À surveiller: Beyond Meat, Lion électrique et la Banque Royale
lesaffaires.com|Publié le 29 février 2024Beyond Meat se montre toujours largement incapable d’écrire ses résultats autrement qu’à l’encre rouge foncée. (Photo: 123RF)
Que faire avec les titres de Beyond Meat, Lion électrique et la Banque Royale? Voici quelques recommandations d’analystes susceptibles de faire bouger les cours prochainement. Note: l’auteur peut avoir une opinion totalement différente de celle exprimée par les analystes.
Beyond Meat (BYND : 10,87 $US): l’année de tous les dangers
Beyond Meat a peut-être surpris les analystes avec des revenus plus élevés que prévu pour le quatrième trimestre de son exercice 2023, mais le fabricant de substituts de viandes d’origine végétale se montre toujours largement incapable d’écrire ses résultats autrement qu’à l’encre rouge foncée.
Juste avant l’annonce des résultats du dernier trimestre de l’exercice 2023 mardi, le consensus des analystes qui suivent les activités de l’entreprise de Los Angeles s’établissait à des revenus de 67 millions de dollars américains (M$US). Ils ont plutôt été de 73,7M$US, représentant une baisse de 8% par rapport à la même période en 2022.
Mais ce sont surtout les pertes nettes de l’entreprise qui continuent de se creuser et d’inquiéter les analystes. Elles ont été de 155,1M$, contre 66,9M$US au quatrième trimestre de 2022. Avec l’exercice 2023 maintenant clos, ces pertes sont de l’ordre de 338M$US, soit 5,26$US par action.
Beyond Meat « doit se mettre en mode survie », dit sans détour l’analyste John Oh, chez Third Bridge. « Les initiatives de réduction des coûts et les efforts d’optimisation de la production sont fondamentaux », poursuit-il.
« Les revenus du côté des États-Unis creusent les pertes et jettent de l’ombre sur un BAIIA négatif de 125M$US, au-delà des attentes. Ces ventes aux États-Unis sont en baisse de 23% pour le commerce de détail et de 26% dans les services de restauration, en comparaison avec des hausses respectives de 22% et 34% pour ces secteurs à l’international », explique de son côté Andrew Strelzik, analyste à la Banque de Montréal.
Ce dernier poursuit en disant que «Beyond Meat prend les mesures appropriées pour avoir un meilleur contrôle de ses coûts par rapport à ses revenus, mais ses prévisions de revenus pour 2024 et de ses marges brutes sont peut-être ambitieuses. Ces prévisions incluent des hausses de prix dans un contexte où la demande pour ses produits peut être très élastique. Cet optimisme nous frappe, compte tenu qu’une réduction des dépenses prévues en marketing pourrait ajouter de la pression sur les volumes de ventes».
En ce début d’exercice 2024, l’analyste reste prudent et maintient sa notation du titre à «performance égale au secteur». Par contre, il hausse son cours cible sur un an, qui passe de 7$ à 10$, qui, par ailleurs, s’est emballé de près de 75% après la publication des résultats de mardi.
Dominique Talbot
Lion Électrique (LEV, 1,99$): un trimestre faible qui déçoit cet analyste
Lion Électrique (LEV, 1,99$): un trimestre faible qui déçoit cet analyste
Rupert Merer de la Financière Banque Nationale n’est vraiment pas impressionné par les résultats que Lion Électrique vient de publier.
Lion a réalisé un chiffre d’affaires de 60 millions de dollars américains (M$US) en baisse par rapport au trimestre précédent et qui est bien en deçà de son estimation de 100 M$US et du consensus des analystes qui était de 90 M$US.
Cette performance rompt avec une tendance de croissance trimestrielle du chiffre d’affaires de deux ans et survient malgré l’augmentation de production de l’usine de Joliet depuis juillet.
L’entreprise a livré 188 véhicules, 10 camions et 178 bus, contre les 300 qu’estimait l’analyste. Les livraisons sont en baisse par rapport au trimestre précédent alors que Lion avait livré 245 véhicules.
Le prix de vente moyen pour le trimestre a été toutefois solide avec un montant de 332 000 $US, aidé par 81 ventes aux États-Unis, alors que l’entreprise bénéficie du programme de subvention de l’EPA, l’agence américaine pour l’environnement, pour les autobus scolaires électriques.
