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À surveiller: Banque Laurentienne, Cominar et Target

Dominique Beauchamp|Mis à jour le 16 avril 2024

À surveiller: Banque Laurentienne, Cominar et Target

(Photo: Roméo Mocafico)

Que faire avec les titres de Banque Laurentienne, Cominar et Target? Voici quelques recommandations d’analystes susceptibles de faire bouger les cours prochainement. Note: l’auteur peut avoir une opinion totalement différente de celle exprimée.

Banque Laurentienne (LB, 40,15$): un autre examen stratégique à attendre

Comme plusieurs de ses collègues, Doug Young de Desjardins Marché des capitaux salue les meilleurs résultats que prévu de la septième banque au pays, mais reste prudent en attendant le nouvel examen stratégique de la nouvelle présidente.

Au quatrième trimestre, le bénéfice par action de 1,03$ a nettement surpassé le consensus qui était de 0,73$, mais ce repère a beaucoup fluctué dans le passé à cause des dépenses variantes, prévient-il.

La marge d’intérêt, soit l’écart entre les intérêts versés sur les dépôts et ceux prélevés sur les prêts, s’est aussi améliorée de 1,81 à 1,84% depuis un an. Toutefois, la moitié de cette hausse provient des pénalités que les emprunteurs ont payé pour rembourser leur hypothèque résidentielle par anticipation, ce qui «tempère» son enthousiasme.

Également, le ratio d’efficience qui compare les dépenses aux revenus s’est aussi amélioré de 7% à 68,9%, mais Doug Young doute que cela soit durable.

Les revenus autres que les intérêts ont bénéficié d’une hausse des revenus des activités des marchés des capitaux, une source de revenus plus volatile, prévient-il aussi.

Doug Young aime moins le déclin séquentiel des soldes de prêts hypothécaires, mais la nouvelle présidente a déjà indiqué que la banque veut regagner des parts de ce marché en simplifiant le processus d’éligibilité et en améliorant l’expérience-client.

«L’examen stratégique se poursuit et met l’accent sur l’optimisation structurelle des coûts au lieu de la suppression des dépenses», indique l’analyste qui prévoit notamment une rationalisation des locaux.

En raison des résultats supérieurs aux attentes, Doug Young accroît ses prévisions de bénéfices pour 2021 (à 3,60$) et pour 2022 (à 3,90$). En conséquence, son cours cible passe de 33 à 41$.

Comme d’autres, il reste néanmoins neutre envers le titre en attendant d’en apprendre plus au sujet de la stratégie de la nouvelle présidente et des résultats de l’examen stratégique.

Cominar (CUF.UN, 9,28$): encore de la valeur après le rebond du titre

Cominar (CUF.UN, 9,28$): encore de la valeur après le rebond du titre

Même si la qualité des résultats du quatrième trimestre laisse un peu à désirer et que le titre a déjà rebondi de 14% depuis le début de l’année, le redressement du fonds immobilier recèle encore du potentiel, croit Mario Sario, de Banque Scotia

«La hausse de 7% la valeur d’actif nette creuse l’écart entre le cours du titre et cette valeur de 21%, un rabais quatre fois supérieur à l’écart moyen de 4,7% de l’industrie», précise l’analyste.

Cet écart pourrait se rétrécir lorsque Cominar révélera les conclusions de son analyse stratégique au cours des prochains mois puisque le niveau actuel de la distribution du fonds semble durable, ajoute Mario Sario.

Quelque 30% des immeubles en portefeuille performent bien, en particulier les bâtiments à vocation industrielle. La perspective d’un déconfinement devrait aussi aider les centres d’achat bien que des défis structurels risquent de perdurer. Ces centres procurent encore 30% du bénéfice d’exploitation du fonds.

«Nous aimerions aussi voir le fonds vendre d’autres immeubles afin que l’endettement élevé diminue davantage», ajoute-t-il en précisant que la vente attendue d’une tour à bureaux pour 200 millions de dollars est récemment tombée à l’eau.

L’analyste espère que la conclusion de l’examen stratégique et la fin du confinement réactiveront les transactions, espère-t-il.

