BRP a tout de même surpassé ses attentes au deuxième trimestre. (Photo: 123RF)
Que faire avec les titres de BRP, Brookfield Management et Shawcor? Voici quelques recommandations d’analystes susceptibles de faire bouger les cours prochainement. Note: l’auteur peut avoir une opinion totalement différente de celle exprimée.
BRP (DOO, 89,49$): solide deuxième trimestre et rattrapage en vue par la suite
Comme l’avait espéré Derek Dley de Canaccord Genuity, la forte demande pour les véhicules côte à côte et la hausse des prix de vente de l’ensemble des produits ont compensé en partie les problèmes d’approvisionnement et la disponibilité limitée des motomarines si bien que BRP a dévoilé des revenus et un bénéfice d’exploitation record et supérieurs aux consensus.
BRP a surpassé ses attentes au deuxième trimestre. Les revenus ont bondi de 28% à 2,4 milliards de dollars, soit 6% de plus que la moyenne des prévisions des analystes tandis que le bénéfice d’exploitation de 418 millions de dollars a surpassé les estimations par 4,7%.
La marge brute a néanmoins reculé de 520 points de pourcentage à 24,7% en raison des coûts additionnels qu’ont entraînés les perturbations dans la chaîne d’approvisionnement et l’inflation (logistique, matières premières et salaires), précise l’analyste.
Le bénéfice dilué normalisé de 2,94 $ par action est 20% plus élevé qu’un an plus tôt et 11% supérieur au consensus de 2,65 $.
Le fabricant de Valcourt a pu relever ses perspectives annuelles, car la chaîne d’approvisionnement s’améliore tandis que sa capacité de production et la cadence de livraisons augmenteront à partir de la seconde moitié du prochain trimestre.
Pour 2023, la hausse prévue des revenus de produits toutes saisons passe ainsi de 30-35% à 33-38% tandis que celle des produits saisonniers de 22-27% à 24-29%.
Le bénéfice d’exploitation normalisé devrait progresser de 14 à 17% au lieu de la prévision antérieure de 12 à 15%.
Enfin, le bénéfice normalisé prévu passe d’une fourchette de 11 à 11,35 $ par action à une autre de 11,30 à 11,65 $ par action, soit une croissance de 14 à 17%. Le consensus s’établit à 11,27 $.
BRP s’attend donc à finir l’année en force et prévoit un fort bond de plus de 50% du bénéfice ajusté au troisième trimestre, suivi d’une hausse encore forte de plus de 55% de ce bénéfice, au dernier trimestre de l’année.
Avant la téléconférence trimestrielle, l’analyste maintient sa recommandation d’achat et son cours cible de 136 $.
L’action se rétablit après avoir touché un plancher annuel de 75,97$ en mars. Malgré ce regain de 18%, le titre reste 28% sous le record de 125 $ atteint en septembre 2021.
Brookfield Management (BAM, 49,39 $ US): le gestionnaire d’actifs veut doubler sa valeur intrinsèque d’ici cinq ans
Brookfield Management (BAM, 49,39 $ US): le gestionnaire d’actifs veut doubler sa valeur intrinsèque d’ici cinq ans
Le mastodonte de la gestion d’actifs a présenté ses orientations financières pour les cinq prochaines années lors de la rencontre annuelle des analystes qui a été entièrement consacrée à la société mère du groupe, pour la première fois. Neuf hauts dirigeants ont prononcé des allocutions.
La société, qui investit dans l’immobilier et les infrastructures entre autres, prévoit faire croître sa valeur d’actif nette à un rythme annuel composé de 17% d’ici 2027, qui passerait ainsi d’une fourchette de 82-94 $ US à une autre de 175-198 $ US, rapporte Mark Rothschild de Canaccord Genuity. Il s’agit de l’étalon de mesure pour ce groupe qui possède à la fois des actifs et gère aussi des fonds qui investissent dans d’autres actifs, incluant le capital que lui confient des investisseurs externes.
La croissance prévue proviendra principalement de la gestion d’actifs, des activités croissantes de solutions d’assurances et des fonds perpétuels. Justement, Brookfield s’apprête à envoyer en Bourse sa filiale de gestion d’actifs d’ici la fin de l’année en distribuant à ses actionnaires 25% de cette filiale afin de mieux mettre en valeur son envergure croissante et les importants honoraires qu’elle génère.
