À surveiller: Banque Laurentienne, Spotify, Dollarama
Catherine Charron et Stéphane Rolland|Publié le 03 juin 2021(Photo: La Presse Canadienne)
Que faire avec les titres de Banque Laurentienne, Spotify et Dollarama? Voici quelques recommandations d’analystes susceptibles de faire bouger les cours prochainement. Note: les auteurs peuvent avoir une opinion totalement différente de celle exprimée.
La Banque Laurentienne (LB: 45,00$) : une révision stratégique qui vise dans le mille
Les résultats trimestriels dévoilés hier par la Banque Laurentienne sont garants d’une révision stratégique réussie, estime Darko Mihelic, de RBC Marché des capitaux. Les retombées positives devraient se poursuivre dans le temps, anticipe le seul des dix analystes suivant le titre à émettre une recommandation d’achat, selon une recension de Refinitiv.
Au deuxième trimestre de 2021, qui s’est clos le 30 avril, sa marge nette sur les intérêts a monté de 4 points de base par rapport au trimestre précédent. Elle a donc atteint 1,88%, soit mieux que la marge de 1,83% attendue par l’analyste, qui attribue ce résultat à des frais de financement plus bas et à une révision des services offerts par l’institution financière.
La valeur des dépôts a continué de décroître, reculant de 2,7% par rapport au premier trimestre de 2021 et de 9,2%, par rapport à la même période l’an dernier, dû à une baisse des dépôts à terme. On observe toutefois une hausse des dépôts à préavis et à vue. Les revenus tirés des intérêts ont baissé d’environ 1% par rapport au trimestre précédent à 171,5 millions de dollars (M$), mais demeurent au-dessus des prévisions de l’analyste, qui misait sur 167,1 M$. Darko Mihelic s’attend tout de même à ce que la marge nette sur les intérêts baisse de 1,85% au troisième trimestre, puis demeurera stable tout au long du reste de sa période de prévision.
La contraction des prêts aux commerçants et le manque de croissance des prêts commerciaux ont fait chuter de 0,7% par rapport au trimestre précédent la valeur totale des prêts accordés par l’institution financière dirigée par Rania Llewellyn. La valeur des hypothèques et des prêts personnels accordés a reculé respectivement de 1,4% et de 1,7% par rapport au premier trimestre de 2021.
Qu’à cela ne tienne, la Banque Laurentienne revoit la démarche de ses courtiers et étend son examen jusqu’à son processus de rétention et à ses succursales. La stagnation des prêts commerciaux est attribuée à une baisse du financement de stocks, et devrait le demeurer au cours du prochain trimestre. Les prêts devraient décroître de 0,2% en 2021, mais remontrer de 2% en 2022, anticipe Darko Mihelic.
Ses provisions totales pour pertes sur créances de 2,4 M$ sont bien moins importantes que les 17 M$ auxquels s’attendait l’analyste.
Son coefficient de rendement – en hausse de 100 points de bases par rapport au trimestre précédent, mais en baisse de 490 points de bases par rapport à la même période l’an dernier – a dépassé les attentes de l’analyste en grimpant de 69,9%. Alors que la Banque Laurentienne souhaite le garder sous la barre des 70% en 2021, Darko Mihelic croit plutôt que ce coefficient devrait atteindre 71,3%, car il prévoit une croissance de 1,1% des revenus et une baisse de 0,3% de ses dépenses. Selon lui, restreindre ses dépenses en pleine relance économique sera difficile pour l’institution financière de Montréal, à moins qu’elle n’augmente significativement ses revenus.
Darko Mihelic estime aussi que la rémunération des employés de la Banque Laurentienne devrait baisser en 2022, mais il garde un oeil sur la croissance des prêts accordés au troisième trimestre de 2021 qu’il anticipe moins importante.
La valeur de la Banque Laurentienne demeure intéressante selon lui, car son titre vaut 0,81 fois sa valeur comptable, alors qu’en moyenne, le titre des autres grandes banques canadiennes s’échange à 1,73 fois leur valeur comptable. Les investisseurs peuvent donc parier sur une meilleure performance lorsque la révision stratégique prendra fin et que la banque se tournera plutôt vers la croissance. C’est pourquoi l’analyste de RBC Marché des capitaux maintient sa recommandation à «surperformance».
