(Photo: Roméo Mocafico pour Unsplash)
Que faire avec les titres de BCE, AutoCanada et Toromont? Voici quelques recommandations d’analystes susceptibles de faire bouger les cours prochainement. Note: l’auteur peut avoir une opinion totalement différente de celle exprimée.
BCE (BCE, 57,72$): cible abaissée de 6% avant le dévoilement du premier trimestre
Avant le dévoilement des résultats du premier trimestre le 29 avril, Vince Valentini de TD Valeurs mobilières, recommande toujours l’achat de BCE, mais il abaisse son cours cible de 66 à 62$.
Bien qu’il maintienne ses prévisions de bénéfices pour 2021 (3,18$ par action) et pour 2022 (3,51$ par action), l’analyste ajuste la valeur du titre à la hausse des taux d’intérêt de 10 ans qui déprécie le multiple de tous les titres à revenus dans les modèles d’évaluation.
En Bourse, BCE est plus sensible à la trajectoire des taux que ses semblables parce que son titre verse le dividende le plus élevé de l’industrie (6%), dit-il.
La moitié du cours-cible repose sur l’écart entre le rendement du dividende prévu de BCE en 2022 et les taux canadiens repère de 10 ans.
Parallèlement, le multiple du bénéfice d’exploitation passe de 9 à 8,9 fois pour Bell Mobilité et de 7,25 à 7,1 fois pour le service filaire.
«BCE reste le premier choix des investisseurs qui recherchent un rendement courant et de la stabilité. La société maintient aussi la hausse annuelle de 5% de son dividende en 2021 malgré ses dépenses élevées en immobilisations», dit-il.
Vince Valentini croit que le dividende de 6% restera attrayant même si les taux canadiens de 10 ans devaient retourner à 2-2,5% au cours des deux prochaines années.
Lorsque le réseau de fibre optique jusqu’au domicile sera complété au cours des prochaines années, BCE en profitera stratégiquement. Ses coûts d’exploitation devrait aussi diminuer. La société versera alors aussi une moins grande proportion de ses flux de trésorerie excédentaires en dividendes.
«Comme pour ses semblables, le réseau de fibre et de tours de transmission ainsi que les nouvelles fréquences sans-fil, dans l’ère de la 5G, devraient soutenir des flux de trésorerie solides pour des décennies à venir. Les fournisseurs de télécommunications seront resteront plus attrayants pour les investisseurs que d’autres types d’infrastructures», entrevoit aussi l’analyste.
Dans l’intervalle, la reprise économique devrait aussi raviver les frais d’itinérance, l’immigration et les dépenses des entreprises, trois sources de croissance pour les revenus, à partir du deuxième semestre de 2021.
Au premier trimestre, Vince Valentini prévoit une baisse de 1,3% du bénéfice d’exploitation et de 10% du bénéfice à 0,71$ par action, conforme au consensus.
Ce recul s’explique par une baisse prévue de 36% à 15 000 du nombre d’abonnés sans fil au service post-payé et de 3% du revenu moyen mensuel par abonné à 50,18$.
AutoCanada (ACB, 33,38$): le plan du concessionnaire multi-marques offre du potentiel
AutoCanada (ACB, 33,38$): le plan du concessionnaire multi-marques offre du potentiel
Le plan de relance d’AutoCanada s’appuie sur quatre initiatives qui devraient rapporter chacune à leur rythme.
Pour mieux mesurer son potentiel, Krista Friesen, de CIBC Marchés des capitaux, estime que si tous les efforts produisaient leurs meilleurs résultats, quelque 45 millions de dollars s’ajouteraient au bénéfice d’exploitation annuel et 13$ de plus à la valeur de l’action.
Pour améliorer sa croissance interne et ses marges, le groupe de 66 concessionnaires muscle ses pratiques de financement et de garanties, accroît le taux d’utilisation des baies d’entretien et de réparation, déploie une nouvelle plateforme numérique de vente d’autos usagées et redresse la rentabilité de sa filiale américaine.
Pour l’instant, l’analyste augmente son cours-cible de 34 à 37$. Cet objectif repose déjà sur un multiple de 8,5 fois le bénéfice d’exploitation prévu, soit une évaluation supérieure à celle de ses semblables et à sa propre moyenne.
L’analyste juge qu’AutoCanada mérite une évaluation plus élevée qu’auparavant parce que le plan de relance avance et que la société accélère ses acquisitions.
«À mesure qu’AutoCanada renforce ses fondations, l’entreprise devrait devenir un acquéreur plus actif», dit-elle. Elle évalue sa capacité d’acquisitions à 213 M$.
D’ailleurs, le groupe de concessionnaires multi-marques vient d’acheter un deuxième carrossier depuis la fin de 2020 afin d’élargir la gamme des services qu’il offre aux propriétaires de véhicules et de renforcer ses relations avec les fabricants automobiles.
Puisque le cours-cible offre un gain de seulement 10,8%, Krista Friesen émet une recommandation neutre.
Toromont (TIH, 100,20$): l’équipementier devient un achat même au sommet
Toromont (TIH, 100,20$): l’équipementier devient un achat même au sommet
Même si le titre du distributeur de machinerie lourde touche un sommet, Michael Doumet, de Banque Scotia, émet une nouvelle recommandation d’achat et augmente son cours cible de 100 à 115$.
Ses arguments sont contre-intuitifs. D’entrée de jeu, il reconnaît avoir raté la remontée du titre qu’il jugeait toujours trop chère.
«La pandémie a démontré pourquoi la société mérite sa plus-value par rapport à son industrie», écrit-il. Ses bénéfices ont peu baissé. Aussi, l’équipementier a eu peu recours aux subventions salariales et n’a pas eu à imposer une restructuration, explique-t-il.
Or, puisque la reprise a soulevé tous les titres industriels, Toromont a perdu une partie de sa plus-value relative en Bourse, ce qui en fait un achat en vue d’une hausse de presque 40% des bénéfices en 2022.
«Voilà pourquoi acheter son titre au sommet est la bonne décision», renchérit Michael Doumet.
Ses prévisions de profits passent de 3,73 à 3,82$ en 2021 et de 4,13 à 4,36$ en 2022.
Ces perspectives pourraient dépasser ses attentes si les marges de Toromont s’amélioraient plus que prévu ou si elle achetait un autre concessionnaire Caterpillar.
Après tout, son bilan est presque de nouveau sans dettes tandis que l’intégration du distributeur Hewitt acquis en 2017 est très avancée, fait valoir Michael Doumet.
«Caterpillar contrôle qui vend et qui achète ses concessionnaires, ce qui embrouille la possibilité d’une transaction, mais la consolidation fait beaucoup de sens et Toromont est un acquéreur naturel», explique l’analyste.
Si la société achetait un concessionnaire de la taille de Hewitt en empruntant, un tel achat ajouterait 12% aux bénéfices dès la première année et jusqu’à 25% la troisième année.
Il rappelle que le bilan lui permet de conclure un achat d’une fois et demi fois la taille d’un milliard de dollars de celle de Hewitt sans que sa dette ne surpasse 2 fois le bénéfice d’exploitation.
Pour renouer avec la croissance annuelle composée de 15% connue entre 2010 et 2019, il croit que la société devra déployer son capital pour étendre son réseau ou pour acquérir des entreprises complémentaires.
En plus, Toromont amorce 2021 avec des nouvelles commandes record grâce à la reprise de la construction et de l’industrie minière.
Visiblement enthousiaste, Michael Doumet hausse de 24 à 26 fois les bénéfices prévus en 2022 le multiple qu’il accorde au titre.