Couche-Tard a réussi à garder des marges meilleures que prévu dans toutes les régions. (Photo: 123RF)
Que faire avec les titres d’Alimentation Couche-Tard, BRP et Open Text? Voici quelques recommandations d’analystes susceptibles de faire bouger les cours prochainement. Note: l’auteur peut avoir une opinion totalement différente de celle exprimée par les analystes.
Alimentation Couche-Tard (ATD, 76,23$): un trimestre solide grâce à l’essence
Fidèle à la philosophie de sa direction de «livrer les chiffres», Alimentation Couche-Tard a montré des résultats solides au deuxième trimestre de son exercice 2024.
L’entreprise a livré un bénéfice avant intérêts, impôts et amortissement (BAIIA) de 1472,4 millions de dollars pour le trimestre et un Bénéfice par action de 0,82 $, supérieur au consensus qui était de 0,78 $.
La capacité de Couche-Tard de contrôler ses coûts a donné d’excellents résultats, comme le démontre la croissance des dépenses d’exploitation limitée à seulement 1,5% pour le trimestre.
Malgré des ventes de magasins comparables (ouverts depuis plus d’un an) plutôt tièdes, alors que les dépenses de consommation ralentissent, Couche-Tard a réussi à garder des marges meilleures que prévu dans toutes les régions, particulièrement sur le carburant.
Le nombre de clients pour le carburant est demeuré en croissance comparé à l’année dernière, mais le volume moyen des pleins d’essence est en baisse, remarque Irene Nattel, analyste de RBC Marchés des capitaux, un symptôme, dit-elle, que les consommateurs ont commencé à se serrer la ceinture.
La baisse de prix des carburants au début du troisième trimestre donne déjà des signes encourageants d’une hausse des volumes
Les revenus tirés des ventes et services sont en hausse de 2,8% comparés à la même période l’an dernier, mais en retrait de -1,7% sur les prévisions, les Ventes de magasins comparables ont été négatives aux États-Unis et en Europe alors qu’elles ont été modestement positives au Canada.
Lors de l’appel sur les résultats, la direction a expliqué que c’est la baisse des ventes de tabac qui est le principal facteur qui a plombé les ventes. «Sans la baisse de ventes des produits du tabac, nous aurions un trimestre positif pour les ventes par magasin comparable.» a expliqué le PDG de Couche-Tard, Brian Hannash.
L’entreprise a racheté 18,5 millions de ses actions pour un montant total de 918,6 M$, soit environ 38% des 49,1 millions de titres autorisés pour l’exercice 2024.
Irene Nattel maintient ses prévisions essentiellement inchangées, «nous restons en deçà de l’objectif de BAIIA pour 2028 de 8,9 G$ hors fusions et acquisitions, et de 10 G$ incluant les fusions et acquisitions, ce qui suggère un biais à la hausse des prévisions à mesure que les initiatives gagnent du terrain.»
L’analyste de RBC Marchés des capitaux réitère sa note de surperformance sur le titre et un cours cible de 94$
Matthieu Hains
BRP (DOO, 95,00$) : bénéfice par action en baisse, mais conforme aux prévisions
BRP (DOO, 95,00$) : bénéfice par action en baisse, mais conforme aux prévisions
Le fabricant de véhicules récréatifs BRP a fait état d’un bénéfice par action ajusté de 3,06 $ pour le troisième trimestre de son exercice 2024 terminé le 31 octobre, en baisse de 16% sur un an, mais tout de même conforme à la prévision du consensus des analystes.
Le bénéfice par action dévoilé est toutefois supérieur à celui de 2,99 $ qu’attendait l’analyste Martin Landry, de Stifel.
«Souvenons-nous qu’à la période correspondante l’an dernier, le bénéfice par action de BRP enregistrait une croissance de 146% sur un an alors que la société devait regarnir les stocks de son réseau de concessionnaires», rappelle l’analyste.
Il ajoute que par rapport aux résultats d’il y a deux ans, le bénéfice par action est en progression de 40%, ce qui constitue à son avis une performance robuste.
Toutefois, selon Martin Landry, l’attention des investisseurs se concentrera sur les prévisions de BRP pour l’exercice 2024. L’entreprise s’attend à un bénéfice par action ajusté entre 11,10 $ et 11,35 $, prévision qui oscillait auparavant entre 12,35 $ et 12,85 $. La performance du présent exercice serait donc en baisse de 6% à 8% par rapport au bénéfice par action ajusté de 12,05 $ généré durant l’exercice 2023.
