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À surveiller: Bombardier, Québecor et Stantec

Dominique Beauchamp|Mis à jour le 16 avril 2024

À surveiller: Bombardier, Québecor et Stantec

(Photo: Getty Images)

Que faire avec les titres de Bombardier, Québecor et Stantec? Voici quelques recommandations d’analystes susceptibles de faire bouger les cours prochainement. Note: l’auteur peut avoir une opinion totalement différente de celle exprimée.

 

Bombardier (BBD.B, 65,70$): une rencontre et une visite d’usine renforcent la confiance de BMO

Fadi Chamoun de BMO Marchés des capitaux est ressorti de rencontres organisées pour ses clients avec deux dirigeants et d’une visite de l’usine de finition des jets d’affaires de Montréal plus confiant qu’avant dans ses prévisions et son optimisme envers le titre.

Un échange avec Bart Demosky, chef de la direction financière et Francis Richer de la Flèche, vice-président de la planification financière, l’incite même à relever ses prévisions de bénéfices pour 2023 (de 3,04 à 3,11$ US par action) et pour 2024 (de 4,55 à 4,59 $ US) et son cours cible.

Essentiellement, le carnet de commandes bien rempli ainsi que la demande encore solide pour les jets d’affaires donnent beaucoup de «visibilité» aux perspectives de revenus. Malgré la modération de certains indicateurs de ce créneau de l’aviation, les stocks de jets d’affaires d’occasion sont peu élevés, la demande reste résiliente et surtout les commandes en main renforcent la trajectoire des revenus jusqu’en 2024, énumère l’analyste.

Bombardier a présenté de solides arguments pour assurer que la robuste demande se prolongera et que les commandes reçues continueront à dépasser les livraisons. Si ce n’était pas le cas, Fadi Chamoun juge que le fabricant est bien positionné pour naviguer une récession étant donné que son bilan et ses liquidités sont plus solides qu’auparavant. Dans ce scénario moins optimiste, la demande pour les jets serait inférieure au rythme des appareils produits, obligeant le fabricant à réduire sa production.

L’analyste table sur des flux de trésorerie de 350 millions de dollars américains en 2023 et de plus de 500 M$ US en 2024.

Le fait que Bombardier ait dépassé les objectifs du plan de match établi en 2020 malgré les problèmes d’approvisionnement et l’inflation lui donne confiance que le fabricant puisse dégager de solides flux de trésorerie excédentaires tout en réinvestissant au besoin. Fadi Chamoun estime aussi que Bombardier a utilisé des hypothèses prudentes pour établir les orientations de 2023.

L’analyste de BMO est aussi de ceux qui croient que la société est en voie de dépasser les objectifs de revenus, de bénéfice d’exploitation et de flux de trésorerie disponibles fixés pour 2025. Bombardier pourrait les relever lors de la rencontre annuelle des investisseurs du 23 mars.

Fadi Chamoun imagine un cadre financier d’ici 2025 qui verrait Bombardier «dégager des flux de trésorerie disponibles de 500 M$ US par année, afficher un ratio d’endettement de moins de deux fois le bénéfice d’exploitation tout en finançant la mise au point de nouveaux appareils».

Au final, l’analyste augmente son cours cible de 75 à 80$ et réitère sa recommandation d’achat. Cet objectif représente un multiple de 8 fois le bénéfice d’exploitation moyen qu’il prévoit en 2023 et 2024.

L’action de Bombardier a plus que triplé depuis le creux de 18,30$ touché en juillet 2022.

Québecor (QBR.B, 32,40$): l’achat de Freedom Mobile devient plus important que jamais

Québecor (QBR.B, 32,40$): l’achat de Freedom Mobile devient plus important que jamais

Les résultats annuels du propriétaire de Vidéotron démontrent à quel point l’acquisition du fournisseur sans fil Freedom Mobile est plus importante que jamais pour la croissance de Québecor, affirme sans détour Jérome Dubreuil de Desjardins Marché des capitaux.

Québecor a en effet raté plusieurs repères financiers et de taux d’abonnement au quatrième trimestre ce qui reflète un certain mûrissement de sa position compétitive dans le marché du Québec où Bell Canada lui livre une chaude lutte.

«Québecor détient déjà une part élevée du marché sans fil au Québec alors que Bell a encore un long trajet devant elle pour déployer son réseau de fibre optique», évoque notamment l’analyste.

Heureusement, ajoute-t-il, l’acquisition de Freedom Mobile devrait se clore éventuellement et générer des bienfaits importants pour la compagnie et ses actionnaires.

L’analyste croit que le ministre de l’Innovation, de la Science et de l’Industrie, François-Philippe Champagne, a demandé à Québecor des engagements plus exécutoires en ce qui concerne les conditions auxquelles la société s’est déjà engagée. Québecor est probablement retournée voir Rogers Communications (qui vend lui Freedom Mobile pour pouvoir mettre la main sur son rival Shaw Communications) pour obtenir de nouvelles concessions à son tour.

«Nous ne changeons pas notre cours cible (36$) pour l’instant, mais nous estimons que Freedom Mobile devrait valoir au moins 5$ par action de Québecor en fonctions d’hypothèses prudentes», précise même Jérome Dubreuil.

