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À surveiller: Banque TD, Dialogue et Costco

Dominique Beauchamp|Mis à jour le 16 avril 2024

À surveiller: Banque TD, Dialogue et Costco

(Photo: 123RF)

Que faire avec les titres de Banque TD, Dialogue Technologies de la Santé et Costco? Voici quelques recommandations d’analystes susceptibles de faire bouger les cours prochainement. Note: l’auteur peut avoir une opinion totalement différente de celle exprimée par les analystes.

 

Banque TD (TD, 78,49$): le plus fort potentiel de rebond, mais pas sans risque

En pleine crise bancaire aux États-Unis, Scott Chan de Canaccord Genuity juge bon de réduire de 8% les cours cibles de l’ensemble des banques canadiennes parce que la fuite des dépôts et les pertes non réalisées au bilan des banques américaines soulèvent de nouveaux défis d’exploitation dans ce pays et nuit aux perspectives bancaires. Le multiple moyen de l’analyste passe de 10,5 à 9,5 fois les bénéfices.

Les prévisions pour les grandes banques canadiennes, les plus grandes institutions américaines et les plus grosses banques régionales misent encore sur une croissance des bénéfices en 2023 et en 2024, dit-il. Ces perspectives semblent optimistes puisque les banques deviennent encore plus pointilleuses pour accorder des prêts alors que leur propre coût de financement augmente.

Les Banque TD et Banque BMO (BMO, 118,83$) sont les plus présentes aux États-Unis, et à ce titre leur cours a le plus souffert de la faillite de Silicon Valley Bank le 8 mars. Les dépôts américains représentent 40% de tous les dépôts de la Banque TD et 28% de ceux de la Banque BMO.

En plus, TD pourrait devoir renégocier l’achat de la banque First Horizon Corp. (FHN, 16,13$ US) dont le cours est de 35% inférieur à l’offre initiale de 25$ US par action de la banque torontoise.

Scott Chan n’écarte pas entièrement la possibilité que les autorités réglementaires rejettent la transaction ou que la Banque TD se retire, même si ses dirigeants assurent qu’ils restent déterminés à conclure l’acquisition.

Les dépôts de First Horizon avaient baissé de 10% depuis deux trimestres et la défaillance de trois banques régionales risque d’accélérer le mouvement, craint-il aussi.

TD détient aussi 12% de la maison de courtage et de services financiers Charles Schwab (SCH, 59,47$ US) et vient tout juste d’intégrer la banque d’investissement américaine Cowen Group.

Pour sa part, Banque BMO vient d’acquérir Bank of the West.

Si la confiance bancaire se rétablissait de façon convaincante et durable, la Banque TD en profiterait le plus, mais si c’était l’inverse son titre serait davantage puni en Bourse, indique l’analyste pour expliquer le rapport risque-rendement dont doive tenir compte les investisseurs.

«La Banque TD a le plus souffert de la crise en Bourse (recul de 13% entre le 6 et le 20 mars) si bien que son évaluation plus modeste (de 8,3 fois le bénéfice prévu dans 12 mois) est la plus attrayante parmi les banques», ajoute Scott Chan. Ce multiple est aussi 27% plus bas que sa moyenne sur dix ans.

Il faut espérer un ralentissement économique ou une légère récession pour acheter les titres bancaires actuellement, reconnaît-il, mais l’achat lors de mouvements de repli reste tout de même une bonne stratégie étant donné la solidité des banques canadiennes et leur dividende de 5%.

«On aura bientôt une meilleure compréhension de la situation lorsque les banques américaines dévoileront les résultats de leur premier trimestre à la mi-avril», ajoute-t-il.

Dans l’intervalle, il recommande d’acheter la Banque TD, dont le cours cible est passé de 104$ à 86,50$, soit 9,2 fois le bénéfice prévu dans 12 mois. Ce multiple est de 3% inférieur à la moyenne pour toutes les banques. Avant la crise des banques régionales américaines, cette banque obtenait une plus-value de 5% par rapport à ses rivales.

 

Dialogue Technologies de la Santé (CARE, 3,58$): un trimestre sans surprise et des perspectives encourageantes

Dialogue Technologies de la Santé (CARE, 3,58$): un trimestre sans surprise et des perspectives encourageantes

La plateforme virtuelle intégrée de soins de santé et de bien-être n’a pas servi de surprise au quatrième trimestre puisque l’entreprise de Montréal avait déjà donné un avant-goût de ses résultats le 25 janvier.

Dans une note préliminaire, Endri Leno de la Financière Banque se montre satisfait de la croissance et du contrôle des coûts, abstraction faite de la plateforme intégrée de santé britannique Tictrac qui ne performe pas comme prévu depuis son acquisition en avril 2022.