Compte tenu de la faiblesse des volumes au cours du trimestre, la marge brute de -15% est en baisse par rapport au 7% du trimestre précédent et inférieure à l’objectif de Rupert Merer à 6%.
La perte avant intérêts, impôts et amortissements ajusté est de 6 M$US alors que l’analyste de la Financière Banque Nationale s’attendait à une perte de 5 M$US
En novembre, Lion électrique a pris la décision de retarder la production commerciale de ses minibus LionA et LionM, ce qui a entraîné des dépréciations d’environ 46 M$US pour le trimestre.
Dans ses usines de Joliet et de Mirabel, l’infrastructure est désormais en place pour atteindre une capacité de production annuelle de 2 500 unités et de 1,7 GWh, respectivement, les dépenses initiales étant désormais terminées, ce qui, avec les tendances de production actuelles, devrait donner à Lion une capacité amplement suffisante pour les prochaines années.
Lion électrique a terminé le quatrième trimestre avec 93 M$US de liquidités, dont 30 M$US en espèces et 63 M$US sur sa facilité de crédit renouvelable.
Dans un effort de rationalisation des coûts, l’entreprise a temporairement licencié une centaine d’employés pour mieux répondre à ses besoins de production.
«Avec d’aussi faibles résultats pour le quatrième trimestre, nous nous attendons à ce que les actions de Lion se négocient à la baisse aujourd’hui, et le titre pourrait se retrouver au banc des pénalités jusqu’à ce que l’entreprise montre des progrès en matière de ventes et de rentabilité.» Conclut Rupert Merer.
Il maintient toutefois son cours cible de 2,25 $US pour le titre et sa recommandation de «performance égale au secteur».
Matthieu Hains
Banque Royale (RY, 131,03$) : un bon début d’année
Banque Royale (RY, 131,03$) : un bon début d’année
La Banque Royale a publié mercredi de bons résultats pour son premier trimestre de l’exercice 2024 selon Gabriel Dechaine, analyste à la Financière Banque Nationale.
RBC a publié un bénéfice par action (BPA) ajusté de 2,85 $, contre une estimation du FBN de 2,94 $, mais il note que le BPA n’exclut pas les charges du FDIC américain, organisme responsable de la sécurité des dépôts, qui a eu un impact de -0,08 $ par action.
Une bonne partie des bons résultats de la Banque Royale peut être attribuée au retour à la rentabilité de sa filiale américaine City National Bank
La filiale est en mode redressement, ce qui comprend l’amélioration des contrôles de gouvernance et de risque, étant donné que les exigences règlementaires ont augmenté en même temps que son bilan qui a plus que doublé depuis son acquisition.
RBC a souligné les améliorations apportées à son leadership et à ses systèmes et personnel de conformité. La banque s’attend à une rentabilité continue en 2024, avec une accélération en 2025 lorsque certains de ces investissements seront revus à la baisse.
Après une année au cours de laquelle les dépenses de RBC ont connu une croissance à deux chiffres, le premier trimestre de 2024 a marqué un important tournant.
En excluant la charge de la FDIC, l’analyste de la FBN estime que la croissance des dépenses a été de 4% en glissement annuel, ce qui a entraîné un levier d’exploitation de -1%.
La banque a prévu une croissance des dépenses de base faible ou moyenne pour le reste de l’année, un résultat qui impressionne Gabriel Dechaine étant donné que la plupart des synergies découlant de l’acquisition de HSBC Canada ne seront réalisées qu’au début de l’exercice 2025.
Dans l’hypothèse d’un environnement favorable à la croissance des revenus, l’analyste pense que RBC pourrait afficher les indicateurs d’exploitation et d’efficacité les plus impressionnants cette année comparé à ses compétiteurs.
Le ratio de fonds propres de catégorie 1 sous forme d’actions ordinaires (CET1) de 14,9% de RBC était supérieur aux prévisions. La direction prévoit maintenant un ratio CET1 de 12,5%, excluant l’acquisition de HSBC pour 2024.
La Banque a également éliminé le rabais sur son programme de réinvestissement des dividendes.
Gabriel Dechaine réitère sa recommandation de «surperformance» sur le titre et maintient son cours cible de 148 $.
Matthieu Hains