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À surveiller: Banque Royale, Québecor et Gildan

Dominique Beauchamp|28 mai 2020

À surveiller: Banque Royale, Québecor et Gildan

Photo : 123rf.com

Que faire avec les titres de Banque Royale, Québecor et Gildan? Voici quelques recommandations d’analystes susceptibles de faire bouger les cours prochainement. Note: l’auteur peut avoir une opinion totalement différente de celle exprimée.

Banque Royale (RY, 92,25$): un choix prudent à conserver en pleine crise

Le bénéfice de 1,03 $ par action de la principale banque au pays a raté la cible de 1,54$ pour les bonnes raisons, croit Scott Chan, de Canaccord Genuity.

Le manque à gagner est entièrement attribuable à la décision prudente de la banque de se constituer des provisions élevées pour les pertes sur prêts, en particulier en ce qui concerne les prêts encore performants, explique l’analyste.

Les provisions totales pour pertes sur prêts de 2,8 milliards de dollars ont dépassé le consensus qui était de 1,8 G$.

Néanmoins, «la banque reste la mieux capitalisée. Ses capitaux propres dépassent par 15 milliards de dollars le ratio réglementaire minimum», précise Scott Chan.

Un test interne de stress financier indique que le ratio des capitaux propres peut rester confortablement au-dessus du seuil de 10%. Dans un scénario de stress encore plus sévère, le ratio resterait supérieur au minimum réglementaire de 9%.

Ces deux mesures sont importantes puisque la banque est la plus exposée aux prêts institutionnels et aux industries frappées par la COVID-19. Quelque 7% des prêts de gros ont été accordés aux industries de la consommation discrétionnaire, de l’immobilier commercial, du pétrole, du transport et des médias.

La banque a aussi accepté de différer des versements hypothécaires résidentiels pour 14% des clients individuels.

Bien que les provisions constituées ont probablement déjà atteint leur zénith, en proportion des prêts, la banque a prévenu que les prêts douteux pourraient connaître leur pic au début de 2021.

Scott Chan est insatisfait de la division des marchés des capitaux dont les bénéfices ont chuté de 86% à cause de provisions pour mauvaises créances. Les activités bancaires d’investissement ont notamment dévalué des prêts à risque aux États-Unis et en Europe.

Malgré ce portrait contrasté, l’analyste augmente son cours cible de 86,50 à 92$, soit un multiple de 1,7 fois la valeur comptable, une évaluation méritée pour la banque la plus sécuritaire au pays.

Puisque la banque se négocie déjà près de son cours cible, il recommande de conserver le titre.

Québecor (QBR.B, 28,95$): un rachat plus musclé de 50% est un signe de confiance

Québecor (QBR.B, 28,95$): un rachat plus musclé de 50% est un signe de confiance

Québecor était déjà l’un des quatre fournisseurs de télécommunications préférés de Jeff Fan de Banque Scotia. L’annonce d’un rachat d’actions plus musclé de 50% est une raison de plus.

Le propriétaire de Vidéotron vient d’obtenir l’autorisation pour racheter 2 millions d’actions de plus sur le marché secondaire, portant le total à 6 millions ou 3,6% des actions.

Québecor approche de la limite précédente de 4 millions d’actions.

L’analyste y voit un signal de confiance de plus de la part des dirigeants dans la solidité des flux de trésorerie en 2020 et un engagement pour créer de la valeur pour les actionnaires en retournant les surplus de capital .

S’il est réalisé, le rachat additionnel représente 10% des flux de trésorerie disponibles.

Le récent repli de 8,7% du titre, à cause de l’inquiétude provoquée par l’intérêt pour le Cirque du Soleil, lui donne l’occasion de mettre ce rachat à exécution, croit l’analyste.

Jeff Fan profite aussi de l’occasion pour renouveler sa recommandation d’achat et son cours cible de 37$.

À ses yeux, Québecor est bon marché par rapport à la croissance annuelle composée de 4% qu’il prévoit pour le bénéfice avant intérêts et impôts entre 2019 et 2022.

En 2020, le bénéfice d’exploitation des services de télécommunications devrait croître de 2%, et les flux de trésorerie de 9%, grâce aux services sans fil.

Le climat réglementaire encourage aussi une saine concurrence entre les fournisseurs établis et régionaux qui investissent dans leur réseau. Cet environnement fournit un bon point d’appui en Bourse à l’évaluation des titres de l’industrie.

Jeff Fan n’exclut la possibilité d’une nouvelle ronde de consolidation dans l’industrie canadienne à long terme. L’industrie américaine vient de passer de 4 à 3 grands fournisseurs sans-fil, après la fusion inespérée de Sprint et de T-Mobile.

Vêtements de sport Gildan (GIL, 14,53$): la COVID-19 fait mal, mais le titre peut doubler

Vêtements de sport Gildan (GIL, 14,53$): la COVID-19 fait mal, mais le titre peut doubler

Brian Morrison de TD Valeurs mobilières se rend à l’évidence, Gildan ne pourra redémarrer la production de ses usines en Amérique centrale à la mi-mai comme prévu.

Les coûts fixes pendant ce délai l’obligent à réduire ses prévisions pour le deuxième trimestre et l’exercice 2020. Il prévoit désormais une perte de 0,74$US par action au deuxième trimestre, quatre fois plus élevée que le consensus de 0,17$US.

Pour 2020, la perte de 0,25$US par action (au lieu du bénéfice de 0,44$US prévu auparavant) est aussi nettement inférieure au consensus qui table encore sur un bénéfice de 0,30$US par action.

Pour 2021, le bénéfice prévu par l’analyste passe de 1,25 à 1,21$US.

Malgré tout, Brian Morrison reste aussi convaincu qu’avant que le titre de GIldan puisse doubler à moyen terme grâce à l’énorme potentiel de sa capacité bénéficiaire lors de la reprise.

Ce pari est bon marché puisque l’action de Gildan se négocie à un multiple de 11,9 fois le bénéfice de 2021, ce qui est 21% moins cher que l’évaluation moyenne de 15,2 fois depuis 2002.

En attendant le rétablissement des activités, la société dispose de liquidités suffisantes pour traverser la crise, croit-il.

À la fin d’avril, Gildan a ajouté ses emprunts à long terme, ce qui lui procuré des fonds additionnels de 950 millions de dollars américains, précise Brian Morrison.

À cause de la pandémie, la demande pour les t-shirts imprimables restera affaiblie tant que les clients réduiront leurs stocks, mais la suppression des coûts creusera l’ avantage concurrentiel de Gildan dans ce créneau lorsque la demande se rétablira, entrevoit l’analyste.

Le fabricant vise une marge brute de 30% et une marge d’exploitation de 12%, une fois la reprise enclenchée.

Brian Morrison renouvelle sa recommandation d’achat, mais son cours cible diminue de 27,50 à 26,12$.