De tels résultats ont convaincu l’analyste de revoir à la hausse ses prévisions pour le bénéfice par action de l’institution financière, qui passe de 3,68$ à 3,93$ pour 2021, et son cours cible, qui passe de 49$ à 51$.
Spotify (SPOT, 241,57 $US): de la musique aux oreilles de BofA Securities
Spotify (SPOT, 241,57 $US): de la musique aux oreilles de BofA Securities
Spotify serait le meilleur diffuseur de musique en continu, croit Jessica Reif Ehrlich, de BofA Securities, qui croit que la société a encore un grand potentiel de croissance.
Le secteur de la diffusion de musique en continu devrait poursuivre sa forte croissance, croit l’analyste. Elle estime que le marché adressable de Spotify pourrait atteindre entre 170 et 200 milliards de dollars américains (G $US) à travers le monde d’ici 2030. En comparaison, le marché adressable aujourd’hui est de 100 G$US.
Spotify offre deux versions de son service. Une version gratuite financée par la publicité et une version payante sans publicité. Environ 90% des revenus de la société suédoise sont générés par la version payante. Jessica Reif Ehrlich croit que ce marché pourrait passer de 25 G$US en 2020 à 52 G$US en 2025, soit une croissance annuelle moyenne de 16%.
En ce qui concerne la publicité, elle pense qu’elle peut continuer de croître à un rythme annuel de 25% au cours de la même période. Les efforts de Spotify pour se démarquer dans le segment de la baladodiffusion devraient offrir des avenues pour augmenter les revenus publicitaires, selon elle.
D’ici cinq ans, elle croit que la société sera en mesure de générer des marges avant intérêts, impôts et amortissement supérieures à 10%, grâce à une amélioration de la rentabilité de la baladodiffusion et une nouvelle structure de redevances dans les pays émergents.
Elle pense aussi que le mode découverte a le potentiel de contribuer à une augmentation des marges. Cette option sert à promouvoir le contenu de certains artistes en échange de redevances moindres.
L’action s’échange à 3 fois le ratio valeur de l’entreprise/revenus. Il s’agit d’un seuil 55% inférieur à celui de Netflix, compare l’analyste, qui croit que le prix actuel offre un point d’entrée attrayant.
BofASecurities réitère sa recommandation d’achat et son cours cible de 428 $US.
Dollarama (DOL, 52,99$): le spectre de l’inflation
Dollarama (DOL, 52,99$): le spectre de l’inflation
L’inflation continue à être une source de préoccupation pour les investisseurs de Dollarama, commente Makr Petrie, de Marchés mondiaux CIBC, qui met à jour ses prévisions avant la publication des prochains résultats trimestriels le 9 juin prochain.
Pour le moment, l’inflation risque davantage d’être une question de coûts (main-d’œuvre, transport, etc.) qu’une occasion (augmentation des prix pour rejoindre les concurrents). Pour cette raison, les potentielles augmentations de prix ne devraient pas avoir d’incidences positives sur les marges, selon lui.
En théorie, l’appréciation du dollar canadien est une bonne nouvelle. Il faudra être patient avant d’en voir les effets positifs, car la société se protège contre le risque de devise pour une durée de six mois à neuf mois.
Pour le premier trimestre de l’exercice 2022 (terminé le 2 mai), l’analyste abaisse sa prévision de bénéfice par action, qui passe de 0,44$ à 0,39$. Ses prévisions de ventes comparables, une donnée clé pour mesurer la croissance interne, diminue de 14,4% à 9,6%.
Cette révision à la baisse s’explique par les mesures de confinement plus sévères adoptées par l’Ontario, explique Mark Petrie. «Ces changements doivent être perçus comme un élément temporaire et n’ont pas de liens avec les fondamentaux», précise-t-il.
L’analyste souligne que l’action de Dollarama, en baisse de 6,2% en mai, comparativement à une montée de 4,2% pour le S&P/TSX, semble devenir plus attrayante, mais il ne voit pas de catalyseur pour le titre. Il renouvelle donc sa recommandation «neutre» et son cours cible de 62$.