À surveiller: Bombardier, Aritzia, et Universal Health
Dominique Beauchamp|Publié le 07 juillet 2022Les investisseurs abordent l’industrie des jets d’affaires avec prudence redoutant que le cycle favorable des ventes tire à sa fin, explique Benoit Poirier, de Desjardins Marché des capitaux. (Photo: Getty Images)
Que faire avec les titres de Bombardier, Aritzia et Universal Health? Voici quelques recommandations d’analystes susceptibles de faire bouger les cours prochainement. Note: l’auteur peut avoir une opinion totalement différente de celle exprimée.
Bombardier (BBD.B, 18,64 $): le chaos aérien pourrait prolonger la demande pour les jets d’affaires
Les investisseurs abordent l’industrie des jets d’affaires avec prudence redoutant que le cycle favorable des ventes tire à sa fin, explique Benoit Poirier, de Desjardins Marché des capitaux. Le ratio qui compare les nouvelles commandes aux revenus facturés a en effet atteint un record de 2,5 fois pour Bombardier, au premier trimestre, faisant craindre un sommet pour le fabricant.
L’analyste fait toutefois valoir que les retards et les annulations de vols tant en Amérique du Nord et qu’en Europe pourraient, au contraire, prolonger le cycle des jets d’affaires. «Les perturbations observées dans l’aviation commerciale mondialement nous semblent un fort vent de dos qui attirera des clients aux jets d’affaires et soutiendra le niveau élevé d’activité actuel», évoque l’analyste. La «démocratisation» des vols privés, grâce aux fournisseurs d’aviation privée à la demande tels que Wheels Up, est un autre facteur favorable.
Benoit Poirier cite aussi un article du Financial Times dans lequel le principal fournisseur de location de jets privés NetJets indique que la demande pour les vols privés est si forte que la société suspend la vente de cartes prépayées jusqu’à la fin de 2022.
De plus, quelque 70% des abonnés de Private Jet Card Comparisons, l’unique guide indépendant des divers services de vol privés, sont inscrits pour plus d’une solution d’aviation privée. Les tarifs de vols nolisés privés ont aussi augmenté de 6% au deuxième trimestre, selon sa publication de juillet.
«Ses abonnés prévoient voler privément 39,7 heures au cours des douze prochains mois, un niveau légèrement plus faible que la moyenne de 41,7 heures des douze derniers mois. Ces données sont de bon augure pour les résultats du deuxième trimestre de Bombardier (attendus le 4 août)», renchérit l’analyste.
Le niveau des commandes, les heures de vol et les stocks de jets d’affaires d’occasion pointent tous dans la bonne direction pour les prochains résultats trimestriels de la société. «Nous ne percevons aucune preuve claire de ralentissement et demeurons optimistes pour Bombardier», ajoute Benoit Poirier.
À ses yeux, le plus récent recul de 31% de l’action (depuis le 17 juin) offre une occasion d’acheter le titre dont l’évaluation de 40% inférieure à celle de ses semblables General Dynamics (GD, 219,56 $US), Textron (TXT, 60,26 $US) et Embraer (ERJ, 8,47 $US) ne se justifie pas.
Il renouvelle donc sa recommandation d’achat et son cours cible de 80 $, soit quatre fois le cours actuel.
Aritzia (ATZ, 34,36$): RBC modère son enthousiasme la veille des résultats du détaillant prisé
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La chaîne de vêtements à la mode pour femmes rapportera de solides résultats pour son premier trimestre le 7 juillet, car ils se compareront à la période de restrictions pandémiques d’un an plus tôt. Aussi, Aritzia a depuis lancé une collection de maillots et a ouvert de nouvelles boutiques à Las Vegas et Miami.
Irene Nattel, de RBC Marchés des capitaux prévoit en effet une croissance de 50% des revenus (à 374 millions de dollars), une hausse de 39% du bénéfice d’exploitation (à 57 M$) et un bond de 47% du bénéfice (0,28 $ par action).
C’est pour la suite des choses qu’Irene Nattel modère son enthousiasme parce que le ralentissement économique fera douter de la «durabilité» des dépenses discrétionnaires. L’analyste diminue légèrement ses prévisions de profits de 1,85 à 1,76 $ par action pour 2024, car elle s’attend à ce que les dépenses générales augmentent et à ce que la marge brute diminue.
Les perspectives plus incertaines réduisent un peu la valeur qu’elle accorde aux futurs bénéfices. Son multiple d’évaluation diminue légèrement de 32,5 à 30 fois les bénéfices projetés en 2024. Elle émet aussi l’hypothèse que le détaillant rachètera moins d’actions l’an prochain si une récession se confirmait.
Le cours cible diminue donc de 60 à 52 $. Malgré l’énorme potentiel de gain de 51% qu’offre ce cours cible, l’analyste a une recommandation «neutre» envers le titre parce que les vêtements à la mode sont davantage sujets à l’humeur dépensière des consommatrices que d’autres détaillants de sa taille.
Son titre a plus que doublé depuis l’entrée en Bourse de 2016 bien que le cours ait dégonflé de 44% depuis son sommet de janvier.
Universal Health (UHS, 102,85 $ US): BMO tourne le dos à l’exploitant d’hôpitaux pris au piège
Universal Health (UHS, 102,85 $ US): BMO tourne le dos à l’exploitant d’hôpitaux pris au piège
Matt Borsch de BMO Marchés des capitaux délaisse les exploitants d’hôpitaux en Bourse, dont Universal Health de New York.
Ces organisations sont coincées entre la hausse des coûts d’exploitation et de main-d’œuvre et la baisse de la demande pour leurs services, après la COVID-19. Résultat: les marges seront sous pression cette année et l’an prochain.
Les récentes données de l’industrie indiquent que les urgences n’ont pas retrouvé le niveau d’activité de 2019 avant la pandémie et que plusieurs hôpitaux sont déficitaires à ce jour cette année.
En même temps, les gouvernements exigent que les hôpitaux de soins aigus soient plus transparents à propos de leurs tarifs alors que les patients et les assureurs cherchent des solutions de soins de rechange pour réduire leur facture, explique l’analyste.
Matt Borsch de BMO enjoint ses clients à éviter Universal Health et sa rivale Hospital Corporation of America (HCA, 167,39 $US) parce que les résultats pourraient décevoir pendant trois ans.
«Nous étions déjà sceptiques envers les hôpitaux, mais l’avertissement de profits moindres en 2022 par Universal Health et les résultats tièdes de HCA au premier trimestre nous font redoubler de prudence», écrit-il. L’analyste a réduit ses prévisions de revenus et de profits pour 2022, 2023 et 2024.
«Le recul depuis avril des cours des hôpitaux (33% pour United Health) ne reflète pas pleinement le ralentissement à venir de la croissance», ajoute Matt Borsch.
«Bien que notre modèle financier incorpore un rebond des bénéfices après le recul de 2022, les bénéfices de 2023 resteront encore inférieurs à ceux de 2021. De plus, le risque est plus élevé que les bénéfices déçoivent que l’inverse», prévient aussi l’analyste.
La recommandation passe donc de «neutre» à «vendre» et le cours cible diminue de 133 à 90 $US, ce qui laisse entrevoir un déclin d’encore 12%.