L'analyste de Bank of America, Ronald J. Epstein, réduit son cours cible sur un an sur le titre de Boeing. (Photo: 123RF)
Que faire avec les titres de Boeing, Uni-Sélect et Alimentation Couche-Tard? Voici quelques recommandations d’analystes susceptibles de faire bouger les cours prochainement. Note: l’auteur peut avoir une opinion totalement différente de celle exprimée.
Boeing (BA, 148,84$US) : Bank of America abaisse son cours cible sur un an
La direction de Boeing a la réputation de reconnaître qu’elle affronte des problèmes et d’agir pour corriger la situation longtemps après qu’ils soient devenus évidents aux yeux de tous, selon l’analyste Ronald J. Epstein, de Bank of America.
«Les investisseurs en sont venus à se demander quels étaient les défis qui allaient apparaître et qui n’ont pas encore été reconnus par la direction du constructeur», dit-il.
Ce dernier liste une série de vents contraires que Boeing devra affronter et auxquels la direction n’a pas encore décidé de s’attaquer. En voici quelques-uns :
- L’analyste note des charges totalisant 7,9 milliards de dollars américains (G$US) dans son secteur militaire à ce jour, et ce n’est à son avis pas terminé, en raison de pressions inflationnistes et de problèmes de chaîne d’approvisionnement et de pénurie de personnel qui retardent la livraison de contrats;
- Boeing serait aussi loin d’avoir réglé tous les problèmes sur ses appareils 787, dont les livraisons sont interrompues depuis mai 2021, accumulant au passage 115 appareils en inventaire, dont la valeur est estimée à 12,5G$US;
- Le rapport d’impact environnemental pour les appareils 737 MAX 10 est à risque d’être reporté à 2023;
- Boeing devait lancer la commercialisation de son appareil 777X à la fin de 2023, mais elle a été reportée en 2025, des délais qui entraîneront des coûts non récurrents de 1,5G$US;
- La pénurie d’ingénieurs empêche le constructeur de faire progresser ses programmes de développement de ses appareils, ce qui se répercutera sur la capacité de Boeing à augmenter sa capacité de production;
- Une augmentation des tensions entre les États-Unis et la Chine pourrait pénaliser Boeing, puisque le quart de la demande pour les appareils de l’entreprise est chinoise;
- Pendant que Boeing affronte des vents contraires et doit corriger des problèmes sur certains appareils, Airbus bénéficie d’un vent de dos et récolte d’importantes parts de marché dans ces créneaux.
Tout cela sans oublier que Boeing, selon l’analyste, n’a pas de politique claire pour verser un dividende régulier, ce qui pourrait faire fuir de nombreux investisseurs.
L’analyste réitère sa recommandation «neutre» sur le titre de Boeing, mais abaisse son cours cible sur un an, qui passe de 220$US à 180$US.
Uni-Sélect (UNS, 30,18$) : stabilité des marges bénéficiaires en attendant des acquisitions
Uni-Sélect (UNS, 30,18$) : stabilité des marges bénéficiaires en attendant des acquisitions
Le fabricant de pièces et de peintures pour véhicules Uni-Sélect dévoilera ses résultats financiers du premier trimestre de son exercice 2022 le 5 mai et l’analyste Nauman Satti, de Valeurs mobilières Banque Laurentienne, note que les chiffres de l’entreprise montrent une certaine stabilité des marges bénéficiaires et une diminution de son endettement, ce qui ouvre la porte à des initiatives de fusions & acquisitions.
L’amélioration des marges bénéficiaires signifie selon l’analyste que la société a été en mesure d’augmenter ses prix dans un environnement inflationniste.
Au premier trimestre, Nauman Satti prévoit que la gamme de produits de peinture FinishMaster soit le principal moteur de croissance pour Uni-Sélect.
Pour le trimestre, l’analyste s’attend à un bénéfice avant intérêts, impôts et amortissement (BAIIA) de 32,77 millions de dollars (M$), ce qui est inférieur de 6% au consensus des analystes, établi à 34,78M$. Il anticipe, par contre, que la marge bénéficiaire sur le BAIIA devrait être de 8,3%, alors que le consensus mise sur 8,1%.
Nauman Satti prévoit aussi que les revenus atteindront 396,5M$, alors que le consensus des analystes est à 428,05M$. «À 396,5M$, les revenus seront inférieurs à ceux de 407,7M$ récoltés au premier trimestre de 2020, ce qui montre qu’il y a encore de la place pour de la croissance», dit-il.
