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À surveiller: Air Canada, Goodfood et Banque BMO

Dominique Beauchamp|Mis à jour le 16 avril 2024

À surveiller: Air Canada, Goodfood et Banque BMO

(Photo: 123RF)

Que faire avec les titres d’Air Canada, Goodfood et Banque BMO? Voici quelques recommandations d’analystes susceptibles de faire bouger les cours prochainement. Note: l’auteur peut avoir une opinion totalement différente de celle exprimée.

Air Canada (AC, 27$): des fonds de 6 milliards assortis de plusieurs conditions

Le gouvernement fédéral est finalement parvenu à structurer un plan de soutien pour le transporteur totalisant presque 6 milliards de dollars, sous forme de prêts et d’actions.

Si le pacte réduit les risques de liquidités pendant une reprise encore incertaine, il dilue aussi le potentiel d’appréciation de de 7 à 9% des actionnaires existants, indique Doug Taylor, de Canaccord Genuity.

Air Canada émet en effet 500 millions de dollars d’actions à un cours de 23,18$, soit de 14% inférieur à celui qui prévalait en Bourse avant l’entente, explique l’analyste, dans une note préliminaire.

Le financement est aussi assorti de plusieurs conditions incluant le rétablissement des liaisons aériennes suspendues, le remboursement aux voyageurs des vols annulés, le maintien d’effectifs minimum ainsi que la préservation des caisses de retraite et des conventions collectives.

Des limites seront aussi imposées aux dépenses du transporteurs dont les salaires des dirigeants, les dividendes et les rachats d’actions.

Satisfait qu’un énorme voile d’incertitude soit levé, Doug Taylor entend raffiner son modèle financier pour inclure les nouveaux prêts, capitaux propres et restrictions.

Dans l’intervalle, l’analyste ne touche pas à son cours cible de 28$ et continue de recommander l’achat du titre.

Goodfood (FOOD, 8,36$): un nouvel analyste amorce le suivi avec prudence

Goodfood (FOOD, 8,36$): un nouvel analyste amorce le suivi avec prudence

Bien qu’il apprécie le marché potentiel et la stratégie de Marché Goodfood, Paul Treiber, de RBC Marchés des capitaux, ne recommande pas l’achat du fournisseur de solutions de repas prêts à cuisiner et de produits d’épicerie dont il amorce le suivi.

Le cours-cible de 9$, soit un multiple 1,3 fois les revenus prévus en 2022, offre un gain potentiel de seulement 7%.

L’analyste cite plusieurs points favorables, dont sa part de plus de 40% du marché canadien des trousses repas en boîte, ses sept établissements partout au pays, la croissance annuelle composée de 143% des revenus entre 2017 et 2020 et l’actionnariat de 37% des dirigeants.

La stratégie de Goodfood d’élargir ses activités à l’épicerie en ligne est logique puisque le taux d’adoption est passé d’une fourchette de 1,5-2% à 5% depuis 2019 au pays et devrait augmenter à 12,5% en 2025, indique l’analyste.

Le marché de la livraison de repas et d’aliments de 20 milliards de dollars est aussi 20 fois plus imposant que la niche des trousses repas. Le marché devrait aussi doubler à 45 G$ d’ici 2025.

En revanche, après la demande accrue provoquée par le confinement, la croissance annuelle des revenus ralentira de 72%, lors des 12 derniers mois, à 15%, au cours des douze prochains mois. Les consommateurs retourneront aux restaurants, épiceries et autres commerces en plus grand nombre.

L’entreprise devra tout de même soutenir ses dépenses de mise en marché et de marketing, une fois le pic pandémique passé, croit l’analyste de RBC.

De plus, l’épicerie en ligne est nettement plus concurrentielle et plus complexe que les trousses repas, ce qui risque d’affaiblir le rendement que pourra dégager Goodfood sur ses investissements, entrevoit-il. La société prévoit investir 200 M$ d’ici 3 à 5 ans dans son service d’épicerie en ligne et dans la livraison en un jour dans les grands centres urbains.

L’achat récent par Sobeys de 51% de la chaîne de 38 épiceries spécialisées Longo et de son service d’épicerie en ligne Grocery Gateways est un exemple de cette concurrence, dit-il.

Malgré sa taille grandissante, Paul Treiber doute aussi que Goodfood puisse relever la marge brute de 28$ par commande de repas. Depuis huit trimestres, le coût pour attirer et de garder chaque client est resté autour de 120$, précise-t-il. Un peu plus du tiers des clients quittent le service chaque trimestre.

Pour 2022, il prévoit donc des revenus de 428 M$ et une bénéfice d’exploitation ajusté de 10,2M$, soit respectivement 6% et 17% moins que le consensus.

Le titre de Goodfood est moins chèrement évalué en Bourse que les autres fournisseurs de trousses de repas, mais cet écart devrait persister en raison des incertitudes que soulève l’expansion de son service d’épicerie en ligne, craint-il.

Banque BMO (BMO, 115,72$): un milliard de dollars de plus pour acquérir aux États-Unis

Banque BMO (BMO, 115,72$): un milliard de dollars de plus pour acquérir aux États-Unis

La vente pour 1,1 milliard de dollars comptant de sa filiale internationale de gestion de portefeuilles n’est pas une surprise puisque des rumeurs circulaient depuis octobre.

La Banque BMO avait aussi exprimé sa volonté de se recentrer sur ses activités nord-américaines, qu’elle peut mieux rentabiliser.

Bien que cette transaction entraînera une perte comptable de 745 millions de dollars, elle aura un impact assez neutre sur les résultats de la banque puisque cette filiale contribuait peu aux profits, explique Meny Grauman, de Banque Scotia.

Son principal impact sera sur le ratio de capital de base réglementaire qui augmentera à 12,74%, soit le deuxième plus élevé après celui de la Banque TD.

L’analyste estime que la Banque BMO disposera donc d’un capital excédentaire d’environ 5,6 milliards de dollars pour procéder à des acquisitions aux États-Unis, où elle veut prendre de l’expansion dans les segments bancaire et de la gestion de patrimoine.

La transaction alimentera la spéculation autour d’acquisitions américaines, mais il faudra attendre de voir comment ce capital sera réinvesti et son rendement financier avant de se prononcer.

Entre-temps, Meny Grauman maintient sa recommandation d’achat et son cours cible de 126$.

Cet objectif d’un an, plus le dividende de 3,7%, offre un rendement total potentiel de 13,4%.