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À surveiller: BCE, Banque Nationale et Dye & Durham

Dominique Beauchamp|Mis à jour le 16 avril 2024

À surveiller: BCE, Banque Nationale et Dye & Durham

(Photo: Roméo Mocafico)

Que faire avec les titres de BCE, Banque Nationale et Dye & Durham? Voici quelques recommandations d’analystes susceptibles de faire bouger les cours prochainement. Note: l’auteur peut avoir une opinion totalement différente de celle exprimée.

BCE (BCE, 60,06$): 500 M$ de plus aux investissements dans le réseau filaire dès 2021

Quelques jours après que le Conseil de la radiodiffusion et des télécommunications canadiennes (CRTC) ait annulé la baisse des tarifs d’accès internet de gros décrétée en 2019, BCE profite des nouvelles «certitudes réglementaires» pour ajouter 500 millions de dollars ou 6% à son plan d’investissements de 2021 et de 2022.

Le principal fournisseur de télécommunications au pays accélère encore une fois ses dépenses-réseau à 1,5-1,7 milliard de dollars, précise Adam Shine, de la Financière Banque Nationale. C’est la deuxième fois depuis mars que BCE devance ses dépenses.

L’analyste estime que les dépenses additionnelles iront entièrement au réseau filaire qui fournit l’accès internet et que la majorité se réaliseront en 2021.

BCE ne touche pas à ses orientations pour 2021, soit une hausse de 2 à 5% des revenus et du bénéfice d’exploitation et une augmentation de 1 à 6% du bénéfice par action pour 2021. Adam Shine prévoit tout de même que les dépenses en capital atteindront presque 20% des revenus et diminueront les plus de trésorerie excédentaires 14,3% à 2,8 milliards de dollars en 2021.

Les flux de trésorerie excédentaires de 3,17$ en 2021 seront inférieurs au dividende de 3,50$, mais se rétabliront à 3,78$ par action dès 2022, estime l’analyste. BCE pourra donc augmenter son dividende au rythme habituel de 5% par année.

«Les dépenses en capital du réseau internet devraient revenir à 3,1 G$ après 2022», entrevoit-il..

Les investissements amélioreront la pénétration du réseau de fibre optique jusqu’au domicile de 56% des abonnés en 2020, à 62% en 2021, puis à 80% en 2023.

La couverture 5G doublera aussi de 35% à 70% en 2021.

Puisque ces investissements accélérés visent à mettre à niveau le réseau afin de mieux concurrencer ses rivaux et à offrir un service à haut débit, ils devraient ultimement augmenter les revenus par abonné et diminuer les dépenses d’exploitation.

Adam Shine maintient donc sa recommandation d’achat et son cours cible de 64$ qui offre une rendement total potentiel de 12,4% incluant le dividende de 5,8%.

 

Banque Nationale (NA, 94,59$): le jeu des comparaisons favorise moins la banque québécoise

Banque Nationale (NA, 94,59$): le jeu des comparaisons favorise moins la banque québécoise

Le titre de la Banque Nationale s’est légèrement replié malgré le bond de 122% du bénéfice au deuxième trimestre, le 30 mai. Le bénéfice de 2,25$ a même dépassé les prévisions par 13%.

Paul Holden de CIBC Marchés des capitaux avance une explication toute simple: le titre offre moins de potentiel d’appréciation que ses rivales. Le jeu des comparaisons dirige les yeux des investisseurs qui se déplacent d’une banque à l’autre vers d’autres banques.

Premièrement, le titre avait déjà bien fait puisque la banque régionale avait mis en réserve le plus de provisions pour pertes sur prêts que les autres banques. Son appréciation de 31,6% depuis le début de 2021 (en date du 28 mai) surpasse la moyenne de 23,1% pour l’ensemble des banques.

Deuxièmement, son action s’échange à un multiple de 11,6 fois les bénéfices prévus dans un an, une évaluation supérieure à la moyenne de 11 fois.

