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À Surveiller : Air Canada, Transcontinental et Alimentation Couche-Tard

Denis Lalonde|Mis à jour le 10 septembre 2024

À Surveiller : Air Canada, Transcontinental et Alimentation Couche-Tard

La direction d’Air Canada a annoncé lundi matin qu’elle se préparait à graduellement à un «arrêt ordonné» de ses activités dès le 15 septembre.

Que faire avec les titres d’Air Canada, Transcontinental et Alimentation Couche-Tard? Voici quelques recommandations d’analystes susceptibles de faire bouger les cours prochainement. Note: l’auteur peut avoir une opinion totalement différente de celle exprimée par les analystes.

Air Canada (AC, 15,25$) : le temps presse

La direction d’Air Canada a annoncé lundi matin qu’elle se préparait à graduellement à un «arrêt ordonné» de ses activités, alors que les discussions avec le syndicat de ses pilotes sont dans une impasse.

Dans un communiqué, l’entreprise a laissé entendre que les pourparlers se poursuivaient avec l’Air Line Pilots Association, qui représente plus de 5200 pilotes d’Air Canada et d’Air Canada Rouge, mais que les parties restaient très éloignées d’une entente.

Si aucune entente ne survient d’ici le 15 septembre, le syndicat peut déposer un préavis de grève de 72 heures et l’employeur peut faire de même avec un préavis de lock-out. Dans l’un ou l’autre des cas, cela forcerait le transporteur à mettre en place un plan de réduction de ses activités sur trois jours.

«Il semble de plus en plus probable que l’entreprise se dirige vers un conflit de travail. Dans ce contexte, un arrêt ordonné des activités est la bonne décision pour Air Canada. Si la société décidait de ne pas procéder de la sorte, elle pourrait se retrouver avec des appareils cloués au sol à travers le monde, ce qui compliquerait une éventuelle reprise de ses activités», écrit l’analyste Cameron Doerksen, de la Financière Banque Nationale.

L’analyste concède qu’un conflit de travail aurait des répercussions importantes sur la santé financière d’Air Canada, mais que le bilan du transporteur est en bonne santé. «Les vols régionaux opérés par les filiales Jazz et PAL pourraient théoriquement poursuivre leurs activités, mais ils transportent seulement 20% des passagers de l’entreprise», explique-t-il.

Pour donner une idée de l’ampleur des pertes qui attendent l’entreprise advenant un conflit de travail, il précise qu’au début de la pandémie, durant le second trimestre de 2020, Air Canada avait encaissé une perte avant intérêts, impôts et amortissement de 9 millions de dollars (M$) par jour, perte qui avait diminué à 6M$ par jour au troisième trimestre

Pour l’ensemble de l’exercice 2024, Cameron Doerksen s’attend à ce que la société génère un bénéfice avant intérêts, impôts et amortissement de 3,1 milliards de dollars (G$). «De plus, Air Canada possède des liquidités totalisant 8,9G$», dit-il.

Il soutient qu’Air Canada peut gérer des hausses salariales importantes, ajoutant que ces dernières doivent tout de même permettre au transporteur de rester concurrentiel. «Il a été rapporté que l’entreprise a offert des hausses salariales de 30% sur quatre ans, ce qui serait supérieur à celle de 24% consentie aux pilotes de WestJet (en mai 2023, NDLR). Le syndicat soutient que les augmentations permettraient aux pilotes d’Air Canada de se rapprocher des salaires des transporteurs aériens américains, alors que selon nous, la référence devrait être celle des salaires des pilotes des concurrents canadiens», dit-il.

L’analyste estime que le gouvernement fédéral pourrait intervenir afin d’éviter qu’un éventuel conflit s’éternise. «Les autres transporteurs aériens n’ont pas la capacité excédentaire pour absorber le trafic d’Air Canada. Un conflit qui durerait plus que quelques jours pourrait avoir un effet dévastateur sur l’industrie canadienne du transport aérien», juge-t-il.

Malgré les nuages noirs qui planent sur Air Canada, il conserve sa recommandation de «surperformance» sur le titre de l’entreprise, et son cours cible sur un an de 24$.

Transcontinental (TCL.A, 17,01$) : une croissance qui gagne en force

Transcontinental (TCL.A, 17,01$) : une croissance qui gagne en force

Transcontinental, entreprise spécialisée dans l’emballage souple, l’impression et l’édition, dévoilera les résultats financiers du troisième trimestre de son exercice 2024 après la fermeture des marchés le 11 septembre.

«Malgré des vents contraires cycliques et structurels, nous croyons que Transcontinental se transforme avec succès d’un imprimeur et société d’emballage et de services aux détaillants avec un retour de la croissance du bénéfice avant intérêts, impôts et amortissement (BAIIA) en 2024, entre autres grâce à une optimisation de sa structure de coûts», estime l’analyste Drew McReynolds, de Valeurs mobilières Desjardins.

