(Photo: 123RF)
Que faire avec les titres de la Banque de Montréal, Suncor et BRP? Voici quelques recommandations d’analystes susceptibles de faire bouger les cours prochainement. Note : l’auteur peut avoir une opinion totalement différente de celle exprimée.
Banque de Montréal (BMO, 119,77$): un bon trimestre, à un détail près
Si ce n’avait été de ses pertes sur créances, la Banque de Montréal aurait connu un bon troisième trimestre d’après Gabriel Dechaine de la Financière Banque Nationale après avoir consulté rapidement les résultats que l’institution bancaire a dévoilés tôt le 27 août 2024.
En effet, sa dotation à la provision pour pertes sur créances a atteint 906 millions de dollars (M$), alors que l’analyste tablait sur 751 M$.
Le taux de ses provisions pour pertes sur créances a ainsi dépassé de 50 points de base la cible que s’était fixée l’institution financière à 45%, notamment à cause de sa division américaine.
Sa dotation à la provision pour pertes sur créances y a atteint 286 millions de dollars américains (M$US), alors qu’elle n’était que de 206 M$US le trimestre précédent. Des «pertes inhabituelles» auraient été enregistrées dans le cadre d’une entente avec une entreprise du secteur de l’énergie solaire, indique l’analyste.
Au Canada, cette dotation a atteint ce trimestre-ci 388 M$, mais avait avoisiné les 398 M$ au deuxième trimestre. Les revenus tirés de ses services bancaires aux particuliers et aux entreprises au pays avant impôts et provisions pour mauvaises créances ont bondi de 12% en un an. Sa marge nette sur les intérêts a toutefois glissé de trois points de base par rapport au trimestre précédent.
Aux États-Unis, le chiffre d’affaires de ses services bancaires aux particuliers et aux entreprises avant impôts et provisions pour mauvaises créances a augmenté de 6% par rapport à la même période l’an dernier. Sa marge nette sur les intérêts a aussi glissé de 3% comparé au deuxième trimestre.
Ses revenus tirés de BMO Marchés des capitaux ont grimpé de 31% en un an, ou de 57% avant impôts et provisions, indique Gabriel Dechaine. Ses revenus de négociation, de commission de prise ferme et de consultation ont atteint 703 M$. L’analyste tablait plutôt sur 625M$. Sa dotation pour mauvaises créances a atteint 128 M$, alors que le trimestre dernier, elle était de 52 M$. Un an auparavant, elle avait plutôt atteint les 10 M$.
Ses prêts douteux bruts ont atteint 6 milliards $, ce qui représente un bond de 15% en un trimestre et de 112% en un an.
Le ratio des fonds propres de catégorie 1 sous forme d’actions ordinaires a atteint 13%, ce qui est environ 10 points de base en deçà de ce qui avait été enregistré au trimestre précédent, et du 13,1% qu’anticipait l’analyste.
Gabriel Dechaine maintient néanmoins sa recommandation à «surperformance de secteur» et son cours cible à 131$, soit 11x son bénéfice par action attendu en 2025. L’appel avec les actionnaires est prévu en avant-midi.
Suncor (SU.TO, 55,08$): elle collecte les fruits de sa restructuration
Suncor (SU.TO, 55,08$): elle collecte les fruits de sa restructuration
Suncor s’en est mieux tiré que ce à quoi s’attendait John M. Royall de J.P.Morgan et le consensus des analystes autant en termes de bénéfices que de flux de trésorerie.
Elle doit cette meilleure performance à son extraction de sable bitumineux et des coûts d’exploitation moindres que prévu, bien qu’elle ait fait beaucoup d’entretien sur ses installations de Syncrude, Base Plant, Sarnia et Montréal.
Ses charges d’exploitation, de frais de vente et généraux au cours de la première moitié de 2024 ont été similaires à pareille date, et ce bien que ses activités d’exploration pétrolière aient été plus importantes, comme celles de transport, de raffinage, de stockage et de distribution. C’est là le fruit de sa restructuration survenue pendant la deuxième moitié de 2023, rappelle l’analyste. Ses activités sont réglées au quart de tour, car elle a accompli sa besogne en économisant 10% qu’elle devrait y allouer, ce qui lui a permis d’en faire davantage au cours du trimestre.