Revenant au résultats financiers du troisième trimestre, l’analyste souligne que les revenus ont été inférieurs aux prévisions à 2,47 milliards de dollars (G$), lui qui anticipait un chiffre de 2,6 G$. Le consensus des analystes était encore plus optimiste à 2,65 G$.
«Il est difficile de comparer les chiffres de cette année avec ceux de l’an dernier, alors que les stocks des concessionnaires avaient besoin d’être regarnis», dit-il.
BRP souligne également qu’au cours du troisième trimestre, les livraisons de véhicules hors route ont subi l’incidence négative de la diminution du débit des livraisons à la frontière entre les États-Unis et le Mexique, à la suite d’une période de trois semaines d’inspections accrues des cargaisons.
«Malgré le recul des revenus, les marges bénéficiaires de BRP ont augmenté de 126 points de pourcentage à 25,4%, ce qui est supérieur à notre prévision de 25%. L’amélioration des marges est attribuable à des prix favorables et à des gains d’efficience dans la production en raison des améliorations de la chaîne d’approvisionnement», explique l’analyste.
Martin Landry soutient que le lancement prévu de nouveaux produits permettra à BRP de contrebalancer un environnement macroéconomique difficile au cours des deux prochaines années et d’atteindre son objectif de bénéfice par action ajusté de 13,50 $ à 14,50 $ pour l’exercice 2025.
Il conserve sa recommandation d’achat sur le titre de BRP, mais réduit cours cible sur un an, qui passe de 150 $ à 100 $.
À midi, le titre de BRP reculait de 13%, ou de 12,34$ à 82,66$ à la Bourse de Toronto.
Denis Lalonde
Open Text Corporation (OTEX, 40,05 $US): Joue son va-tout sur l’infonuagique et l’IA
Open Text Corporation (OTEX, 40,05 $US): Joue son va-tout sur l’infonuagique et l’IA
Après des résultats qui ont plu aux analystes au début du mois de novembre, la société canadienne Open Text Corporation a encore attiré l’attention cette semaine, cette fois avec l’annonce d’une transaction majeure. Pour la somme de 2,3 milliards de dollars américains, Open Text a cédé à Rocket Software Inc., une division de Bain Capital, ses activités de modernisation et de connectivité d’applications (Application Modernization and Connectivity business).
Même si l’essentiel de ces activités provenait de l’acquisition à fort prix de la Britannique MicroFocus à l’été 2022, la transaction est plutôt perçue positivement par les analystes de la Banque Nationale. Ces derniers soulignent que les revenus provenant de ce secteur sont en majorité non récurrents.
Avec cette transaction, en plus de rééquilibrer ses finances, Open Text souhaite maintenant concentrer l’essentiel de ses activités en infonuagique et en intelligence artificielle, notamment avec son produit phare, Aviator. L’entreprise née et établie à Waterloo, en Ontario, y voit un marché potentiel de plus de 200 milliards de dollars américains.
«Cette transaction nous placera en meilleure position pour agir plus rapidement dans notre croissance organique dans les secteurs de l’infonuagique et l’intelligence artificielle. Elle nous permettra aussi de renforcer l’équilibre de nos finances pour atteindre nos cibles plus rapidement que prévu afin d’atteindre une flexibilité financière en termes de capitaux», a exprimé le président et chef de la direction d’Open Text, Mark J. Barrenechea.
De leur côté, les analystes de la Banque Nationale avancent qu’«en plus d’accélérer le potentiel pour d’éventuelles acquisitions, c’est notre opinion, la transaction fournira une flexibilité financière à Open Text pour procéder potentiellement à un rachat d’actions et ainsi augmenter son dividende. Cela, tout en lui permettant de porter toute son attention sur l’infonuagique et sa gamme de produits d’intelligence artificielle Aviator.»
Les analystes croient également que ce repositionnement permette à Open Text d’augmenter de 77% à 84% le taux de récurrence de ses revenus, une fois que la transaction sera finalisée au troisième ou quatrième trimestre de 2024.
Pour toutes ces raisons qu’elle mentionne, La Banque conserve ainsi sa cible de 60 $US pour Open Text sur l’indice NASDAQ, à New York.
Dominique Talbot