«À court terme, Uni-Sélect devrait bénéficier de volumes de commandes post COVID. Mais à plus long terme, nous prévoyons que les fusions et acquisitions seront les principaux éléments de croissance», ajoute-t-il.
Selon l’analyste, la société pourrait réaliser des acquisitions totalisant 250M$ ou plus, précisant qu’une transaction de grande taille pourrait impliquer une combinaison d’actions et d’endettement, ce qui permettrait à Uni-Sélect de préserver son bilan pour réaliser des acquisitions supplémentaires.
Nauman Satti réitère sa recommandation d’achat sur le titre et son cours cible sur un an de 34$.
Alimentation Couche-Tard (ATD, 58,11$) : deux acquisitions potentielles sous la loupe
Alimentation Couche-Tard (ATD, 58,11$) : deux acquisitions potentielles sous la loupe
L’entreprise d’investissement activiste Elliot Investment Management a amorcé des discussions avec le conseil d’administration de la pétrolière Suncor pour lui suggérer des manières de créer de la valeur pour ses actionnaires, incluant la vente de ses activités de détaillant sous la bannière Petro-Canada.
L’analyste Patricia Baker, de la Banque Scotia, estime que ces discussions vont soulever des spéculations quant à un possible intérêt d’Alimentation Couche-Tard pour ces actifs qu’elle qualifie d’attrayants.
«C’est un réseau de stations-service très performantes qui opère 1584 sites à travers le Canada, en plus de 220 aux États-Unis, dans les États du Colorado et du Wyoming. Si ces actifs devaient être mis en vente, nous croyons que Couche-Tard montrera son intérêt», dit-elle.
Patricia Baker tempère toutefois les attentes en expliquant que le réseau canadien de Suncor présente d’importants chevauchements avec celui de Couche-Tard, composé de 2100 établissements à travers le pays, particulièrement au Québec et dans les Maritimes. Cela fait en sorte que Couche-Tard aurait de la difficulté à acheter tous les établissements de Suncor d’un bloc.
«Il y aurait des occasions à saisir pour Couche-Tard dans certains marchés ontariens, mais ce qui risque le plus de susciter l’intérêt de l’entreprise est d’augmenter sa présence dans les provinces de l’ouest, où elle est sous-représentée», dit-elle.
Selon Elliot Management, les établissements de Suncor sont plus rentables que ceux de Couche-Tard, alors que chaque site génère en moyenne un bénéfice d’exploitation de 925 000 dollars par année, comparativement à 782 000 dollars pour Couche-Tard.
Si une transaction se matérialise, Patricia Baker soutient que Couche-Tard peut dépenser de 10 à 15 milliards de dollars.
En plus de pourparlers potentiels avec Suncor, des informations émanant du Wall Street Journal et de médias britanniques vendredi dernier laissent entendre que Couche-Tard serait en négociations pour acheter la société EG Group, qui possède 6300 dépanneurs/stations-service, épiceries et aires de restauration au Royaume-Uni, en Europe, aux États-Unis et en Australie.
Selon ces sources, le prix demandé serait de 16 milliards de dollars américains, incluant la dette.
«EG possède 380 stations-service au Royaume-Uni et en Irlande et 3 313 en Europe continentale (en France, en Allemagne, en Italie et aux Pays-Bas), 1737 sites aux États-Unis et 538 en Australie. L’Europe continentale, le Royaume-Uni et l’Australie seraient de nouveaux marchés pour Couche-Tard», analyse Patricia Baker, alors que la société est déjà présente aux États-Unis et en Irlande.
Cette dernière souligne qu’EG possède une empreinte nationale en Australie, où elle est la troisième plus importante entreprise indépendante dans son secteur, mais la deuxième en ce qui concerne les ventes de carburant.
À son avis, Couche-Tard devrait toutefois se départir de certains actifs américains dans les secteurs où elle possède déjà une forte présence en présumant que EG Group est vendue en un seul morceau.
L’analyste estime qu’une acquisition d’une telle ampleur forcerait Couche-Tard à augmenter son niveau d’endettement, mais que le jeu en vaut la chandelle vu la complémentarité des réseaux des deux entreprises.
Patricia Baker prend bien soin d’ajouter que même si les deux entreprises discutent, il n’existe aucune garantie qu’une transaction se matérialisera.
Elle réitère sa recommandation de «surperformance» et son cours cible sur un an de 66$ pour le titre de Couche-Tard.