BCE s'implante aux États-Unis et annonce un gel de son dividende. (Photo: 123RF)
Que faire avec les titres d’Air Canada, Lightspeed et BCE? Voici quelques recommandations d’analystes susceptibles de faire bouger les cours prochainement. Note: l’auteur peut avoir une opinion totalement différente de celles exprimées par les analystes.
Air Canada (AC, 21,51$) : de bons résultats et un programme de rachat d’actions
Air Canada a dévoilé le premier novembre des revenus de 6,1 milliards de dollars (G$), un bénéfice avant intérêts, impôts et amortissement (BAIIA) ajusté de 1,52G$ et un bénéfice par action ajusté de 2,57$ pour le troisième trimestre de son exercice 2024.
De son côté, l’analyste Chris Murray, d’ATB Capital Markets, anticipait des chiffres respectifs de 6,2G$, 1,33G$ et 1,38$.
«Le consensus des analystes prévoyait des revenus de 6,21G$, un BAIIA de 1,28G$ et un bénéfice par action de 1,62$. Ces résultats supérieurs aux prévisions ont été obtenus grâce à un coefficient d’occupation élevé de 86,9% et à un bon contrôle des coûts malgré les risques de grève en septembre», explique-t-il.
Ce dernier ajoute que la direction du transporteur aérien a relevé sa cible de BAIIA pour l’ensemble de l’exercice à 3,5G$, ce qui implique un fort quatrième trimestre. La cible était auparavant dans une fourchette de 3,1G$ à 3,4G$.
L’analyste dit voir beaucoup de valeur dans le titre d’Air Canada, qui se négocie à un ratio de 3,3 fois le BAIIA prévu en 2025 et alors que la direction de la société affirme vouloir commencer à racheter de ses actions «agressivement» dès le 5 novembre.
«L’entreprise pourra racheter jusqu’à 10% de ses actions. Nous pensons qu’Air Canada peut financer le rachat grâce à ses flux de trésorerie et à une hausse de son ratio de levier financier à 1,5, lui qui était de 1 à la fin du troisième trimestre», dit-il. (On obtient ce ratio en divisant la dette nette par le BAIIA ajusté, NDLR).
«Cela s’avère aussi constructif pour l’exercice 2025, alors que les pressions à la hausse sur les coûts vont diminuer et que la demande va s’améliorer», écrit-il.
Pour l’ensemble de l’exercice 2024, l’analyste relève ses prévisions de BAIIA à 3,48G$ et de bénéfice par action à 3,18$. Elles étaient auparavant respectivement de 3,2G$ et de 1,87$.
Chris Murray modifie aussi ses cibles de 2025 et anticipe un BAIIA de 3,59G$ et un bénéfice par action de 1,86$, elles qui étaient de 3,56G$ et de 1,89$. Il introduit aussi ses cibles pour 2026 avec un BAIIA et un bénéfice par action prévus de 4G$ et de 2,24$ respectivement.
L’analyste conserve sa recommandation de «surperformance» sur le titre d’Air Canada et relève légèrement son cours cible sur un an, qui passe de 26,50$ à 28$.
Lightspeed (LSPD, 20,74$) : en voie de dévoiler des résultats conformes ou supérieurs aux prévisions
Lightspeed (LSPD, 20,74$) : en voie de dévoiler des résultats conformes ou supérieurs aux prévisions
L’entreprise de solution de paiement Lightspeed dévoilera ses résultats financiers du second trimestre de son exercice 2025 (terminé le 30 septembre) avant l’ouverture des marchés le 7 novembre.
L’analyste Todd Coupland, de Marchés des capitaux CIBC, s’attend à ce que la société dévoile des résultats conformes ou supérieurs aux prévisions des analystes et portera son attention sur les prévisions de la direction.
«Nous nous attendons à des prévisions qui marqueront une accélération des abonnements aux solutions logicielles et à une hausse de la cible de bénéfice avant intérêts, impôts et amortissement pour la seconde moitié de l’exercice», écrit-il.
Ce dernier ajoute que les données financières seront une démonstration aux actionnaires et aux acquéreurs potentiels du pivot de Lightspeed vers une croissance rentable, alors que la société mène une révision stratégique de ses activités.