Sa dette nette a aussi reculé de 500 millions de dollars (M$) au deuxième trimestre, atteignant dorénavant 9,1 milliards de dollars (G$). La société tente d’atteindre 8 G$ avant la moitié de 2025, la cible qu’elle s’était fixée, rapporte John M. Royall. Lui aussi table sur la moitié de l’exercice, mais rappelle que de nombreux facteurs qui sont difficiles à anticiper pourraient la ralentir.
L’analyste rapporte que les activités de forage de Suncor vont toutefois bon train, comme elle l’a laissé entendre lors du dévoilement de ses résultats trimestriels. Elle utilise par exemple désormais des véhicules autonomes, et a réduit sa flotte de véhicules de 200 à 300 tonnes par un nombre plus restreint de plus gros appareils qui peuvent contenir 400 tonnes.
John M. Royall salue les efforts que la société fait pour redorer son image aux yeux des investisseurs en améliorant sa performance, mais elle doit en faire davantage pour réduire ses coûts, surtout après avoir réduit la taille de son personnel. De l’ombre demeure encore sur la stratégie à long terme de l’entreprise.
Il hausse le bénéfice par action ajusté que l’entreprise devrait dévoiler à l’exercice 2024, le faisant passe de 5,05$ à 5,15$.
L’analyste maintient son cours cible à 52$.
BRP (DOO, 92,85$): des véhicules prometteurs, mais un marché difficile
BRP (DOO, 92,85$): des véhicules prometteurs, mais un marché difficile
Bien qu’il soit impressionné par l’éventail de nouveaux produits qu’a présenté BRP lors de son congrès à Anaheim en Californie, Benoit Poirier de Valeurs mobilières Desjardins sabre ses attentes à quelques jours du dévoilement de ses résultats trimestriels.
En effet, les échanges qu’il a eus avec différents acteurs de l’industrie des véhicules récréatifs lui ont fait comprendre que la conjoncture ne joue pas en la faveur des fabricants. Les taux d’intérêt sont présentement élevés, et les concessionnaires sont pleins. BRP, qui présentera ses résultats trimestriels le 6 septembre 2024, devra donc corriger le tir, en réduisant son inventaire et en augmentant les initiatives de mise en marché.
Les concessionnaires à qui l’analyste a parlé lui ont toutefois laissé entendre que la société prend le taureau par les cornes afin de contrer ce marché difficile, et offre un taux d’intérêt parfois aussi bas que 1,49%.
L’analyste réduit néanmoins ses projections autant pour l’exercice 2025 que 2026 de BRP. L’entreprise de Valcourt ne devrait plus générer un chiffre d’affaires de 8,7 milliards de dollars (G$) cet exercice-ci, mais bien de 8,4 G$. À l’exercice 2026, il devrait atteindre 9,2 G$, et non 9,6 G$.
Son bénéfice avant intérêt, impôts et amortissement normalisé devrait atteindre 1,2 G$ à l’exercice 2025, et 1,4G$ à l’exercice suivant. Son bénéfice par action ajusté devrait quant à lui être de 5,45$ et 8,11$ pour chacune de ces périodes respectives.
N’empêche que la société dirigée par José Boisjoli a rarement autant dévoilé de nouveaux produits lors de son événement Club BRP, d’après Benoit Poirier. C’est du moins bien différent de ce qu’il a observé chez Polaris, sa concurrente américaine, qui n’a présenté aucun nouveau véhicule.
BRP a l’inverse, a notamment braqué les projecteurs sur deux motos électriques et un nouveau côte à côte, le Maverick R Max. À long terme, ces modèles inédits devraient lui permettre de grappiller davantage de part de marché, croit-il.
Maintenant sa recommandation d’achat, Benoit Poirier abaisse de 116$ à 110$ son cours cible.