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À surveiller: Boralex, Innergex, et Bombardier

Dominique Beauchamp|Mis à jour le 16 avril 2024

À surveiller: Boralex, Innergex, et Bombardier

Malgré les ratés d’Innergex au Chili dans le passé, Mark Jarvi, de CIBC Marchés mondiaux, estime que le marché devrait accorder le bénéfice du doute à la société de Longueuil pour l’achat de trois parcs éoliens récemment construits au prix de 861,2 millions de dollars. (Photo: Getty Images)

Que faire avec les titres de Boralex, Innergex et Bombardier? Voici quelques recommandations d’analystes susceptibles de faire bouger les cours prochainement. Note: l’auteur peut avoir une opinion totalement différente de celle exprimée.

 

Boralex (BLX, 42,69 $): le producteur d’énergie verte s’est apprécié un peu trop vite

Avant même que la chute boursière du 13 juin ne tire Boralex vers le bas, Naji Baydoun, de IA Marchés des capitaux, jugeait que le producteur d’énergie verte avait déjà beaucoup donné en Bourse tant en termes d’appréciation que d’évaluation.

Après tout, son gain de 28% se comparait alors à l’avancée de seulement 5% de ses semblables en Bourse et au recul de 5% de l’indice S&P/TSX, depuis le début de 2022.

En matinée le 13 juin, l’analyste avait donc retiré sa recommandation d’achat parce que l’appréciation du titre — qui provient surtout de «l’expansion de 20% du multiple d’évaluation» — diminuait le potentiel de rendement total à seulement 2,8% incluant le dividende, en fonction d’un cours cible de 45 $.

La croissance de la société en 2022 a contribué à l’appréciation du titre, mais les prévisions consensuelles pour le bénéfice d’exploitation ont augmenté d’à peine 4% depuis le début de l’année, précise-t-il.

En conséquence, l’évaluation du titre de Boralex, soit de 13,1 fois le bénéfice d’exploitation prévu et de 26 fois les flux de trésorerie disponibles prévus, lui semble «surélevée». C’est 20% de plus que son groupe repère et près d’un record historique pour la société.

«Jusqu’à maintenant, Boralex a bien exécuté plusieurs initiatives qui ont créé de la valeur et qui ont dépassé nos attentes et celles des investisseurs», nuance-t-il. Il cite le bon prix obtenu lors de la vente d’un intérêt minoritaire d’un parc éolien en France, le partenariat québécois en vue de développer des projets éoliens totalisant une capacité potentielle de 1,2 GW et enfin l’obtention de contrats solaires convoités dans l’état de New York qui appuie sa stratégie de croissance aux États-Unis.

L’analyste d’IA apprécie encore le profil de croissance de la société, mais son action reflète en bonne partie ses réalisations récentes et ses perspectives. «Le titre mérite de s’échanger plus chèrement que ceux de ses semblables, mais son évaluation comparative ne devrait plus creuser son avance de façon aussi marquée dans l’avenir», juge-t-il.

Au final, le rapport risque-rendement est moins attrayant qu’avant. «Les liquidités lui procurent les moyens de réaliser d’autres acquisitions stratégiques qui pourraient être un catalyseur à court terme, mais nous ne tenons pas compte de ces possibilités dans nos estimations».

Il recommande désormais de conserver le titre.

 

Innergex (INE, 17,89 $): l’ajout de trois parcs éoliens chiliens apporte une masse critique souhaitable

Innergex (INE, 17,89 $): l’ajout de trois parcs éoliens chiliens apporte une masse critique souhaitable

Malgré les ratés d’Innergex au Chili dans le passé, Mark Jarvi, de CIBC Marchés mondiaux, estime que le marché devrait accorder le bénéfice du doute à la société de Longueuil pour l’achat de trois parcs éoliens récemment construits au prix de 861,2 millions de dollars.

«Aela Energia élève Innergex à une taille critique au moment où la hausse du cours (chilien) de l’électricité devrait lui être bénéfique», fait valoir l’analyste qui reconnaît que la stratégie de la société «comporte plus de risque que la plupart de ses semblables, mais offre aussi un plus fort potentiel de rendement».

À ses yeux, la possibilité qu’Innergex redonne confiance aux investisseurs confère au titre un bon potentiel d’appréciation.

L’achat des trois parcs récemment construits d’une puissance de 332 MW double la capacité installée de l’entreprise au Chili, établit les fondations pour la croissance future et procure certains avantages en ce qui a trait au financement, selon l’analyste. Il s’agit du sixième investissement chilien depuis 2018.

