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À surveiller: Banque Nationale, Banque Scotia et Banque BMO

Dominique Beauchamp|Mis à jour le 15 avril 2024

À surveiller: Banque Nationale, Banque Scotia et Banque BMO

(Photo: LesAffaires.com)

Que faire avec les titres de Banque Nationale, Banque Scotia, et BMO? Voici quelques recommandations d’analystes susceptibles de faire bouger les cours prochainement. Note: l’auteur peut avoir une opinion totalement différente de celle exprimée.

Banque Nationale (NA, 60,45$): une agréable surprise, à première vue

La Banque Nationale fait bande à part en dévoilant un trimestre supérieur aux attentes. Tous les segments d’affaires ont contribué à la performance, indique Scott Chan, de Canaccord Genuity, dans une note préliminaire.

Le bénéfice a augmenté de 9% à 1,66$ par action et a surpassé le consensus de 1,62$,précise l’analyste.

Les revenus ont été meilleurs que prévus tandis que les dépenses ont été conformes aux attentes.

Les activités bancaires traditionnelles ont accru leurs revenus de 5% alors que les dépenses autres que d’intérêts ont augmenté de 2%.

La bonne conjoncture au Québec profite à la banque, dit-il. Le crédit aux particuliers a augmenté de 4%, le crédit aux entreprises de 7%.

Les provisions pour pertes sur prêts sont stables à 0,26 points de pourcentage, par rapport au trimestre précédent même si l’encours total des provisions augmente de 13,2%.

Les provisions pour pertes sur prêts non performants ont même baissé légèrement d’un trimestre à l’autre, indique M. Chan.

La banque a aussi bénéficié d’un taux d’imposition plus favorable et d’une révision actuarielle qui ont toutes deux ajouté aux profits.

L’institution a généré de bons capitaux en interne, qui ont compensé pour l’effet négatif des taux d’intérêt anémiques sur la solvabilité de sa caisse de retraite. La vente des actions du gestionnaire de fonds Fiera Capital (FSZ, 9,84$) a aussi contribué à la hausse de 0,20 points de pourcentage du ratio des fonds propres à 11,7%.

La division des marchés financiers a renoué avec la croissance, avec une hausse de 2% des bénéfices. Il semble que la banque ait bénéficié de la demande pour ses produits structurés et dérivés notamment ceux qui visent à se protéger des fluctuations des taux.

À l’international, la banque cambodgienne ABA s’est encore une fois démarquée: ses dépôts ont explosé de 83% tandis que ses revenus ont bondi de 68%.

Cette performance a fait croître les bénéfices de la division internationale et de financement spécialisé aux États-Unis de 28%.

Avant la téléconférence trimestrielle, M. Chan maintient son cours cible de 64$ et sa recommandation «conserver».

Banque Scotia (BNS, 68,57$): du bon et du moins bon au troisième trimestre

Banque Scotia (BNS, 68,57$): du bon et du moins bon au troisième trimestre

La banque a raté plusieurs cibles de Darko Mihelic, de RBC Marchés des capitaux, au troisième trimestre, mais l’analyste reconnaît qu’il avait placé la barre trop haute pour les bénéfices à l’étranger et pour la division des marchés des capitaux.

Le bénéfice de 1,88$ par action s’est donc établi sous la marque prévue de 1,94$.

La modération des perspectives de croissance, tant au Canada qu’à l’étranger, l’incite à réduire ses attentes pour 2019 et 2020.

M. Mihelic préfère jouer de prudence parce qu’il a peu de conviction dans les perspectives à l’étranger étant donné le grand nombre de transactions récentes. La banque a vendu ses banques à Puerto Rico et en Thailande, mais en a acheté d’autres au Pérou, au Chili et en République dominicaine.

La banque a aussi libéré des provisions sur des prêts performants, surtout dans son portefeuille international, ce qui a ajouté 0,04$ au bénéfice du troisième trimestre.

L’institution cite les bonnes perspectives économiques et la qualité des emprunteurs dans sa décision, mais l’analyste se demande si la banque ne devra pas éventuellement renverser cette position.

Les prêts non performants ont augmenté pour un deuxième trimestre consécutif alors que les provisions pour les prêts commerciaux à risque ont crû pour un troisième trimestre de suite, à l’étranger, signale-t-il.

Sur une note plus positive, la banque estime à un milliard de dollars, presque le double des objectifs initiaux, les économies du plan de rationalisation mis en place en 2018. Son ratio d’efficience devrait s’améliorer de nouveau en 2020 après l’intégration des acquisitions de 2019.

L’apport des acquisitions aux bénéfices est estimé à 400 millions de dollars en 2020, ou 0,15$ par action. Les gestionnaires acquis, MD Management Financial et Jarislowsky Fraser, rapportent plus que prévu.

M. Mihelic abaisse ses prévisions de bénéfices pour 2019 (7,21$) et 2020 (7,64$) et son cours cible passe de 82 à 80$, soit 10,5 fois le bénéfice prévu en 2020.

La banque s’échange à un multiple de 9 fois les profits de 2020, soit 6% de moins que la plus-value moyenne dont bénéficie historiquement son titre par rapport à ceux ses semblables.

Il prévoit pour le titre une performance semblable à celle de son secteur.

Dans un scénario de récession, le cours cible tomberait à 52$, soit 24% de moins que le cours actuel, ce qui reflète le risque potentiel qui se dresse devant toutes les banques.

Banque BMO (BMO, 92,38$): les pressions s’installent

Banque BMO (BMO, 92,38$): les pressions s’installent

La performance mitigée de la banque au troisième trimestre n’inspire pas confiance à Doug Young, de Desjardins Marché des capitaux.

Un bénéfice de 2,38$, soit 4% inférieur au consensus, l’incite à abaisser ses prévisions pour 2019 et 2020 parce que les activités bancaires traditionnelles ont raté la cible tant au Canada qu’aux États-Unis.

La croissance des bénéfices au Canada a été d’à peine 1% tandis que les provisions pour pertes et les marges d’intérêt compriment déjà la rentabilité aux États-Unis.

Le bénéfice de sa banque régionale s’est affaissé de 9,4% aux États-Unis, du deuxième au troisième trimestre.

La banque a réussi à réduire ses coûts, mais n’exclut pas d’autres mesures de rationalisation pour atteindre la marque de 58% qu’elle s’est fixée d’ici 2021. Ce ratio exprime les dépenses autres que d’intérêts en proportion des revenus.

L’encours des prêts commerciaux a bondi de 16% au Canada et aux États-Unis, nettement mieux que ses rivales, mais M. Young craint que cette croissance ne dure pas.

L’analyste redoute aussi de voir les provisions pour pertes sur pertes prendre une tangente à la hausse bien que la banque ne prévoit pas de détérioration marquée à ce chapitre pour l’instant.

Les provisions pour les prêts encore performants ont augmenté à 0,28 points de pourcentage au troisième trimestre, alors qu’il avait prévu 0,19, précise-t-il.

M. Young hausse d’ailleurs ses prévisions pour les provisions de 21% en 2019 et de 15% l’année suivante.

En conséquence, ses nouvelles prévisions de bénéfice pour 2019 (9,48$ par action) et 2020 (9,94$) représentent une modération de la croissance prévue de 5,2 à 4,9%.

Autre facteur à surveiller: la banque doit relever le ratio des fonds propres de 11,4 à 11,5% avant de relancer le rachat de ses actions.

M. Young ne touche pas à recommandation ni à son cours cible de 105$. Il propose de conserver le titre.