Dialogue a initialement versé 24 M$ pour cet achat record, mais les paiements futurs de 32 M$ ne seront versés qu’en fonction de jalons de performance. Pour l’instant, le compteur reste à zéro. Son intégration fera bientôt disparaître sa marque de commerce, précise l’analyste.

L’analyste apprécie plus particulièrement la hausse de 97,8 millions de dollars ou 27 % (à 103,2 M$) des revenus annuels récurrents et répétés, entre le troisième et le quatrième trimestre. C’est signe que Dialogue attire de nouveaux clients malgré le taux de roulement du service de bien-être pour employés Optima.

Le nombre total de « membres » a crû de 1,85 million à 2,4 millions, du troisième au quatrième trimestre, sans tenir compte de Tictrac.

De plus, la proportion de « membres directs » abonnés à deux services ou plus sur la plateforme est passée de 21 à 31%, du troisième au quatrième trimestre tandis que 41% des nouveaux clients directs s’abonnent à plus de deux services. Le taux de rétention net mensuel moyen de 100% reste élevé même s’il était de 102% au même trimestre en 2021 et de 101,5% au trimestre précédent.

Les perspectives pour le premier trimestre de 2023 sont aussi encourageantes et indiquent que la société est en voie de produire un premier bénéfice d’exploitation positif en 2023, tel que promis.

Les revenus du premier trimestre seront de 24 M$, un objectif inférieur au consensus de 25,5 M$, mais conforme aux prévisions de 24,5 M$ de l’analyste. «La plupart des nouveaux contrats décrochés entreront en service à la fin du premier trimestre et au deuxième», précise Endri Leno.

Les marges brutes prévues de 55 à 56,5% seront nettement supérieures aux attentes de 51 à 52% tandis que la perte d’exploitation de 1,8 à 2,1 M$ sera aussi plus modeste que le déficit prévu de 2,6 à 2,9 M$.

L’analyste rappelle que Dialogue n’a aucune dette et qu’elle dispose de liquidités d’encore 62,7 M$. Pour atteindre la rentabilité, la société n’aura besoin que de 5 à 10M$ de ces fonds. Une partie de l’encaisse financera vraisemblablement d’autres acquisitions bien que la société se dise patiente.

En attendant la téléconférence matinale, Endri Leno ne touche pas à sa recommandation d’achat ni à son cours cible de 6,25$.

Costco (COST, 490,07$ US): encore des années d’expansion pour le détaillant aux États-Unis

Costco (COST, 490,07$ US): encore des années d’expansion pour le détaillant aux États-Unis

Kelly Bania et son équipe chez BMO Marchés des capitaux tirent des conclusions optimistes d’une analyse en profondeur des 580 magasins-entrepôts de Costco, leurs marchés et les tendances démographiques.

«Costco continue de dénicher des endroits où le revenu moyen et la valeur moyenne des résidences sont supérieurs à la médiane», écrivent-ils.

Avec l’aide d’un logiciel cartographique, les analystes estiment que le détaillant pourrait ouvrir encore environ 14 magasins-entrepôts par année pendant encore 16 à 17 ans, soit 285 établissements de plus.

L’analyse identifie un potentiel pour 200 magasins de plus dans les marchés déjà servis, l’implantation de 35 autres dans de nouveaux marchés ainsi que plus de 50 centres d’affaires dédiés aux entreprises.

Ce calcul se fonde sur un ratio d’un magasin par tranche de population de 280 000. Cette hypothèse s’avère prudente puisque 60% des 243 magasins-entrepôts existants servent une population de moins de 285 000 chacun.

«Déjà, Costco s’est déplacée des zones urbaines sur deux côtes américaines vers le centre de pays» et y a trouvé des marchés assez aisés pour accueillir ses magasins», disent les analystes en ajoutant que les revenus moyens et la valeur des résidences sontles  deux critères essentiels à la performance des magasins-entrepôts.

Cette analyse est complémentaire à celle des perspectives globales du détaillant aussi présent dans onze autres pays. Son modèle d’affaires unique qui repose sur l’abonnement de loyaux clients et «l’exécution» systématique de la stratégie éprouvée mérite une plus-value dans son industrie, fait notamment valoir BMO.

Kelly Bania réitère donc sa recommandation d’achat et son cours cible de 555 $US, soit un multiple élevé de 35 à 36 fois le bénéfice de 15,65$ US par action prévu en 2024.

Dans un scénario hypothétique plus pessimiste qui verrait Costco, perdre des abonnés et des revenus d’abonnement, le multiple d’évaluation pourrait se contracter à 30-31 fois le bénéfice de 14$ US par action et le cours cible tomberait alors à 420 $US, soit moins que le cours actuel.