L’année 2020 a tout de même vu la valeur juste des immeubles se déprécier de 746,2 millions de dollars, rappelle aussi l’analyste.

Le portrait moins pire qu’appréhendé du quatrième trimestre incite néanmoins Mario Sario à relever légèrement ses prévisions pour 2021 et 2022.

Les fonds provenant de l’exploitation ont reculé de 10% à 0,267$ par part, par rapport à la chute de 14% au trimestre précédent, tandis que le bénéfice d’exploitation net du portefeuille comparable a décliné de seulement 0,8% à 90 M$.

Pour 2021, ses prévisions pour les fonds provenant de l’exploitation passent de 1 à 1,09$ par part en 2021. Pour 2022, ces estimations augmentent de 1,02 à 1,09$ par part.

Son cours cible augmente de 9,75 à 10,50$, mais sa recommandation reste neutre. «Nous voyons de la valeur (dans le rétablissement de l’évaluation encore déprimée), mais les perspectives reposent sur les prochaines décisions stratégiques», conclut Mario Sario.

Target (TGT, 173,61$): après une année exceptionnelle, le détaillant gagnera d’autres parts de marché

Target (TGT, 173,61$): après une année exceptionnelle, le détaillant gagnera d’autres parts de marché

Le détaillant a perdu 10% de sa valeur en Bourse depuis le 2 mars parce que les investisseurs n’ont pas apprécié que les dirigeants n’aient pas fourni d’aperçu pour 2021 et que les dépenses en capital de 4 milliards de dollars américains restent élevées.

Kelly Bania, de BMO Marchés des capitaux, est pour sa part contente que les attentes envers la société reviennent sur terre, sans pour autant entacher les perspectives du détaillant.

Il y a toujours un danger d’extrapoler une bonne performance, dit-elle, mais l’analyste reste convaincue que Target gagne des parts de marché de façon structurelle et fidélise ses clients. Son approche omnicanal et les services de livraison et de cueillette le jour même deviennent un avantage concurrentiel durable.

Le détaillant estime avoir raflé des parts de marché de 9 milliards de dollars américains, en 2020. L’augmentation annuelle de 15 G$ US des ventes a surpassé la hausse annuelle cumulée des ventes des onze années précédentes.

Les ventes des magasins comparables ont grimpé de 19,3% tandis que les ventes comparables en ligne ont explosé de 142%, l’an dernier.

Malgré cette haute barre, la reprise après la pandémie devrait raviver les ventes de marchandises plus discrétionnaires qui font la force du détaillant par rapport à ses rivaux, croit Kelly Bania.

Des ententes avec des marques telles que Ulta Beauty, Levis et Apple devraient aussi attirer de nouveaux clients et améliorer la fréquentation des magasins et du site web, ajoute-t-elle.

L’analyste rappelle que les 12 millions de nouveaux clients qui ont acheté en magasin et en ligne en 2020 dépensent quatre fois plus que ceux qui fréquentent uniquement les magasins et dix fois plus que le clients qui achètent strictement en ligne.

«Ces données renforcent les perspectives de croissance à plus long terme», dit-elle.

En se fiant aux rares repères fournis par Target, Kelly Bania hausse de 7,70 à 8,13$ par action les bénéfices qu’elle prévoit en 2022, malgré la baisse prévue de 6,8% des ventes comparables après la demande pandémique exceptionnelle de 2020.

Les marges avant intérêts et impôts n’atteindront pas la pointe de 7% de 2020, mais elles devraient surpasser celles de 6% dégagées en 2019.

Si on répartit la performance sur une période de deux ans, soit de 2019 à 2021 la croissance annuelle de 5 à 6% des ventes comparables et de 13% du bénéfice net lui semble très «enviable».

Kelly Bania prévoit un premier bénéfice de 9,23$ US par action en 2023.

Au cours actuel, elle juge que le titre de Target est attrayant par rapport aux autres détaillants à bas prix. Son cours cible passe de 185 à 205$US, soit 22 fois les bénéfices projetés en 2023.