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À surveiller: BRP, Aritzia et Banque TD

Dominique Beauchamp|Publié le 29 mai 2020

Que faire avec les titres de BRP, Aritzia et Banque TD? Voici quelques recommandations d'analystes.

Que faire avec les titres de BRP, Aritzia et Banque TD? Voici quelques recommandations d’analystes susceptibles de faire bouger les cours prochainement. Note: l’auteur peut avoir une opinion totalement différente de celle exprimée.

BRP (DOO, 49,90$): bon premier trimestre pour le fabricant, mais la récession rode encore

Les cinq usines du fabricant de véhicules récréatifs dans le monde seront toutes opérationnelles au début de juin après presque deux mois d’arrêt imposé par la pandémie.

Le redémarrage permettra à l’entreprise de Valcourt de répondre à la demande qui s’annonce forte ce printemps parce que les consommateurs qui en ont les moyens cherchent des activités extérieures à pratiquer, pendant la pandémie. Depuis le début de mai, les ventes aux concessionnaires ont rebondi de plus de 35%.

Relisez «30% de nos clients sont de nouveaux acheteurs», José Boisjoli, PDG de BRP 

Cameron Doersken, de la Financière Banque Nationale, doute que cette performance dure puisque le chômage élevé affaiblira la capacité dépensière des consommateurs à mesure que la réalité économique s’imposera. La récession vient de commencer, dit-il.

D’ailleurs, le fabricant prévoit une chute des revenus de 40% au deuxième trimestre, suivi de déclins de 10 à 20% pour chacun des deux trimestres suivants.

L’action a rebondi de 170% depuis le creux d’avril et pourrait avoir atteint le fonds du baril dans ce ralentissement, mais il faudra des indices de reprise plus convaincants pour que le titre s’apprécie davantage, explique l’analyste.

Cameron Doersken relève ses prévisions de bénéfices et son cours cible de 40 à 55$ essentiellement parce que BRP cesse la fabrication déficitaire des moteurs hors-bord Evinrude (revenus de 250 M$) qui n’ont jamais connu le succès escompté auprès des plaisanciers.

Le déficit de cette filiale avait soustrait 0,60 à 0,70$ par action au bénéfice annuel de 3,83$ réalisé l’an dernier. La marge d’exploitation aurait été de 14,3% au lieu de 13,3% sans le déficit d’Evinrude, précise-t-il.

BRP profite de cette décision stratégique pour dévaluer le Groupe marin de 171 millions de dollars, incluantla plus-value payée pour des fabricants d’embarcations acquis.

Les économies de 80 M$ que dégagera la fermeture d’Evinrude font partie des suppressions totales de coûts annuels de 450 M$ déjà annoncés. Une marge d’exploitation d’au moins 12% en 2021 semble donc atteignable, estime l’analyste.

BRP obtient la recommandation «performance égale au secteur» parce que le cours-cible de 55$ offre un gain potentiel modeste de 12%.

 

Aritzia (ATZ, 17,99$): le bond de 150% des ventes en ligne témoigne de clientes loyales

Aritzia (ATZ, 17,99$): le bond de 150% des ventes en ligne témoigne de clientes loyales

Les résultats et l’aperçu du détaillant de collections exclusives de vêtements à la mode révèlent un modèle d’affaires unique et la «loyauté exceptionnelle» de ses clientes», en pleine pandémie, note Irene Nattel de RBC Marchés des capitaux.

À la fin de 2020, Aritzia réalisait déjà 23% de ses ventes en ligne, mais la fermeture des boutiques le 16 mars a propulsé ces ventes de 150% à environ 782 millions de dollars, soit les trois-quarts des revenus de 105 à 110 millions de dollars, a indiqué le détaillant dans un aperçu pour son premier trimestre.

Ces ventes sont à la baisse de 45%, mais dépassent les estimations de 74 M$ de l’analyste.

Le premier trimestre se soldera aussi par une perte d’exploitation de 24 à 28 M$ à cause des soldes et d’une hausse des coûts, prévient l’analyste.