La contribution prévue des trois parcs éoliens s’est aussi accrue depuis l’annonce initiale de leur achat. L’effet de l’inflation sur les cours de l’électricité au Chili l’incite à accroître ses prévisions pour le bénéfice d’exploitation proportionnel de 2023, par 8%.

«Le prix payé (pour les trois parcs éoliens), soit un multiple de 14,3 fois le bénéfice d’exploitation prévu semble cher, mais nous prévoyons une croissance de 25% de ce bénéfice sur cinq ans», note-t-il.

L’analyste s’attend à ce qu’Innergex refinance une partie de la dette sans recours des installations et des projets existants au Chili, au cours des prochaines semaines, ce qui devrait améliorer leur contribution au bénéfice. Le refinancement devrait diminuer aussi la proportion des bénéfices qu’Innergex verse en dividendes de 125% en 2021 à 95% d’ici 2023, un élément qui n’est pas bien compris ni pleinement apprécié par les investisseurs, dit-il.

Innergex a plusieurs autres défis à relever pour rassurer les investisseurs, notamment au sujet des coûts plus élevés que prévu de projets en développement, admet Mark Jarvi qui s’attend à ce que la société puisse renégocier ou reporter certains d’entre eux.

Les investisseurs accordent peu de valeur à la possibilité d’une hausse des cours de l’électricité en France et à l’augmentation potentielle de la capacité installée au Québec, au cours des prochaines années, ajoute-t-il.

Malgré ces perspectives encourageantes, Mark Jarvi n’augmente pas son cours cible de 21 $ parce que le fort bond des taux d’intérêt dévalue les profits des sociétés en Bourse. Il réitère sa recommandation d’achat.

 

Bombardier (BBD.B, 26,86 $): le fabricant de jets d’affaires est toute une aubaine dans son industrie

Bombardier (BBD.B, 26,86 $): le fabricant de jets d’affaires est toute une aubaine dans son industrie

Konark Gupta de Banque Scotia profite du regroupement des actions du fabricant de jets d’affaires, à raison de 25 pour une le 13 juin, pour marteler que son titre est «toute une aubaine» dans son industrie.

«Bien que l’aversion au risque des marchés supporte les pessimistes (l’action a chuté de moitié depuis septembre 2021), Bombardier est une sérieuse aubaine en tant que fabricant de jets d’affaires», écrit-il.

Son titre s’échange à un multiple de 6,5 fois le bénéfice d’exploitation prévu en 2023 par rapport aux ratios de 8 à 12 fois pour General Dynamics (GD, 217,53 $ US) et Textron (TXT, 60,01 $ US).

Ces deux sociétés américaines ne sont pas parfaitement comparables, mais l’analyste juge bon de noter que l’évaluation actuelle de Bombardier est inférieure à celle de 7 à 8 fois de ces deux sociétés lors des creux du cycle aérospatial (exception faite des crises financière et pandémique).

L’analyste de Scotia rappelle que la demande reste solide pour les jets d’affaires tandis que le carnet de commandes de 13,5 milliards de dollars américains de Bombardier n’est pas loin du pic de 14,5 G$ US atteint avant la pandémie.

«La cadence de production est encore de 15% inférieure au rythme qu’elle avait en 2019, ce qui laisse une marge de manœuvre au fabricant (pour atteindre ses objectifs) si les commandes devaient faiblir dans l’avenir», entrevoit-il.

De plus, les appareils Challenger et Global que Bombardier fabrique ont été plus résilients dans le passé que les avions LearJet qu’elle ne produit plus. Le segment des services, qui représentera 25% des revenus en 2025, croît plus vite et est aussi plus rentable pour Bombardier.

Après avoir réduit sa dette et redressé ses flux disponibles, l’entreprise est en meilleure posture qu’avant pour racheter ou refinancer les dettes qui échoient en 2024 (800 M$ US) et en 2025 (1,3 G$ US).

Konark Gupta renouvelle donc sa chaude recommandation d’achat puisqu’à ses yeux Bombardier offre le meilleur potentiel de rendement du secteur du transporteur et de l’aérospatiale.

Pour s’ajuster au regroupement, son cours cible passe de 2,35 à 55 $, soit un potentiel de regain de 104%.

L’analyste diminue toutefois le multiple qu’il utilise de 8 à 7,5 fois le bénéfice d’exploitation prévu en 2025 pour tenir compte du pessimisme ambiant des marchés boursiers.

Nombre d’investisseurs croient que Bombardier a regroupé ses actions pour éviter que leur cours tombe sous la barre de 1 $, mais l’analyste avance que la société visait à «réduire la volatilité du titre», et pourrait ainsi «attirer des investisseurs ayant une vision à plus long terme».

Après le regroupement, la famille Bombardier détient encore 12% des actions et contrôle toujours 51% des droits de vote.