L’analyste conserve son cours cible sur un an de 35$ sur le titre de l’entreprise, en se fondant sur un ratio de trois fois les ventes prévues durant l’exercice 2025.
«Selon FactSet, le titre de Lightspeed se négocie à 1,5 fois le ratio valeur d’entreprise/ventes prévues durant l’exercice 2025, loin sous celui de 5,5 fois des autres entreprises du secteur pour l’année 2024 en moyenne», précise-t-il.
Après le dévoilement des résultats, la direction de la société donnera aussi une «Journée des marchés des capitaux» à New York le 20 novembre, ce qui pourrait aussi servir de catalyseur au titre, selon Todd Coupland.
Ce dernier s’attend à des revenus de 275,7 millions de dollars (M$) et à un bénéfice avant intérêts, impôts et amortissement (BAIIA) de 12,1M$ pour le second trimestre. Le consensus des analystes mise sur des revenus de 274M$ et sur un BAIIA de 13M$, selon FactSet.
«Nos prévisions ciblent une croissance de 20% des revenus et une marge bénéficiaire de 4%», ajoute-t-il.
Pour l’ensemble de l’exercice 2025, il prévoit une augmentation de 22% des revenus sur un an et une marge bénéficiaire d’environ 4%. «Le marché cible total de Lightspeed compte 3,5 millions de petites et moyennes entreprises et sa solution est adaptée aux sociétés avec des besoins complexes, notamment celles qui combinent des boutiques physiques et une bonne présence en ligne et qui doivent avoir une capacité de gestion des stocks robuste», écrit-il.
L’analyste conserve sa recommandation de «surperformance» sur le titre de Lightspeed et son cours cible sur un an de 35$.
BCE (BCE, 40,45$) : acquisition majeure aux États-Unis et gel du dividende
BCE (BCE, 40,45$) : acquisition majeure aux États-Unis et gel du dividende
Avant l’ouverture des marchés boursiers lundi, BCE a annoncé l’acquisition de la société américaine Ziply Fiber pour un montant de 7 milliards de dollars (G$) en incluant la prise en charge d’une dette de 2G$.
Ziply Fiber est un fournisseur d’accès Internet par fibre optique de la région du Nord-Ouest Pacifique des États-Unis et permettra à BCE d’ajouter 1,3 million d’emplacements à son réseau nord-américain, qui en totalise 9 millions. Il s’agit d’une première incursion aux États-Unis pour le fournisseur canadien de services de télécommunications.
BCE utilisera un montant de 4,2G$ obtenu de la vente de sa participation dans Maple Leafs Sports & Entertainment (MLSE) pour financer la transaction.
«Ziply souhaite atteindre 3 millions d’emplacements d’ici quatre ans», précise Adam Shine, analyste à la Financière Banque Nationale. Ce dernier ajoute que le réseau nord-américain de BCE devrait alors en compter 12 millions.
BCE a aussi annoncé qu’elle cessait d’augmenter son dividende annuel, lui qui restera à 3,99$ d’ici la fin de l’exercice 2025. «BCE suspend la croissance des dividendes jusqu’à ce que ses ratios de distribution et de levier financier net se rapprochent des fourchettes cibles établies dans ses politiques, sous réserve d’une révision annuelle par son conseil d’administration», lit-on dans un communiqué de l’entreprise.
«La nouvelle de l’acquisition aux États-Unis est une surprise, alors que le titre de BCE sous-performe par rapport à ses pairs. Même si une portion importante de la transaction sera financée par le montant obtenu dans la vente de la participation de MLSE, le ratio d’endettement restera élevé à 3,7 fois le bénéfice avant impôts, intérêts et amortissement (BAIIA)», écrit Adam Shine.
Ce dernier souligne également que la transaction survient alors que la concurrence au Canada a miné les évaluations des entreprises de l’industrie des télécommunications.
«Même si les actionnaires ont à composer avec ces problèmes au Canada, ils auront besoin de temps pour digérer une incursion américaine. Nous anticipons que le prix de l’action restera sous pression durant les prochains trimestres», croit-il.
Le titre de BCE a terminé la séance de lundi sur un recul de 4,34$, ou de 9,69%, à 40,47$. De son côté, Adam Shine conserve sa recommandation de performance égale au secteur sur le titre de la société, mais son cours cible sur un an diminue, passant de 48$ à 42$.