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À surveiller: BCE, Mediagrif et InterRent

Dominique Beauchamp|02 juillet 2020

À surveiller: BCE, Mediagrif et InterRent

Photo: Romeo Mocafico

Que faire avec les titres de BCE, Mediagrif et InterRent? Voici quelques recommandations d’analystes susceptibles de faire bouger les cours prochainement. Note: l’auteur peut avoir une opinion totalement différente de celle exprimée.


BCE (BCE, 56,76$): la pandémie infectera le prochain trimestre

Les résultats du deuxième trimestre de BCE, attendus le 7 août, pourraient surprendre les investisseurs, mais pas de la bonne façon.

La pandémie se fera sentir si l’on se fie aux prévisions d’Adam Shine, de la Financière Banque Nationale.

L’analyste prévoit en effet un recul de 10% des revenus et de 9,4% du bénéfice d’exploitation. Le bénéfice de 0,66$ par action qu’il prévoit se compare au consensus de 0,77$.

Ce trimestre souffrira du confinement d’avril et de mai et de la lente reprise depuis.

Une foule de dépenses exceptionnelles nuira aux résultats, incluant le don d’équipements de protection au gouvernement, les dons accrus aux organismes de santé mentale, des mesures sanitaires dans les magasins, les centres d’appel et les bureaux ainsi que la réaffectation de milliers d’employés. Adam Shine estime ces coûts à 90 millions de dollars.

Le service filaire devrait voir une baisse de 2% des revenus et de 5,6% du bénéfice d’exploitation. Bell Canada a repoussé la hausse de ses tarifs et a suspendu les surcharges de données tandis que certains clients ont demandé des concessions.

Le service de télé Bell Fibe devrait aussi avoir perdu 15 000 clients, tandis que 67 000 autres auront abandonné leur ligne filaire.

Le service sans fil devrait voir les revenus mensuels par abonné baisser de 7,1% à 63,88$, à cause d’une baisse des revenus d’itinérance, des surcharges de données et du nombre d’activations.

L’ajout prévu de 20 000 d’abonnés sans fil sera cinq fois moindre qu’un an plus tôt, estime aussi Adam Shine.

En revanche, la recul des ventes de téléphones intelligents et des dépenses relatives à l’acquisition d’abonnés améliorera la marge d’exploitation sans fil.

L’analyste rappelle que BCE s’est engagée à maintenir ses dépenses en capital et son dividende en 2020. La vente récente de 25 de ses centres de données l’aidera à financer à soutenir ces sorties de fonds.

Adam Shine profite de cet aperçu pour réitérer sa recommandation d’achat.

Son cours cible inchangé de 62,50$ laisse entrevoir un rendement total de 16%, incluant le dividende de 5,9%.

 

Mediagrif (MDF, 5,82$): encore en transition

Mediagrif (MDF, 5,82$): encore en transition

Le déclin de 4,5% des revenus au quatrième trimestre, sans l’effet des transactions et des changes, a déçu Maher Yaghi, de Desjardins Marché des capitaux.

La marge d’exploitation de 2,5% est nettement inférieure à celle de 8 à 12% qu’avait prévu la société à court terme.

La société en plein virage stratégique a manqué de temps pour ajuster ses coûts au déclin des revenus, ont justifié les dirigeants. Ces marges sont toujours en vue pour 2021bgrâce à une amélioration de la marge brute qui devrait passer de 71% en 2020 à 74-75% en 2021.

Au quatrième trimestre, Mediagrif aussi dévalué les sites grand public Jobboom et Réseau Contact d’encore 7,2 millions de dollars si bien que leur valeur comptable est maintenant réduite à 1,4M$.

«Ces deux plateformes sont encore rentables, mais la compétition des géants du web et l’absence d’acheteurs prêts à offrir un prix acceptable ont mené à cette radiation», explique l’analyste.

En revanche, ses plateformes d’approvisionnement et de commerce électronique se portent bien grâce à la demande accrue de la part des entreprises.