Chaque actionnaire recevra une action de la nouvelle entité pour chaque tranche de quatre actions de la société mère, sans impôts. La recrue en Bourse prendra le nom Brookfield Asset Management tandis que la société mère s’appellera Brookfield Corporation et portera le symbole BN en Bourse, après l’essaimage. La nouvelle Brookfield versera 90% de ses bénéfices distribuables en dividendes.
La société prévoit en effet que le capital en gestion grimpera de 392 à 973 milliards de dollars américains d’ici 2027, soit une progression annuelle composée de 20%. Les placements alternatifs, autres que les actions et les obligations, gagnent de plus d’adeptes parmi les grands investisseurs. Son fonds de titres de dette semble particulièrement populaire, note-t-il.
Les perspectives dévoilées par la société indiquent que dans l’ensemble le groupe performe bien et qu’il continue à récolter d’importants capitaux, dont un record de 110 milliards de dollars américains serait prêt à être déployé, note Mark Rothschild.
L’analyste espère que l’entrée prochaine en Bourse de la filiale de gestion d’actifs ravivera l’intérêt pour le titre de Brookfield qui se remet lentement de la déconfiture historique des marchés financiers au premier semestre.
Si l’inflation rehausse en théorie la valeur d’actifs réels, telles que l’immobilier, les infrastructures et les entreprises privées, Brookfield n’est pas à l’abri de la hausse des taux qui augmente les intérêts sur sa dette, un levier utilisé pour financer et rentabiliser ses acquisitions. Son action a perdu 8% depuis un an, une performance égale à celle du S&P 500.
«Si Brookfield réussissait à atteindre ses objectifs d’ici cinq ans, notre cours cible inchangé de 62,50 $ US s’avérerait trop prudent», évoque l’analyste qui réitère sa recommandation d’achat.
Shawcor (SCL, 8,25 $): un moment idéal pour mettre en vente sa filiale de revêtement des pipelines
Shawcor (SCL, 8,25 $): un moment idéal pour mettre en vente sa filiale de revêtement des pipelines
Dans un nouvel effort pour se revaloriser en Bourse, le prestataire de services au secteur pétrolier se recentre sur matériaux composites destinés à diverses industries afin de produire des revenus moins tributaires des aléas de l’industrie pétrolière.
La société de Toronto compte d’ailleurs adopter la raison sociale Mattr l’an prochain afin de marquer ce virage stratégique.
Après s’être diversifiée ces dernières années, dans les réservoirs en fibre de verre entre autres, Shawcor entreprend un examen stratégique qui pourrait mener à la vente de trois filiales. La principale, Pipeline Performance Group, enduit les pipelines de revêtements.
La part des revenus en provenance de l’industrie pétrolière passerait de 60% à une fourchette de 15 à 25% si les filiales ciblées étaient vendues.
Shawcor choisit le moment «idéal» pour agir, croit Matthew Weekes, de la Financière IA, bien qu’il soit trop tôt pour estimer ce que l’entreprise pourra ultimement récolter de la vente potentielle des trois filiales.
Le groupe veut vendre Pipeline Performance Group au moment où ses commandes en carnet augmentent, comme en témoigne le récent contrat mexicain d’un demi-milliard de dollars. Après deux ans de régime minceur, la reprise des projets en haute mer devrait relever ses marges davantage que dans le passé, et ainsi attirer des prétendants, dit-il.
Matthew Weekes croit aussi que la société priorisera, dans l’ordre, le remboursement de dettes, le réinvestissement dans l’expansion des divisions qu’elle conserve et le retour de capital aux actionnaires.
«L’examen stratégique reflète les efforts continus de l’entreprise pour simplifier ses activités et surtout cibler des segments plus rentables qui devraient en plus bénéficier d’une demande structurelle plus durable et ainsi produire des flux de trésorerie plus réguliers», explique l’analyste.
À l’aide de modèles financiers, Matthew Weekes estime que la nouvelle Shawcor recentrée pourrait valoir de 9,50 $ à 17 $ par action, dépendant de la plus-value obtenue à la vente des filiales.
Son cours cible de 13 $ se situe entre ces deux bornes et représente un gain potentiel de 57%, d’où sa recommandation d’achat.