Troisièmement, la banque est structurellement moins exposée à la hausse des taux d’intérêt è court terme que ses semblables.

Quatrièmement, la banque tire généralement une plus grande part de ses revenus des activités des marchés des capitaux dont la croissance se modérera après trois trimestres records, soit au deuxième trimestre de 2020 et lors des deux plus récents trimestres.

Enfin, l’institution québécoise dispose de moins de capitaux excédentaires que d’autres banques. Le ratio des capitaux propres de 12,2% se compare à la moyenne de 13,5% pour le groupe. Ce ratio diminuera aussi de 15 points de pourcentage au prochain trimestre en raison du renversement d’ajustements réglementaires antérieurs des capitaux à risque.

«Ce niveau inférieur offre en principe moins d’opportunités de déployer ce capital dans le rachat de ses actions ou des acquisitions», explique Paul Holden.

Ceci dit, l’analyste signale que les prêts commerciaux de la banque croissent plus vite que ceux de ses semblables. Le renversement des provisions constituées au début de la pandémie contribuera aussi aux bénéfices au cours des deux prochains trimestres.

Le titre mérite de conserver une plus-value par rapport à son groupe, mais le cours cible de 98$ offre néanmoins un potentiel de gain plus modeste de 3,6%.

L’analyste ne recommandation donc pas l’achat du titre.

Dye & Durham (DND, 48,24$): de surprise en surprise

Dye & Durham (DND, 48,24$): de surprise en surprise

Le fournisseur et acquéreur actif de logiciels légaux sert une autre surprise à ses actionnaires.

Après avoir réalisé cinq émissions d’actions et six acquisitions depuis son entrée en Bourse il y a à peine dix mois, voilà que son PDG Matthew Proud annonce qu’il veut en fermer le capital pour 3,4 milliards de dollars ou à 50,50$ par action.

Cet intérêt a déclenché un examen par le conseil d’administration afin d’évaluer toutes les options stratégiques. Bien qu’il n’exclut pas que d’autres prétendants puissent se manifester, tels que des fonds privés, Robert Young, de Canaccord Genuity, note que Matthew Proud et son frère ont déjà 20% des actions.

La situation reflète en quelque sorte une divergence de vues entre les dirigeants et les investisseurs concernant la valeur attribuée à la société et sa course aux acquisitions.

L’action de Dye & Durham est moins chèrement évaluée que celles d’autres entreprises du genre dans le monde. Les dirigeant la jugent sous-évaluée et espèrent en tirer une valeur supérieure en privé.

La société de Toronto s’échange à 12 fois le bénéfice d’exploitation par rapport à la moyenne de 19 fois pour d’autres acquéreurs de son industrie et de 17 fois pour les fournisseurs de technologie légale, précise l’analyste.

«Plusieurs transactions (dans les logiciels légaux) se réalisent à un multiple de 25 fois tandis que le fournisseur australien similaire PEXA vise une évaluation de 31 fois à son entrée en Bourse en juin», explique l’analyste qui ajoute que Dye & Durham est plus diversifiée.

Les dirigeants ont aussi maintes fois signalé qu’ils aimeraient accroître la dette jusqu’à 4 fois le bénéfice d’exploitation pour accélérer la cadence des acquisitions et atteindre le bénéfice d’exploitation d’un milliard de dollars et des marges de plus de 50% visés à moyen terme.

Chaque 100 points de pourcentage de plus au ratio d’endettement peut potentiellement ajouter 220 M$ au bénéfice d’exploitation annuel par le biais d’acquisitions, bien qu’une telle stratégie comporte plus de risques, précise l’analyste.

En attendant d’en apprendre plus sur la curieuse tournure des événements, Robert Young maintient sa recommandation d’achat et son cours-cible de 65$. L’action émise à 7,50$ en juillet 2020 a grimpé de 18%, le 31 mai à 48,24$.