mesure d’accroître sa capacité de production, d’être novatrice, de respecter ses critères ESG et de profiter de nombreuses opportunités pour grandir.

L’analyste garde toutefois un œil sur les conséquences de la COVID-19, la possible récession aux États-Unis (où l’entreprise a le plus de chance de croître), et sur l’effet des changements des prix de ses matières premières.

Elle maintient sa recommandation de «surperformance» de secteur, et son cours cible à 52 $ US.