Ce dernier dit anticiper que l’entreprise dégagera des flux de trésorerie libres de 2,25$ par action pour le trimestre, grâce à une diminution des dépenses en capital.

«Le titre se négocie à un ratio Valeur d’entreprise/BAIIA de 5,3 fois, alors que la moyenne des autres titres de sociétés d’emballage est de 7 fois», écrit l’analyste, qui précise que chaque augmentation de 0,5 fois du ratio se traduirait par une hausse de 2,50$ par action pour le titre.

L’analyste dit voir de la valeur dans le titre de Transcontinental, étant donné la solide feuille de route de l’équipe de direction en matière d’exécution et de gestion du bilan financier.

Pour le troisième trimestre, l’analyste s’attend à ce que la société génère des revenus et un BAIIA de 702 millions de dollars (M$) et de 113M$ respectivement. Le consensus des analystes anticipe aussi des revenus de 702M$, mais un BAIIA un peu plus élevé à 116M$.

«Nous prévoyons que la division de l’emballage souple verra ses revenus progresser de 2% sur un an à 411,4M$, grâce à une augmentation de la demande, et à une marge bénéficiaire de 15,3%, elle qui était de 13,3% au trimestre correspondant il y a un an», explique l’analyste.

Il prévoit aussi que les revenus de la division de services aux détaillants et d’impression diminueront de 5% sur un an à 260M$, alors que le recul avait été de 10,3% il y a un an.

Drew McReynolds anticipe un bénéfice par action de 0,54$, ce qui constituerait une augmentation de 5,8% sur un an. Il s’était chiffré à 0,51$ au troisième trimestre de l’exercice 2023.

L’analyste conserve sa recommandation de «surperformance» sur le titre de Transcontinental, de même que son cours cible sur un an de 22,00$.

Alimentation Couche-Tard (ATD, 76,86$) : l’entreprise répond au refus de Seven & I Holdings

Alimentation Couche-Tard (ATD, 76,86$) : l’entreprise répond au refus de Seven & I Holdings

Le 8 septembre, la direction d’Alimentation Couche-Tard a publié une réponse à Seven & i Holdings, société mère de la bannière 7-Eleven, deux jours après le rejet de l’offre publique d’achat qualifiée d’«amicale» de la multinationale québécoise sur sa rivale japonaise.

L’analyste Chris Li, de Desjardins, y voit là le signal que les négociations se poursuivront. «Dans sa réponse, la direction de Couche-Tard a écrit qu’elle était convaincue que la poursuite des discussions allait aboutir à une ‘augmentation de la valeur’ de Seven & i», souligne-t-il.

Il précise que le 6 septembre, Seven & i a rejeté une offre à 14,86$US par action, ce qui constitue une prime de 23%. Couche-Tard offre ainsi de payer 9 fois le bénéfice avant intérêts, impôts et amortissement (BAIIA) de l’exercice 2023.

«Même s’il n’y a pas beaucoup de précédents, Couche-Tard a démontré sa volonté d’augmenter son offre une fois qu’elle aura eu accès aux livres financiers de Seven & i, ce qui lui permettrait d’augmenter son offre tout en créant de la valeur pour ses propres actionnaires», dit-il.

Dans sa lettre du 8 septembre, Couche-Tard dit avoir demandé que ses conseillers puissent engager des discussions avec les conseillers de 7&i, ce qui a été rejeté. Elle a aussi offert de conclure une entente de non-divulgation pour permettre aux deux parties de partager des informations «afin de trouver plus de valeur», demande a également été rejetée.

Chris Li rappelle qu’il y a quatre ans, Couche-Tard avait amorcé des pourparlers dans le but d’acquérir la société Caltex Australia (depuis renommée Ampol). «Les discussions ont duré six mois. Couche-Tard avait alors augmenté son offre d’environ 10% à deux reprises avant de se retirer du dossier, disant alors faire preuve de discipline financière», raconte-t-il.

«La direction de Couche-Tard dit être convaincue qu’il existe des solutions pour se conformer aux demandes des autorités japonaises et américaines de la concurrence. À notre avis, la société arrivera à trouver le financement pour réaliser une éventuelle transaction et ce point n’est pas un enjeu», écrit l’analyste.

Ce dernier dit continuer de penser qu’un regroupement des deux entreprises présenterait de nombreux bénéfices, incluant de nombreuses synergies à long terme. Il concède toutefois que le titre de Couche-Tard pourrait continuer de faire du surplace tant que la situation ne sera pas plus claire, en particulier si la société finance une éventuelle acquisition par une émission d’actions.

Il conserve sa recommandation d’achat sur le titre de Couche-Tard et son cours cible sur un an de 84$.