Bien que les fournisseurs de télécommunications sont un peu à l’abri des aléas économiques, les aspects fondamentaux du secteur ne sont pas «fameux» en raison de la concurrence plus intense qui prévaudra à la suite des transactions entre Rogers, Shaw et Québecor.

L’expansion hors du Québec ne sera pas facile pour Québecor, reconnait-il. Après tout, les trois gros fournisseurs s’y préparent depuis presque deux ans. Malgré tout, Jérome Dubreuil se dit assez confiant que Québecor saura tirer son épingle du jeu puisqu’elle a réussi à améliorer les marges de Vidéotron malgré l’intense concurrence filaire et sans-fil, au quatrième trimestre. «Cela est de bon augure pour le contrôle des coûts dont elle aura besoin pendant l’intégration de Freedom Mobile», fait-il valoir.

Pour établir son cours cible, l’analyste accorde un multiple de 6,75 fois le bénéfice d’exploitation prévu en 2024 pour les activités de câble, de 7 fois pour les services sans-fil et de 5 fois pour les activités médias et de sport.

Jérome Dubreuil estime que le risque de l’expansion dans le marché sans-fil hors du Québec est déjà en bonne partie intégrée au titre, maintenant qu’il a acquis «une meilleure compréhension des conditions de cette expansion» pour une période de dix ans.

Son modèle prévoit que le bénéfice d’exploitation de Freedom Mobile grimpera de 379 millions de dollars la première année à 1,3 milliard de dollars, la dixième année. Bien que les dépenses en capital et que l’achat de fréquences seront très élevés les trois premières années, lorsque ces déboursés sont étalés sur dix ans leur poids financier devient moins lourd.

«Québecor devrait avoir le luxe de déployer son réseau sans fil à un rythme raisonnable puisque ses clients sans-fil auront la possibilité d’utiliser le réseau de Rogers», donne-t-il en exemple.

L’action de Québecor est la moins chèrement évaluée de son industrie en fonction des flux de trésorerie disponibles et du bénéfice d’exploitation ce qui procure «l’occasion de se joindre à une solide équipe d’exploitants», conclut l’analyste.

Le titre pourrait même mieux performer que ses semblables en Bourse à mesure que les investisseurs se familiarisent avec le potentiel de ce projet. Il réitère donc sa recommandation d’achat.

Le titre de Québecor a rebondi de 36% depuis le creux atteint en octobre, mais il se négocie dans la même zone qu’au début de 2019

 

Stantec (STN, 77,61$): l’ingénieur-conseil est incontournable même si le titre grimpe un peu trop vite

Stantec (STN, 77,61$): l’ingénieur-conseil est incontournable même si le titre grimpe un peu trop vite

Dans un contexte économique et boursier incertain, les résultats record et les perspectives supérieures aux attentes ont eu un effet bœuf sur le titre de l’ingénieur-conseil qui a bondi de plus de 12% en cours de séance le 23 février.

Les revenus ont crû de 23,4% à 1,130 milliard de dollars, et de 10,6% sans l’effet des acquisitions, un total qui correspond aux attentes.

Le contrôle de divers coûts a propulsé la marge d’exploitation à 17%, nettement mieux que la marge prévue de 15,7%. Le bénéfice net de 0,82$ par action a aussi surpassé le consensus de 0,71$.

Même si les marges ont bénéficié de plusieurs facteurs, dont la météo clémente, l’avancement de gros projets, le fort taux d’utilisation des effectifs américains et le déclin de la rémunération en actions, Maxim Sytchev de la Financière Banque Nationale assure que le trimestre n’est pas une «aberration» et rappelle que les perspectives pour 2023 dépassent aussi le consensus.

La société a aussi surpassé ses propres objectifs grâce à la croissance des revenus plus forte que prévu aux États-Unis (de 31,3 % ou de 13,5% sans les acquisitions) et à la météo plus clémente au Canada qui a prolongé certains travaux extérieurs.

En réaction au bond de l’action, Maxim Sytchev juge que le sursaut en Bourse est «trop exubérant». Il l’attribue au fait que Stantec n’a pas bénéficié de l’effet de résultats affaiblis un an plus tôt contrairement à certains de ses semblables ce qui indique une croissance de qualité.

La croissance interne des revenus de Stantec a aussi dépassé celle de son groupe-repère nord-américain depuis le premier trimestre de 2022, ajoute-t-il.

Malgré cette appréciation, l’analyste continue de croire que le titre est incontournable dans le secteur industriel en raison de son positionnement avantageux aux États-Unis (51 % des revenus) et dans les secteurs clés de l’environnement et l’eau.

À ses yeux, les investisseurs doivent participer au secteur américain de l’infrastructure au moment où les autres segments industriels offrent des perspectives peu visibles, fait-il valoir en utilisant même des majuscules pour le verbe «doivent», dans son rapport.

Le carnet de commandes a légèrement baissé par rapport au troisième trimestre, mais de nouveaux contrats d’envergure le regarniront dès le premier trimestre, avant même les projets de la loi américaine sur la réduction de l’inflation, prévoit l’analyste.

En plus, un bilan sain, soit une dette 1,6 fois supérieure au bénéfice d’exploitation ajusté, procure aussi à la société les moyens de considérer d’autres acquisitions.

Maxim Sytchev augmente le cours-cible de son titre favori de 78 à 89$, soit un multiple inchangé de 14,5 fois le bénéfice d’exploitation qu’il prévoit en 2024.