Pour les huit premières semaines du premier trimestre, les revenus des solutions de commerce en ligne ont bondi de 56%, par exemple.

La direction est d’avis que l’engouement pour le commerce électronique sera «largement durable» et qu’il se reflétera dans les rendements futurs de ses plateformes de commerce unifié et d’approvisionnement stratégique.

L’analyste prévoit donc que le déclin interne des revenus s’amenuisera au prochain trimestre.

Certains signes suggèrent que la croissance s’améliore pour ses plateformes destinées aux entreprises. «Nous attendons de voir si ces tendances mèneront à un point de bascule. Entretemps, la société investit davantage en marketing et dans son effort de ventes», dit-il

L’environnement transactionnel se rétablit aussi pour les acquisitions. La pandémie ne réduit pas les multiples que la société prévoit payer pour ses proies éventuelles, a indiqué le PDG.

Re-lisez notre entrevue avec le PDG Luc Filiatreault ici

Une récente émission d’actions de 15,8M$, réalisée essentiellement aux États-Unis, a ajouté 20% au nombre d’actions, réduisant l’avoir des actionnaires existants d’autant. Toutefois, le bilan amélioré augmente les chances de transactions à court et à moyen terme.

La société a profité du rebond de 148% de son action pour réparer son bilan parce que les investissements internes affaiblissent le bénéfice d’exploitation à court terme. Le ratio qui compare la dette à ce bénéfice devrait passer de 3 à 1,2 fois, estime l’analyste.

Maher Yaghi présente aussi des premiers estimés pour 2022. Il prévoit une accélération des revenus de 2,6% en 2021 à 4,3% en 2022. Le bénéfice d’exploitation devrait se redresser de 39% à 11,1M$.

Le nouveau patron vise à faire croître les revenus au détriment de la rentabilité à court terme. Si la stratégie de cinq ans est bien exécutée, elle pourrait procurer un bon potentiel aux investisseurs, croit Maher Yaghi.

Le virage augmente toutefois les risques et requiert une bonne gestion opérationnelle et financière, prévient l’analyste qui recommande de conserver le titre pour lequel il augmente son cours cible de 6,50 à 7$.

 

InterRent (IIP.UN, 14,33$): le fonds résidentiel en mode acquisition

InterRent (IIP.UN, 14,33$): le fonds résidentiel en mode acquisition

Le fonds immobilier à capital fermé spécialisé dans les appartements a récolté 220 millions de dollars pour sauter sur des occasions d’achat que la pandémie devrait susciter.

Étant donné que l’émission de 16 millions de parts additionnelles s’est réalisée près de la valeur d’actif net, elle ne dilue pas les porteurs actuels, évalue Matt Logan, de RBC Marchés des capitaux.

Armé d’un bilan plus solide que ceux de ses semblables, InterRent compte profiter des difficultés financières de propriétaires d’immeubles à revenus pour acheter des bâtiments qu’elle compte rénover pour ensuite relever les loyers.

InterRent magasine en Ontario et au Québec, ses deux principaux marchés, mais lorgne aussi les marchés de l’Alberta et d’Halifax. 

Dans son modèle, Matt Logan prévoit des acquisitions de l’ordre de 300 à 400 M$ d’ici la mi-2021.

Malgré ce potentiel, l’analyste maintient son cours-cible de 17$ et prévoit pour le titre une performance égale à son secteur.

Il faut dire qu’au cours actuel, son titre reflète déjà son positionnement dans l’industrie des fonds immobiliers en général et dans le créneau prisé des immeubles multi-résidentiels en particulier.

Le titre peut tout de même s’apprécier d’encore 18% si sa plus-value retrouvait le niveau qu’elle avait avant la récession. Une prime de 10 à 15% par rapport à la valeur d’actif nette de 15,25$ dans un an l’y amènerait.

Sur la base des fonds générés par l’exploitation, le fonds s’échange à un multiple élevé de 30,5 fois.