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À surveiller: Banque Nationale, SNC-Lavalin et Innergex

Dominique Beauchamp|Mis à jour le 15 avril 2024

Que faire avec les titres de Banque Nationale, SNC-Lavalin et Innergex? Voici quelques recommandations d'analystes.

Que faire avec les titres de Banque Nationale, SNC-Lavalin et Innergex? Voici quelques recommandations d’analystes susceptibles de faire bouger les cours prochainement. Note: l’auteur peut avoir une opinion totalement différente de celle exprimée.

Banque Nationale (NA, 61,73$): moins attrayante que ses semblables dans une conjoncture plus difficile

Au moment où la croissance des banques ralentit, la Banque Nationale dispose de moins de leviers de croissance que ses rivales, croit John Aiken, de Barclays qui préfère à court terme les institutions plus présentes à l’étranger, dans un survol de l’industrie à la suite des résultats du deuxième trimestre.

L’analyste rappelle que six des huit banques ont raté le consensus des prévisions parce que la croissance des prêts se modère.

Si la Banque du Canada abaisse éventuellement son taux directeur, en même temps que les provisions pour pertes sur prêts augmentent, il deviendra encore plus difficile pour les banques d’accroître leurs bénéfices à bon rythme.

«Étant donné l’incertitude entourant le conflit commercial, le risque de déception devient plus élevé que le potentiel de gain (pour toutes les banques)», explique M. Aiken.

Dans ce contexte plus imprévisible, il revoit ses préférences à court terme.

M. Aiken recommande donc à ses clients de vendre le titre de la banque québécoise qu’il suggérait de conserver auparavant.

«La forte présence de la banque au Québec devrait lui fournir plus de croissance que la moyenne, mais l’augmentation de ses prêts ne surpasse celle de ses semblables malgré cet avantage», note M. Aiken.

La Banque Nationale titre 93% de ses bénéfices de ses activités canadiennes. Avec la Banque CIBC (CM, 103,56$), sa rentabilité est plus tributaire de la croissance des prêts et des marges d’intérêts.

La croissance de la Banque Nationale à l’étranger impressionne (81% pour le bénéfice net au Cambodge au deuxième trimestre), mais ces activités sont encore trop petites (4% des bénéfices) pour influencer le portrait global, ajoute-t-il.

«Le rendement dividende (4,4%) est très attrayant, mais le gain de 10% de son action depuis le début de l’année limite son potentiel par rapport à celui d’autres banques», croit M. Aiken.

En revanche, l’analyste maintient son cours cible de 64$ ainsi que ses prévisions de bénéfices de 6,43$ pour 2019 et de 7,13$ pour 2020.

SNC-Lavalin (SNC, 25,35$): le changement de la garde est bienvenu, mais les défis toujours aussi énormes

SNC-Lavalin (SNC, 25,35$): le changement de la garde est bienvenu, mais les défis toujours aussi énormes

La promotion du chef de l’exploitation Ian Edwards à la tête de l’ingénieur et l’accélération de l’examen stratégique sont bienvenus, mais les défis sont toujours aussi grands, croit Frédéric Bastien, de Raymond James.

L’analyste voit aussi d’un bon œil la décision de SNC-Lavalin de consulter ses actionnaires pendant 60 jours afin de connaître leurs attentes, ce que la société avait négligé de auparavant, dit-il.

«L’abandon des activités risquées de construction serait un bon premier pas, mais M. Edwards doit aussi mobiliser les employés et rassurer les partenaires et clients (en plein procès criminel pour corruption)», fait valoir l’analyste qui reste neutre envers le titre.

Quant au président sortant Neil Bruce, il a dirigé la société pendant sa période la plus trouble. Les investisseurs lui attribueront sans doute les acquisitions trop chèrement payés de Kentz et WS Atkins ainsi que le départ de nombre d’ingénieurs inquiets un peu partout dans le monde, évoque aussi l’analyste.

M. Edwards a déjà commencé à restructurer et à simplifier la multinationale afin d’améliorer sa performance, mais il devra maintenant formuler rapidement un plan pour réduire le risque d’affaires et produire des flux de trésorerie et des bénéfices plus constants, rappelle M. Bastien.

Toutes les options sont sur la table, incluant la vente des activités pétrolières et chimiques en Arabie Saoudite, l’abandon des activités de construction de projets, ainsi que l’essaimage distinct de la division de réfection nucléaire et du groupe d’ingénierie canadien.  

«La nomination intérimaire de M. Edwards donne peut-être le temps au conseil de trouver un redresseur ou un acquéreur stratégique (peu probable) ou encore un chevalier blanc pour fermer le capital», avance M. Bastien qui termine sa note en mentionnant l’incontournable Caisse de dépôt et placement du Québec qui a déjà 19,9% des actions.

L’analyste ne touche pas à son cours cible de 35$.

SNC-Lavalin s’adressera aux analystes lors du dévoilement des résultats du deuxième trimestre le 1er août.

Innergex (INE, 14,05$): le producteur d’énergie renouvelable est mal évalué

Innergex (INE, 14,05$): le producteur d’énergie renouvelable est mal évalué

Rupert Merer, de la Financière Banque Nationale, refait le point sur Innergex après la vente de HS Orka le 23 mai pour 402 millions de dollars et l’annonce d’un rachat d’actions d’environ 2 millions d’actions.

La vente de HS Orka ampute les revenus et le bénéfice d’exploitation, mais le remboursement de la dette et l’ajout des projets solaire Phoebe et éolien Foard City au quatrième trimestre compensent, soutient l’analyste.

Il prévoit donc une hausse de 3,3% à 0,91$ par action des fonds autogénérés en 2019.

M. Merer réitère qu’au cours actuel le producteur d’énergie renouvelable est sous-évalué en Bourse compte tenu de ses perspectives de croissance et de la durée moyenne de 17 ans de ses contrats de ventes d’électricité.

«La société offre aussi l’un des pipelines de projets les mieux garnis de son industrie», soutient M. Murer qui énumère six projets en chantier ou potentiels.

«Une bonne part de ces projets ne fait pas encore partie des prévisions alors que la vente de HS Orka assure leur financement», ajoute M. Merer.

Innergex accroîtra sa capacité installée de 30% cette année et les projets avancés pourraient ajouter 20% de plus, précise-t-il.

Le rendement financier interne de 9% de ses projets est attrayant par rapport aux taux canadiens de 10 ans de 1,52%, renchérit l’analyste, qui croit que le titre devrait mériter un multiple de 12,3 fois le bénéfice d’exploitation prévu en 2020. Il ne touche pas à son cours-cible de 18,50$.

Entre 2019 et 2020, la société réduira aussi son endettement, de 7,6 à 6,9 fois le bénéfice d’exploitation, ce qui devrait plaire aux investisseurs, dit-il.