Le marchand prend des mesures pour réduire certaines dépenses, mais compte toujours ouvrir de 6 à 7 boutiques et repositionner 3 ou 4 autres commerces, en 2021.

Le détaillant a diminué ses stocks de 16% et a commandé moins d’articles pour ses collections d’automne/hiver, mais il a gardé la flexibilité d’augmenter ces commandes si la demande le justifiait.

Irene Nattel entrevoit 2021 comme une pause dans la trajectoire de croissance du détaillant qui retrouvera son erre d’aller en 2022.

Pour l’instant, l’analyste prévoit une perte de 0,25$ en 2021, suivie d’un bénéfice de 1,09$ en 2022, soit une croissance annuelle composée de 13% sur trois ans.

Ce bénéfice de 1,09$ par action correspond à celui de 1,07$ qu’Irene Nattel avait originalement prévu pour 2021.

La position financière d’Aritzia est solide, avec des liquidités de 102 millions de dollars. La société a aussi puisé 100 M$ dans sa marge de crédit.

L’analyste maintient son cours-cible de 23$, soit 20 fois le bénéfice annualisé prévu à la fin du premier trimestre de 2023. Cette évaluation est dans la moyenne observée depuis son entrée en Bourse en 2016.

Aritzia fait partie des recommandations d’achat «à conviction élevée», de RBC, dans la catégorie des titres à faible capitalisation.

 

Banque TD (TD, 60,29$): la banque obtient le bénéfice du doute malgré les ratés

Banque TD (TD, 60,29$): la banque obtient le bénéfice du doute malgré les ratés

L’aura de la Banque TD s’est ternie à la suite d’une succession de mauvaises surprises, mais Summit Malhotra, de Banque Scotia, lui donne encore le bénéfice du doute.

Après avoir prévenu ses actionnaires d’un bond inattendu des provisions pour pertes aux États-Unis le 15 mai, voilà que le ratio des capitaux propres de la Banque TD chute de 69 points de pourcentage à 11,0%, au deuxième trimestre.

La hausse d’à peine un pourcent du bénéfice avant impôts et provisions, ainsi que l’augmentation plus rapide des dépenses que celle des revenus au deuxième trimestre, ont aussi déçu.

Dans ces circonstances, l’analyste n’est pas surpris par le déclin de 3,8% du titre de la banque, le 28 mai.

Pour ajouter à ses capitaux, la Banque TD offre à ses actionnaires de réinvestir les dividendes reçus dans l’achat de nouvelles actions à un cours de 2% inférieur au cours du titre sur le marché.

Cet effort devrait ajouter 25 millions d’actions et récolter un avoir de 1,6 milliard de dollars au cours de la prochaine année tout en améliorant le ratio des capitaux propres de 30 points de pourcentage à 11,4%, estime l’analyste.

Ce compromis pourrait être mal reçu parce que la banque avait jusqu’ici été l’une des plus actives à racheter ses actions en Bourse, soit quelque 85 millions depuis 2017.

Malgré toutes ces ratés, Sumit Malhotra revient à l’essentiel et garde confiance. À son avis, la banque présente toujours l’un des meilleurs profils de gestion du risque de son industrie.

Même si la banque a servi une série de déceptions depuis le début de 2019, il reste que son portefeuille de prêts est en meilleure posture que d’autres. La dotation élevée aux provisions pour pertes élevées lui procure un bon coussin financier tandis que le ratio des mauvaises créances est moins élevée que celui d’autres institutions.

En bout de ligne, l’analyste maintient ses prévisions de bénéfice de 6$ en 2021 et sa recommandation d’achat.

Habituellement plus chèrement évaluée que son industrie, TD «mérite» de s’échanger à un multiple inférieur à ceux de la Banque Royale (10,5 fois) et de la Banque Nationale (10 fois), en tenant compte des ratios comparatifs de capital.

Sumit Malhotra augmente son cours cible de 65 à 66$, soit un multiple de 10,2 fois le bénéfice prévu en 2021, une faible plus-value de 2% par rapport à la moyenne (10 fois) des grandes banques.

Ce cours-cible attribue une valeur de 4,68$ par action au ratio de capital de 11,4% prévu en 2021.